Gasland, dénonçant les pollutions créées par l’exploration des gaz de schistes aux États-Unis, et Waste Land, éclairage sur la vie des trieurs de la plus grande décharge du monde à Rio sont bien placés pour la course à l’Oscar du meilleur documentaire décerné dimanche.

Après la récompense suprême d’Hollywood en 2007 pour Une vérité qui dérange, croisade sur le réchauffement climatique de l’ex-vice-président américain Al Gore, l’édition 2011 pourrait bien à nouveau propulser l’écologie sur le devant de la scène.

Un robinet d’eau d’où jaillissent des flammes à l’approche d’une allumette : ces images chocs tournées dans la maison d’un couple d’Américains près d’un forage de gaz de schistes en Pennsylvanie ont fait sensation aux États-Unis.

Josh Fox, le réalisateur, explique qu’il a eu l’idée d’enquêter après l’offre en 2008 d’une compagnie de gaz de louer son terrain 100 000 $ pour y extraire du gaz de schistes.

Et récemment le lobby des producteurs d’énergie américain Energy in Depth (Halliburton, BP, Shell, etc.) a entamé une campagne effrénée pour que ce film soit retiré de la compétition hollywoodienne «pour cause d’imprécisions et d’erreurs».

L’exploration par fracturation hydraulique implique l’injection sous forte pression de grandes quantités d’eau et de produits chimiques dans le sol pour y fracturer les roches et libérer ainsi le gaz.

En France, le gouvernement vient de suspendre les explorations par ce procédé dans le sud du pays jusqu’à ce que les industriels «aient prouvé qu’ils peuvent faire autrement que les Américains», selon la ministre de l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet.

Les écologistes dénoncent depuis des mois les projets de gaz de schistes et sont soutenus, entre autres, par l’Association Santé Environnement France rassemblant 2500 médecins.

Le deuxième documentaire nominé pour l’Oscar, Waste Land, signé Lucy Walker, éclaire la problématique des millions de tonnes de déchets générés par la société de consommation, avec une approche artistique originale.

Le photographe brésilien Vik Muniz a installé ses appareils photos et son atelier au milieu de Jardim Gramacho dans la banlieue de Rio, la plus vaste décharge à ciel ouvert du monde.

Il y a partagé pendant deux ans la vie des «catadores», les trieurs de produits recyclables parmi les 7000 tonnes de déchets arrivant chaque jour.

??partir des photos d’une dizaine d’entre eux, Vik Muniz les a invités à transposer leurs portraits en collages réalisés en atelier avec des capsules de bouteilles, vieux plastiques, papiers et autres déchets dont la récolte leur rapporte habituellement entre 20 et 25 $ par jour.

Pour un loyer de 8 $ par semaine, ils habitent dans des baraques de fortune sur les abords de la décharge.

Leurs oeuvres ont été exposées au Musée d’Art Moderne de Rio où les «artistes de Jardim Gramacho» ont expliqué, émus, devant les caméras qu’ils étaient fiers de «leur travail honnête».

La vente des tableaux, dont les revenus ont été reversés aux acteurs, leur a permis de changer de vie et réaliser leurs rêves. La décharge, elle, devrait être fermée en 2012.

Le film a remporté une quinzaine de prix internationaux.