Pour son rôle de professeure de linguistique ayant reçu un diagnostic d'Alzheimer précoce dans le film Still Alice, Julianne Moore a rencontré des femmes véritablement atteintes de la maladie, une expérience qui l'a marquée.

«C'est profondément troublant», a-t-elle confié en entrevue pendant le Festival du film de Toronto.

«Nous tentons tous d'éviter de contempler notre propre mortalité. C'est toutefois quelque chose que tous ceux qui sont aux prises avec une maladie ne peuvent éviter de faire, parce qu'ils perdent graduellement une partie d'eux mêmes, a-t-elle expliqué. Mais je crois que la question que pose le film est: Quelle partie de vous-même est essentielle? Si vous perdez votre cognition, vous perdez votre intellect et votre capacité de communiquer, que reste-t-il?»

Inspiré d'un roman à succès de Lisa Genova, le film met aussi en vedette Kristen Stewart, Kate Bosworth et Hunter Parrish dans la peau des trois enfants du personnage de Moore.

Le travail de l'actrice dans le rôle de cette femme perdant ses souvenirs a poussé certaines publications à désigner Moore comme candidate potentielle à l'Oscar de la meilleure actrice.

L'actrice de 53 ans a raconté qu'elle ne voulait pas accepter le rôle sans avoir d'abord fait un véritable travail de préparation. Elle a donc rencontré des femmes souffrant de la maladie et des employés d'une maison de soins en plus de subir un long test de mémoire à l'hôpital Mount Sinai de New York.

«C'est vraiment quelque chose, c'est difficile, a-t-elle admis. J'ai fait cela et je leur ai parlé de leur recherche, puis ils m'ont envoyée dans un établissement de soins de longue durée où j'ai observé des patients dont la maladie était très avancée.»

L'actrice souhaitait présenter de la manière la plus précise possible le comportement des patients atteints d'Alzheimer, qui jouent souvent avec leurs vêtements et frottent leurs mains ensemble.

«Tous les comportements physiques et plusieurs des comportements vocaux que vous voyez (dans le film) sont des choses que j'ai vues. Puis je me suis sentie prête à le faire», a-t-elle ajouté.

Elle est demeurée amie avec une patiente qu'elle a rencontrée, prénommée Sandy. Dans une scène où le personnage de Moore livre un discours dans une conférence sur l'Alzheimer, Sandy se trouve d'ailleurs dans la salle.

«L'une des raisons pour lesquelles j'ai établi un lien avec elle est qu'elle a les cheveux roux. Nous nous ressemblons beaucoup. Elle a reçu son diagnostic à 45 ans et a célébré son 50e anniversaire sur le plateau de tournage, a raconté Moore. Elle était infirmière dans une unité de neurochirurgie lorsqu'elle a été diagnostiquée. Elle a vécu un moment très difficile.»

Le film a été réalisé par le couple formé de Richard Glatzer et de Wash Westmoreland. Glatzer est atteint de sclérose latérale amyotrophique (SLA), ce qui lui a offert une perspective unique pendant le tournage, selon Moore.

«Richard a réalisé le film en parlant avec un iPad. Il avait perdu le contrôle de sa voix. Ça a été une année très difficile pour lui», a souligné Moore.

«Je crois que l'une des raisons pour lesquelles le film a touché ces réalisateurs est ce que j'ai dit précédemment. Quand les choses qui nous définissent disparaissent, qu'est-ce qui devient essentiel? Où est la personne dans tout ça?»

«Selon moi, l'une des raisons pourquoi Still Alice n'est pas déprimant, bien que très triste et touchant, est qu'on y voit un moment où on accepte ce que c'est que d'être humain et d'avoir une véritable relation avec quelqu'un.»

Le Festival international du film se poursuit jusqu'à dimanche.