Il y a 10 ans, personne n'aurait parié sur le cinéma israélien. Peu connu à l'extérieur de son pays, il se limitait à quelques comédies populaires peu subtiles et peu exportables.

Mais, depuis quelques années, l'industrie se développe et suscite un intérêt grandissant à l'étranger, et même dans son propre pays, où le gouvernement soutient de plus en plus de films. Dans la foulée de Mariage tardif en 2000, le succès international de films comme Kadosh, Les Citronniers ou Tu n'aimeras point a inspiré une nouvelle vague de réalisateurs et une production audacieuse, qui s'élève aujourd'hui à une vingtaine de longs métrages par année.

C'est pour faire connaître ce nouveau courant que Charles Zrihen a fondé le Festival de cinéma israélien de Paris, puis celui de Montréal, dont la 6e présentation se tiendra du 22 au 31 mai au Cinéma du Parc et au Centre Segal. Car il était temps, selon lui, de montrer autre chose que «ce que l'on voit sans cesse au téléjournal».

Regard plus critique

«Il y a vraiment un engouement, confirme Charles Zrihen. Le talent émerge. Il y a 17 écoles de cinéma en Israël, une nouvelle génération s'exprime à travers la caméra. Non seulement elle réfléchit sur sa société, mais elle n'a pas peur de mettre le pied dans la fourmilière.»

Religion et politique font évidemment partie de cette réflexion. Le regard est plus critique. Des questions sont posées, directement ou symboliquement. Mais les points chauds ne sont pas systématiquement au coeur du message. Car selon M. Zrihen, la nouvelle génération «ne veut surtout pas s'enfermer dans un ghetto idéologique ou religieux». Au contraire. Même s'il s'interroge sans relâche sur le monde particulier dont il est issu, son cinéma se veut aussi et surtout universel. «C'est le cinéma d'une société qui veut vivre comme une société normale, ajoute M. Zrihen. Il y a des sujets récurrents, mais pas vraiment de thèmes», dit-il.

La programmation du 6e FCIM, qui regroupe 26 films (longs, courts et documentaire inclus) reflète cet éclectisme. Film d'ouverture, The Matchmaker est une histoire d'amour - et d'agence de rencontre -, sur fond de mémoire de l'Holocauste. Sodome est une comédie loufoque sur les derniers jours de la ville aux mille péchés. Du réalisateur des Citronniers, Eran Riklis, Le voyage du directeur des ressources humaines s'inscrit à l'enseigne des road-movies décalés et improbables, alors qu'un patron d'entreprise doit ramener le cercueil d'un de ses employés jusqu'au fin fond de la Russie rurale. Le documentaire Precious Life raconte l'histoire d'un bébé palestinien sauvé par des médecins juifs, pendant que Strangers No More, Oscar du meilleur court documentaire en 2011, se penche sur une école de Tel-Aviv qui accueille des enfants de 48 pays.

Contrairement au Festival du film israélien de Montréal (FFIM), son faux frère anglophone qui vient tout juste de s'achever, tous les films du FICM sont sous-titrés en français. Bizarrement, les deux festivals se tiennent plus ou moins aux mêmes dates, et présentent à peu près les mêmes films. Situation encore plus absurde considérant qu'il n'y a que cinq festivals de cinéma israélien dans le monde... incluant ceux de Montréal! Aux dernières nouvelles, des tentatives de rapprochement avaient été faites, mais sans succès. On attend de voir.

Festival du cinéma israélien de Montréal. Du 22 au 31 mai www.fcim.ca