«La fille de Monaco», Aide-toi, le ciel t'aidera, Séraphine: plusieurs films français se sont illustrés cette année au Festival de Toronto, mais le succès critique n'est plus un gage de distribution internationale dans un marché en plein bouleversement.
   
Plus d'une trentaine de productions ou coproductions françaises étaient présentées cette année au Festival international des films de Toronto, grand-messe du 7e art en Amérique du Nord qui fait toujours les yeux doux au cinéma de l'Hexagone.
   
Dans ce lot, une poignée de réalisations - dont certaines avaient déjà été présentées dans des festivals européens - ont capté l'attention de la critique à Toronto, festival doublé du plus important marché du film avec Cannes.
   
La comédie satirique La fille de Monaco d'Anne Fontaine (qui a réalisé entre autres Les histoires d'amour finissent mal en général, ou Entre ses mains) a été l'une des révélations, de l'avis général de la critique.
   
Les droits de distribution ont été vendus en Allemagne, en Russie et en Pologne, alors que des négociations «très serrées» sont en cours pour les États-Unis, a indiqué à l'AFP Eric Lagesse, président du distributeur Pyramide.
   
Un barrage contre le Pacifique, portrait d'une famille française en Indochine luttant contre l'arrogance de l'administration coloniale, le comportement des riches propriétaires terriens et côtoyant la misère des paysans riziculteurs a reçu un accueil tiède du public lors de la première.
   
Le film de Rithy Panh, adaptation d'un roman de Marguerite Duras mettant en vedette Isabelle Huppert, a tout de même trouvé un distributeur en Grande-Bretagne.
   
Le portrait en deux volets du gangster français Jacques Mesrine incarné avec brio par Vincent Cassel et mettant en vedette Cécile de France, Gérard Depardieu, Mathieu Amalric, le Belge Olivier Gourmet et le Québécois Roy Dupuis avait déjà été vendu dans une quarantaine de pays avant sa première au Festival de Toronto en raison du fort intérêt pour cette production.
   
Aide-toi, le ciel t'aidera de François Dupeyron (Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran), film sincère, sensible et juste avec Claude Rich et Félicité Wouassi sur la vie d'une famille déchirée dans la banlieue parisienne, a aussi reçu les faveurs de la critique.
   
Idem pour L'heure d'été d'Olivier Assayas et Séraphine de Martin Provost, salués respectivement par le grand quotidien The Globe and Mail et la bible de la profession, le magazine américain Variety. Le dernier cru d'Agnès Varda a aussi reçu les éloges de la critique.
   
«Mais une bonne critique dans Variety n'assure plus un contrat de distribution (international). C'était vrai avant, mais ce ne l'est plus aujourd'hui», explique à l'AFP, John Kochman, directeur aux États-Unis d'Unifrance, l'association qui promeut le cinéma français à l'étranger.
   
«Il y a tellement d'autres formes de divertissement qui concurrencent (le cinéma). Vous pouvez voir un film sur internet, sur un DVD, sur un téléphone mobile, le marché est simplement plus compétitif et spécialement pour les films indépendants», souligne-t-il.


«Les films français, ce n'est pas évident à vendre en ce moment (...) Il est clair que le marché est plus conservateur», renchérit M. Lagesse, précisant que le climat pour les films d'auteur en général n'était pas favorable et que le cinéma français était souvent assimilé au cinéma d'auteur.
   
A l'étranger, les films français doivent désormais trouver leur place entre les méga-productions américaines et la cinématographie nationale, souligne-t-il.
   
De l'avis de plusieurs distributeurs, le marché des films à Toronto a été moins dynamique cette année que lors des éditions précédentes et ce, même pour les producteurs américains.