Décontracté et souriant, le jeune cinéaste Xavier Dolan est rentré au pays, lundi. Pour la première fois de l'histoire, un Québécois franchissait la frontière avec, dans ses valises, le Grand Prix du Festival de Cannes. Un séjour cannois où il est passé de la déconvenue à l'euphorie, alors qu'il a fait mentir les critiques cinglantes en remportant le deuxième prix en importance du festival légendaire.

«Je n'ai pas besoin de la Palme d'or dans ma vie, a-t-il déclaré. J'ai besoin de savoir que les films que je fais sont aimés et compris, que mes personnages sont aimés et compris. Oui, ça, j'en ai besoin pour continuer.»

Le cinéaste a bien cru qu'il était passé à côté, que les critiques n'avaient pas compris le deuxième degré de l'oeuvre que, pour sa part, il préfère à toutes les autres. Mercredi dernier, Juste la fin du monde a été éreinté par les médias anglophones, surtout américains. Le coup a été difficile à encaisser pour celui qui se décrit lui-même comme un hypersensible.

«C'est un séjour qui a commencé avec une grande déception et de l'incompréhension. Ce n'est pas difficile d'accepter la critique, mais c'est difficile d'accepter la cruauté, et Cannes est un endroit très passionné qui peut être très cruel», a raconté Xavier Dolan, avouant qu'il conservait un sentiment doux-amer de son périple de 2016.

Au cinéma

Maintenant qu'il est de retour chez lui, le réalisateur n'entend pas surfer sur l'émoi créé à Cannes pour promouvoir son film et le sortir rapidement en salle. Juste la fin du monde prendra l'affiche au Québec le 21 septembre. Ainsi, son équipe et lui disposent de toute la période estivale pour conquérir un public «difficile à séduire».

«Ça prend du temps, élaborer une stratégie de sortie. Il y a un buzz, mais les buzz aujourd'hui sont éphémères et ne résistent pas aux réseaux sociaux. [On veut] une stratégie qui va entrer dans la vie des gens, et durant l'été, on va dévoiler le film jusqu'à ce qu'il sorte en septembre», affirme Xavier Dolan.

Une belle sortie de piste

Est-ce que son prochain objectif est la Palme d'or? Non. De toute façon, l'agenda du jeune homme est déjà bien rempli et ses projets à court et moyen terme ne risquent pas de le mener à Cannes l'an prochain. Il travaille notamment au développement d'une télésérie qui pourrait être diffusée sur la chaîne américaine FOX.

«J'ai l'impression que c'est la fin d'un cycle, d'une importante partie de ma vie. J'ai rencontré des gens à qui j'écrivais des lettres d'admiration quand j'étais petit, et là, je pouvais leur toucher l'épaule et leur dire que j'aimais leur travail», a raconté le jeune homme de 27 ans, en citant l'exemple de Ken Loach, qui est reparti avec la Palme d'or.

Pour sa part, il estime s'éloigner dignement de Cannes, avec l'approbation du jury. Il tourne la page de ce qui a été - faisant mentir ceux qui décrivaient son ascension des dernières années comme un conte de fées - «un beau périple qui a demandé un travail constant et exigeant».