L'actrice française Fanny Ardant a provoqué un tollé en Italie en qualifiant le fondateur du groupe terroriste des Brigades Rouges de «héros», à tel point que les responsables locaux s'interrogeaient vendredi sur le maintien de sa participation au prochain Festival du Film de Venise.

Les propos incriminés ont été publiés cette semaine par le magazine A. L'actrice y exprimait son admiration pour Renato Curcio, fondateur et chef du groupe terroriste d'extrême-gauche dont les attentats ont troublé l'Italie dans les années 1970 et 1980.

«J'ai toujours considéré le phénomène des Brigades Rouges comme très émouvant et passionnant», aurait déclaré Fanny Ardant, citée par le magazine. «Pour moi, c'est un héros. Il n'est pas devenu un homme d'affaires», a-t-elle dit, par comparaison avec les dirigeants de gauche en France qu'elle accuse d'avoir abandonné leurs idéaux.

Curcio a passé 24 ans en prison pour assassinats et attentats terroristes dans les années 1970. Il a été libéré en 1998.

Ses propos ayant fait les gros titres de la presse italienne, Fanny Ardant s'est exprimée sur la chaîne de télévision publique RAI vendredi pour s'excuser auprès des victimes des Brigades Rouges.

«Mes mots ont apporté encore plus de souffrance à ceux qui ont déjà souffert», a regretté l'actrice. «Et je m'en excuse.»

Mais elle n'a pas pour autant renié tous ses propos et a expliqué que des personnes telles que Curcio méritait le «respect» pour ne pas avoir trahi leurs idéaux.

L'attaque la plus célèbre des Brigades Rouges reste l'enlèvement et l'assassinat en 1978 de l'ancien président du conseil italien Aldo Moro. Après environ une décennie de silence, une ramification du groupe est réapparue, tuant deux conseillers du gouvernement en 1999 et 2002.

Les commentaires de Fanny Ardant ont choqué le monde politique transalpin.

«Nous lui serions reconnaissants de bien vouloir nous faire une faveur en ne venant pas à Venise», a même déclaré Giancarlo Galan, président de droite de la Vénétie dont dépend la cité lacustre qui accueille un festival de cinéma la semaine prochaine.

Le maire de Venise, Massimo Cacciari a également critiqué Fanny Ardent, mais il a assuré qu'elle serait malgré tout la bienvenue au festival, où son film L'Ora di punta est en compétition pour le Lion d'Or.

«J'aurais tendance à pardonner, parce qu'il faut pardonner à ceux qui ne savent pas ce qu'ils font ou ce qu'ils disent», a-t-il déclaré dans une interview au quotidien Corriere della Sera. «Curcio savait parfaitement ce qu'il disait et faisait, et je ne lui pardonnerai pas. Fanny Ardant, elle, ne sait pas.»

Pendant les années 1970 et 1980, de nombreux militants italiens de gauche ont fui leur pays pour s'installer en France, bénéficiant d'une politique initiée en 1985 sous l'ancien président socialiste François Miterrand qui les autorisait à rester à condition qu'ils renoncent à leur passé extrémiste.

Mais ces dernières années, des responsables politiques conservateurs sont revenus sur la politique miterrandienne. Dernier exemple en date, une ancienne membre des Brigades Rouges, Marina Petrella, a été arrêtée en France au début de la semaine. L'Italie réclame son extradition.