La revoilà dans le charmant film The Meddler de Lorene Scafaria, et nous la verrons bientôt dans le premier film en anglais de Xavier Dolan. À 69 ans, Susan Sarandon est toujours d'actualité, qu'il s'agisse de sa carrière d'actrice, de son engagement politique, des 25 ans du film-culte Thelma & Louise ou de ses tenues affriolantes sur les tapis rouges. Pour la sortie de ce film, La Presse a discuté avec la comédienne de ses multiples facettes, qui font d'elle l'une des personnalités les plus fascinantes et les moins superficielles de Hollywood.

L'actrice

Susan Sarandon a commencé dans des productions plutôt étranges, comme la comédie musicale The Rocky Horror Picture Show (considérée au départ comme un navet, devenue rapidement un film-culte) ou The Hunger (et ses inoubliables scènes sensuelles avec Catherine Deneuve et David Bowie). Mais elle s'est vraiment fait connaître dans les années 80 avec des films comme Les sorcières d'Eastwick, Bull Durham, A Dry White Season et surtout, surtout, Thelma & Louise de Ridley Scott, qui lui vaudra en 1992 sa deuxième sélection pour l'Oscar de la meilleure actrice après celle d'Atlantic City. Exploit qu'elle a répété en 1993 pour Lorenzo's Oil, en 1995 pour The Client et en 1996 pour Dead Man Walking, l'autre grand rôle de sa carrière, alors qu'elle était dirigée par son amoureux Tim Robbins, et pour lequel elle obtiendra enfin la statuette.

Environ une centaine de rôles en carrière, certains extrêmement marquants, et ce n'est pas terminé, puisqu'elle sera du prochain film de Xavier Dolan. Dans The Meddler de Lorene Scafaria, qui prend l'affiche la semaine prochaine, elle incarne une mère un peu envahissante, qui cherche à donner un sens à sa vie après la mort de son mari, un premier rôle que la presse salue déjà comme l'une de ses grandes prestations.

L'activiste

Depuis longtemps, elle campe à gauche de l'échiquier politique, suscitant autant l'admiration que la controverse. Elle a milité pour les droits de la communauté LGBT, contre la peine de mort, la guerre en Irak, c'est une végétarienne et une environnementaliste convaincue, elle pourfend les excès de Wall Street, et elle a déjà traité le pape Benoit XVI de « nazi ». Pourquoi ce besoin de prendre la parole ? « Je ne blâme personne qui refuse de le faire, mais j'ai l'occasion de donner une voix aux sans-voix, a-t-elle dit à La Presse en entrevue téléphonique. Et je regrette plus ce que je ne fais pas que ce que je fais. » 

Dans ses coups d'éclat récents, Susan Sarandon a été vivement attaquée pour avoir pris le parti de Bernie Sanders contre Hillary Clinton, dont elle dénonce sévèrement les décisions politiques. Dans cette campagne électorale, nous dit-elle, « je pense qu'il y a beaucoup de désinformations et de bullying contre les femmes qui ne se rangent pas du côté de Hillary Clinton ». Dernièrement, elle a expliqué sa « rupture » avec Clinton à Stephen Colbert.

L'égérie



À 69 ans, Susan Sarandon fait toujours tourner les têtes, et certains misogynes lui en font le reproche. Aux Screen Actors Guild Awards en février dernier, elle a fait sensation en se présentant dans une tenue Max Mara blanche, dont le décolleté plongeant s'ouvrait sur un soutien-gorge noir. 

Le commentateur Piers Morgan, outré, a écrit qu'il s'agissait d'un habillement inapproprié pour le segment où elle présentait un hommage. Elle lui a répondu par une photo d'elle en soutien-gorge dans le film The Rocky Horror Picture Show. Levée de boucliers sur les réseaux sociaux, où les fans de Sarandon ont pris sa défense en inondant les fils de leurs décolletés, avec le mot-clic #cleavagegate.

En toute objectivité, Susan Sarandon est une femme superbe, sur qui le temps ne semble pas avoir d'emprise, et ce n'est pas pour rien qu'elle est devenue en 2016 l'une des figures de L'Oréal Paris, qui voit en cette « icône de cinéma » une femme « forte, charismatique, talentueuse » et qui a « une fascinante perception de soi ».

La mère

Susan Sarandon est une « maman last call », puisqu'elle a eu une fille (l'actrice Eva Amurri) avec le cinéaste Franco Amurri à l'aube de la quarantaine, et ensuite deux fils avec Tim Robbins. Dans The Meddler, elle incarne une femme qui tente de surmonter le deuil de son mari en voulant se rendre utile aux autres, en particulier sa fille (Rose Byrne) qui veut de son côté prendre ses distances - un excellent film pour la fête des Mères, a-t-on envie d'ajouter.

Susan Sarandon nous confie qu'effectivement, les femmes ont tendance à moins prendre soin d'elles-mêmes parce qu'elles sont éduquées pour s'occuper des autres, « particulièrement les mères », note-t-elle. « Mes enfants sont partis de la maison aujourd'hui, mais je suis très active dans leurs vies, confie Sarandon. J'ai une fille qui a une fille, et je ne me mettrais pas dans son chemin en ce qui concerne comment elle l'éduque. Et c'est parfait, parce qu'être grand-mère est beaucoup plus facile qu'être mère. »

L'amoureuse

Elle a été mariée à l'acteur Chris Sarandon (de qui elle a conservé le nom), a eu des liaisons avec le cinéaste Louis Malle, le chanteur David Bowie (rencontré sur le plateau de The Hunger) et le cinéaste Franco Amurri, mais c'est sa relation avec le comédien et cinéaste Tim Robbins qui a probablement fait couler le plus d'encre, en raison de leur différence d'âge. Ils se sont rencontrés sur le tournage de Bull Durham en 1988 ; elle avait alors 42 ans, il en avait 30. Ils ont formé un couple très engagé pendant 20 ans, avant qu'elle demande le divorce en 2009. Elle a ensuite fréquenté le producteur Jonathan Bricklin, de 30 ans son cadet, et que la presse à potins à qualifié, évidemment, de boytoy de l'actrice.