Actrices: à travers les portraits de 25 comédiennes françaises et étrangères, à la «beauté sans artifice» et «au mystère silencieux», une exposition rend hommage à Rome à la photographe Kate Barry, disparue l'année dernière.

Fille de la comédienne et chanteuse Jane Birkin et du compositeur de musiques de films John Barry, Kate Barry a mis fin à ses jours à 46 ans, le 11 décembre 2013, en se jetant du 4e étage de son immeuble parisien.

C'est pour «qu'elle continue à vivre», comme l'a souhaité son fils Roman de Kermadec, qu'a été montée cette exposition, la première depuis sa disparition.

«Le projet date de l'an dernier, je l'avais contactée en octobre, nous avions déjeuné ensemble à Paris et elle avait donné son accord en cinq minutes», raconte à l'AFP la commissaire de l'exposition, Aline Arlettaz.

Jusqu'à la veille du décès de la photographe, connue également pour ses clichés de paysages et ses natures mortes, les deux femmes échangent des SMS sur le choix des photos.

Après la mort de l'artiste, Mme Arlettaz hésite mais Roman de Kermadec et Jane Birkin lui disent de continuer.

Le résultat? Vingt-cinq portraits grand format de comédiennes, françaises ou ayant un lien avec la France, en noir et blanc pour la plupart.

Catherine Deneuve, Sophie Marceau, Isabelle Adjani, Mélanie Laurent, Hafsia Herzi, Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain, Audrey Tautou, Elsa Zylberstein, Sabine Azéma, Béatrice Dalle... mais aussi Chiara Mastroianni, Monica Bellucci, Sofia Coppola et Valeria Bruni-Tedeschi.

Sans oublier bien sûr les demi-soeurs de la photographe, Charlotte Gainsbourg - «ma photo préférée», a confié à l'AFP Jane Birkin lors de l'inauguration jeudi soir - et Lou Doillon.

Toutes se sont «abandonnées» devant l'objectif de la photographe, styliste de formation, qui réussissait à mettre ces actrices «en confiance, en sécurité» alors qu'elles sont plutôt «habituées à contrôler sans cesse leur image».

Même si elle reconnaît avoir peu connu Kate Barry, Mme Arlettaz, elle-même photographe, se souvient d'une personne «d'une gentillesse rare, à la fois très douce et déterminée, qui s'intéressait beaucoup à l'autre».

Actrices, accueillie par le festival international du film de Rome jusqu'au 25 octobre, «tournera ensuite pendant trois ans dans des musées et des festivals du monde entier», précise à l'AFP Agnès Nordmann, responsable diffusion du cinéma à l'Institut Français, producteur et promoteur de l'exposition.

Il s'agit d'«un moment d'émotion particulière pour les proches, les amis et la famille de Kate Barry» car c'est la première exposition de ses oeuvres depuis sa disparition, ajoute Mme Nordmann.

Pour Mme Nordmann, ce qui caractérise le style de cette «grande artiste», c'est qu'elle parvenait très bien à saisir ce que «chaque actrice a de plus personnel en elle, au-delà de son image médiatique».

Avec pour conséquence des portraits «à la fois mystérieux et empreints de fragilité», qui mettent en valeur «la beauté sans artifice» de chacune de ces comédiennes, au «corps abandonné des odalisques».

Chez Kate Barry, ajoute Mme Nordmann, «tout est vivant, les personnes comme les décors»: le style est «très dépouillé et elle réalise un gros travail sur la mise en scène et le cadrage, nourris à l'histoire de l'art».

Dans ses portraits, «il y a toujours quelque chose de décalé et ses décors, très structurés, sont très sobres», précise-t-elle, avec un «travail très important sur le fond, sombre, sur le noir en tant que matière».

Comme si cette couleur avait, pour elle, incarné la lumière, et donc la vie.