«Bébel, on t’aime!» : acclamé par des milliers de fans et applaudi par les photographes de presse au pied des marches, Jean-Paul Belmondo a reçu une Palme d’Or pour l’ensemble de sa carrière, mardi soir, à l’occasion d’un émouvant, mais joyeux hommage rendu par le Festival de Cannes.

Tout sourire, l’interprète du Magnifique, du Professionnel, de L’As des As ou de 100 000 dollars au soleil, était entouré de la «bande à Bébel» de toujours (Marielle, Rochefort, Vernier, les copains du Conservatoire, et aussi Charles Gérard, Guy Bedos, Claudia Cardinale, Claude Lelouch, etc.).

La jeune génération était représentée par Albert Dupontel, Samy Naceri, Richard Anconina, les cinéastes Xavier Beauvois et Michel Hazanavicius.

«Je suis très ému par cette Palme qui me va droit au coeur. Je veux remercier tous ceux qui sont ici, ceux que je connais et ceux que je ne connais pas. Un grand merci du fond du coeur !» a dit Bébel, 78 ans, visiblement très ému.

S’en est suivie une longue ovation debout dans le Palais des Festivals où a été projeté ensuite un documentaire inédit sur sa carrière signé Vincent Perrot et Jeff Domenech, diffusé simultanément sur la chaîne de télévision France 2.

Pour Gilles Jacob, le président du Festival et le délégué général Thierry Frémaux, «l’étendue du registre de Bébel, le charisme de sa personnalité, la précision de son jeu, la gouaille de ses propos, l’aisance de son allure en ont fait avec Jean Gabin et Michel Simon, l’un des plus grands comédiens français de tous les temps».

Sur la musique du Professionnel signée Ennio Moriccone, Bébel, au bras de sa compagne Barbara Gandolfi, a reçu dès sa descente de voiture les acclamations de la foule des grands soirs. À l’applaudimètre, Bébel a même fait mieux que Mel Gibson qui avait foulé le tapis rouge une heure plus tôt.
Fait inattendu et exceptionnel, les 240 photographes de presse ont longuement applaudi Bébel. «Je n’ai pas le souvenir d’un tel hommage», a dit à l’AFP Gilles Jacob.

Une bonne partie du cinéma français l’a rejoint pour une autre séquence émotion, dont Nicole Calfan, Georges Lautner, Claude Pinoteau, Jean-Paul Rappeneau, Claude Lelouch, Danièle Thompson, la fille de Gérard Oury, le cascadeur Rémy Julienne, Rachid Ferrache qui interprétait l’enfant dans L’As des As, mais aussi l’actrice américaine Faye Dunaway.

S’appuyant sur une béquille en raison des séquelles de son accident vasculaire de 2001 et soutenu par sa compagne, Jean-Paul Belmondo a rejoint sous de nouvelles acclamations la scène où Gilles Jacob lui a remis une «Palme d’or à la carrière», distinction décernée par le passé à Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Clint Eastwood et Gérard Oury.

Depuis 1960, Jean-Paul Belmondo a été six fois en compétition à Cannes avec Moderato Cantabile de Peter Brook (1960), 100 000 dollars au soleil d’Henri Verneuil (1964), La Viaccia de Mauro Bolognini (1961), La Ciociara de Vittorio De Sica (1962), Les Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau et Stavisky d’Alain Resnais (1974).

Pour Jean Rochefort, Bébel est un «phénomène». Pour Albert Dupontel, «c’est l’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel réunis, un trésor national comme au Japon».