Grand coup de balai à TVA Films. Après le licenciement de son président, Yves Dion, cet hiver, TVA Films, une division du Groupe TVA (Quebecor), a fermé son bureau de Toronto et licencié neuf personnes, selon les informations recueillies par La Presse.

La directrice des communications de TVA Films, Marie-Claude Morazain, a confirmé hier qu'il y avait bien eu des licenciements, sans en préciser le nombre. L'entreprise qui distribue actuellement le populaire long métrage Le journal d'Aurélie Laflamme est, selon elle, «en restructuration».

Après une succession de mauvais résultats aux guichets, les rumeurs concernant le limogeage du président Yves Dion allaient bon train depuis un certain temps, mais n'avaient pas été confirmées jusqu'ici. Diverses sources affirmaient toutefois hier qu'Yves Dion, à qui la porte a été montrée en janvier dernier, ne sera pas remplacé comme président, l'entreprise ne conservant qu'une direction générale. Malgré un message laissé sur son téléphone portable, M. Dion ne nous a pas rappelé hier.

Selon diverses sources, l'échec de la mise en marché du long métrage Pour toujours les Canadiens aurait plongé M. Dion dans l'embarras l'automne dernier. La grande première organisée au Centre Bell, trois semaines avant la sortie en salle du film, n'a pas eu l'impact souhaité sur le public. Pour toujours les Canadiens a misé sur un budget de 6 millions pour des recettes d'environ un demi-million de dollars.

«C'est sûr que la déception entourant Pour toujours les Canadiens n'a pas dû aider, mais ce n'est pas ce qui a causé son départ», croit toutefois la productrice du film Lorraine Richard (Cité-Amérique), qui estime d'ailleurs que le distributeur «a bien fait son travail».

Lorraine Richard entamera au mois de juin la production pour Cité-Amérique du prochain film de Sylvain Archambault, French Kiss, qui sera aussi distribué par TVA Films. «C'est vrai qu'il y a eu de gros remaniements mais en ce qui concerne les films québécois, l'équipe est en place, ils se sont restructurés et il n'y a aucune crainte», soutient-elle.

Toronto

La cessation des activités du bureau de Toronto n'a pas manqué de raviver rumeurs et inquiétudes quant à un éventuel retrait de TVA du marché de la distribution de films. TVA Films a, d'après ce que nous avons appris, décidé de calmer le jeu en adressant à ses partenaires une lettre expliquant sa restructuration.

La SODEC, qui a apporté son soutien à French Kiss il y a deux semaines, n'est pas inquiète quant à l'avenir, sur le marché de la distribution québécoise, de TVA Films.

«Nous n'avons aucune information (indiquant une fermeture). On a rencontré le producteur, le distributeur et le réalisateur (de French Kiss) et nous avons conclu une entente avec eux», dit Isabelle Melançon, directrice des communications de la SODEC.

Cet été, TVA Films distribuera en salle le «biopic» de Sylvain Archambault sur le commandant Robert Piché (Piché, entre ciel et terre). Le film, doté d'un budget de 7 millions, est l'un des gros morceaux cinéma de l'année 2010 pour TVA Films.

Le producteur de Piché, André Dupuy, se dit tout à fait confiant.

«Je ne m'inquiète pas à cause du bureau de Toronto: je fais d'abord mes films pour le Québec, dit-il. En ce moment, tout suit son cours et on est très optimiste pour le film. Tout fonctionne comme à l'habitude et je n'ai aucune raison de m'inquiéter.»

Sophie Aird, directrice générale de TVA Films, n'a pas répondu à notre message hier. Marie-Claude Morazain devait nous rappeler hier afin de nous donner des précisions sur ce dossier. Au moment d'écrire l'article, nous attendions toujours son appel.

Yves Dion est devenu président de TVA Films en 2005 après un passage chez les défuntes maisons de distribution montréalaises Malofilm et Équinoxe. La division TVA Films a quant à elle été créée en 2002 avec comme mandat de distribuer, en salle ou en DVD, des films québécois (C.R.A.Z.Y., Dédé à travers les brumes, Les pieds dans le vide) et internationaux (OSS 117, Lucky Luke).