Le vent de sympathie qu'a suscité Gabrielle auprès du public de Locarno était vraiment puissant. Le second long métrage de Louise Archambault (Familia) a en effet remporté là-bas aujourd'hui le très convoité prix du public.

Cette récompense est attribuée par les milliers de spectateurs qui fréquentent la Piazza Grande. L'immense place, située au coeur de la petite ville suisse italienne, peut accueillir jusqu'à 7000 cinéphiles devant son écran géant. Gabrielle fut présenté lundi dernier devant une foule évaluée à 5400 personnes.

La projection fut suivie par une longue ovation. «Vraiment, on ne pouvait pas rêver mieux», avait déclaré, encore émue, la productrice Kim McCraw. «J'ai vu bien des gens pleurer pendant le tournage mais ce soir, c'est la toute première fois que je pleure à mon tour !, avait pour sa part commenté l'auteure cinéaste. Vraiment, je n'ai plus de mots !» 

Mettant en vedette Gabrielle Marion-Rivard, Alexandre Landry, Mélissa Désormeaux-Poulin et Benoît Gouin, Gabrielle relate la quête d'indépendance d'une jeune femme de 22 ans atteinte d'un handicap intellectuel, douée pour le chant et la musique. Quand cette dernière tombe amoureuse d'un chanteur de sa chorale, atteint de déficience lui aussi, Gabrielle réclame son droit au bonheur.

«C'est extraordinaire ce que je vis, a déclaré l'actrice - atteinte elle-même du syndrome de Williams - plus tôt cette semaine à Locarno. Je n'oublierai jamais cette expérience. Je me sens fière de moi, fière de ce que j'ai accompli, fière de ce que je suis! À travers ce film, je me suis rendue compte qu'il est important de rester soi-même, qu'on peut être capable de faire des choses même en étant des gens différents».

Louise Archambault a ainsi voulu explorer la notion du bonheur pour ceux que l'on considère «en marge» de la société, et dont on ne parle pratiquement jamais. Pendant longtemps, son film a porté le titre Le chant des invisibles.

«Nous partageons tous la même quête, a-t-elle indiqué. Nous souhaitons tous aimer et être aimé. Pour Gabrielle, cette quête s'accompagne aussi d'une volonté d'exister, de faire valoir son indépendance. On est tous le «différent» de quelqu'un.»

Vendu dans une quinzaine de territoires, Gabrielle est déjà promis à une belle carrière internationale. Le film prend l'affiche en salle le 20 septembre au Québec.