L'acteur et producteur américain Danny Glover a rencontré les médias montréalais hier, quelques heures avant de recevoir le Grand prix humanitaire du Festival international du Film Black de Montréal (FIFBM). La cérémonie a eu lieu juste avant la projection du film d'ouverture, Chasing Shakespeare, dont il est l'une des têtes d'affiche.

«En lui remettant ce prix, nous espérons mettre en lumière son parcours humanitaire, a dit la directrice du Festival, Fabienne Colas, qui a souligné son engagement auprès d'organismes comme l'UNICEF ou les Nations Unies. C'est une façon de reconnaître la vraie valeur de son coeur, a-t-elle dit, qui va au-delà de son travail d'acteur.»

«Je suis vraiment privilégié de recevoir ce prix qui reconnaît mon travail d'artiste mais aussi d'humain, a dit l'acteur de 67 ans, qui succède au chanteur et acteur Harry Belafonte, récompensé l'an dernier. Je suis très fier de pouvoir participer à un festival de films qui célèbre les artisans d'ascendance africaine.»



Outre le film Chasing Shakespeare du réalisateur Norry Niven, l'acteur américain révélé dans les films La couleur pourpre, de Steven Spielperg, et la série Lethal Weapon, de Richard Donner, est également la vedette du film Tula, The Revolt, du Néerlandais Jeroen Leinders.

Danny Glover a évoqué l'influence du dramaturge sud-africain Athol Fugard, qui lui a donné envie de devenir acteur. «J'avais l'impression qu'il écrivait pour moi», a-t-il confié.

«Il m'a fait réaliser l'importance de l'art comme outil de transformation, raconte M. Glover. Sur l'importance de choisir son camp et de se faire entendre. Je crois qu'en ce moment, il est impératif que les artistes se portent à la défense de l'humanité. Qu'ils soient au service de l'humanité. Plus que jamais, nous avons besoin de l'art pour refléter qui nous sommes et le potentiel de ce que nous pouvons être.»

L'acteur américain a longuement parlé de sa maison de production Louverture Films, qu'il a cofondée avec la scénariste Joslyn Barnes en 2005. Le tandem a produit des documentaires à caractère politique et historique parmi lesquels Trouble The Water, The Black Power Mixtape 1967-1975 ou encore The House I Live In, sur le trafic de la drogue, qui a remporté le prix du jury au festival Sundance l'an dernier.

«Nous sommes préoccupés par l'environnement, le combat des femmes, la pauvreté, les conflits armés. Nous travaillons actuellement sur un projet avec Naomi Klein sur les changements climatiques [The Messenger], nous avons également un projet sur le trafic des armes [The Shadow World]. Nous produisons aussi un film sur la révolution haïtienne centré sur le personnage de Toussaint Louverture.»

«Le cinéma ne nous donne pas de réponses, a poursuivi Danny Glover, mais il nous offre un cadre magnifique pour discuter de questions importantes qui nous concernent. Que ce soit sur notre vie privée qui est compromise ou encore sur les démocraties qui sont menacées par le pouvoir économique. On ne voit pas ce qui nous arrive. Après, il faut surmonter nos peurs pour trouver des solutions.»

D'ici le 29 septembre, le FIFBM présentera une centaine de films issus de 35 pays, parmi lesquels les États-Unis, Haïti, le Ghana, la Namibie et le Lesotho. Le cinéaste québécois Kim Nguyen sera également honoré pendant le FIFBM. Il recevra le prix Avant-Garde, pour «ses efforts exceptionnels de sensibilisation aux réalités noires» remarqués dans son film Rebelle.