Le 18e festival Fantasia commence ce soir avec la présentation de la comédie française Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf. Au même moment, il rend hommage cette année au grand réalisateur japonais Mamoru Oshii. Ce géant, peu connu chez nous, a pourtant influencé des dizaines et des dizaines de cinéastes dans le monde.

Il a vu ses films en compétition à Cannes et à Venise, mais Mamoru Oshii reste relativement peu connu en Amérique du Nord. Pourtant, des cinéastes comme James Cameron (Avatar) et les Wachowski (Matrix) lui doivent beaucoup.

Plusieurs plans de Ghost in the Shell, son film de 1995 présenté en version restaurée ce soir à Fantasia, ont été carrément copiés par les cinéastes hollywoodiens. Dans ce long métrage d'animation inspiré d'un manga, une policière poursuit un mystérieux hacker.

«Les frères Wachowski m'ont avoué avoir eu peur que je les poursuive, il y a quelques années, mais honnêtement, je n'y ai jamais pensé», a affirmé le cinéaste japonais de 63 ans lors d'une entrevue téléphonique traduite par son assistante Maki.

«Dans une vie, dit-il, on est influencé par certains et on influence d'autres personnes. C'est impossible de démêler les fils de l'inspiration, au bout du compte. L'important, c'est que la copie soit bonne et, dans le cas de Matrix, ce l'est.»

Ghost in the Shell a changé sa vie, avoue-t-il, mais pas tout à fait de la façon dont on pourrait le croire. «Je pensais devenir milliardaire, dit-il en rigolant, mais cela ne s'est pas produit. Peut-être que certains sont devenus milliardaires, mais ça ne me touche pas et je n'ai aucun regret.»

Timide

Homme timide, réservé, se tenant loin des feux de la rampe, Mamoru Oshii vit à la campagne. Il dit préférer la lecture et les animaux aux grandes fêtes cinématographiques.

Photo: fournie par le Festival Fantasia

The Sky Crawlers (2008)

«Je ne suis pas habitué aux honneurs et aux prix. Je n'en ai pas reçu beaucoup. Je suis heureux de recevoir une telle reconnaissance de Fantasia, mais ça me fait un peu peur de me retrouver devant tous ces gens.»

Mamoru Oshii a réalisé près de 40 films durant sa carrière - la plupart en animation -, un essai et plusieurs romans. Il a tourné l'an dernier The Last Druid: Garm Wars à Montréal. Le film, en postproduction, devrait sortir cette année.

The Last Druid est son premier film en langue anglaise. Des personnages réels interagiront, comme ailleurs dans sa filmographie, avec des personnages de synthèse.

Ce long métrage, comme plusieurs de ses films précédents, traite de sujets allant des nouvelles technologies à l'environnement. Mamoru Oshii est fasciné par les chiens, les robots et les armes, mais toujours d'un point de vue métaphysique.

Photo: fournie par le Festival Fantasia

Avalon (2001)

Ses films possédant de grandes qualités visuelles et narratives, il se rapproche davantage, si l'on veut, de Kubrick, Godard et Bergman que du cinéma hollywoodien. «Je ne vais pas au cinéma, confie-t-il. Je ne pourrais vous parler que de films vus à la maison et qui sont sortis il y a au moins un an. J'aime les classiques.»

Futur

Cet humaniste au coeur tendre n'est pas particulièrement optimiste pour l'avenir du genre humain.

«La technologie nous change, comme les religions et les idéologies, mais sans nécessairement nous rendre plus heureux», croit-il.

Photo: fournie par le Festival Fantasia

Patlabor (1990)

Le problème vient en partie de l'arrogance de la race humaine envers la faune et la flore de la planète, selon ce créateur prolifique qui vit entouré de ses chiens.

«Aussi longtemps que nous nous croirons supérieurs aux animaux, nous aurons des problèmes. Nous serions plus heureux si nous pouvions tous nous asseoir et regarder les animaux dans les yeux. Ainsi, nous pourrions comprendre», conclut-il.

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Mamoru Oshii recevra un prix soulignant l'ensemble de sa carrière lors de la présentation de Ghost in the Shell à Fantasia, ce soir à 19h45 au théâtre D.B. Clarke.

Photo: fournie par le Festival Fantasia

Innocence (2004)