Il y a quelque chose de lumineux, de constructif, de combatif dans La passion d'Augustine, long métrage de Léa Pool actuellement en tournage.

Et ce, même si le scénario, signé Marie Vien, tourne autour d'un bouleversement. Campée dans le Québec de 1968, l'histoire porte en effet sur une école musicale tenue par des religieuses et menacée de disparaître dans la laïcisation du système scolaire.

Sur le plateau de tournage, installé hier dans un couvent de Saint-Ours-sur-Richelieu, tous les artisans s'entendaient sur ce côté positif de l'histoire. Et la scène que Léa Pool tournait dans la chapelle, en présence de nombreux figurants, appelait à la même conclusion.

Dans le choeur, des jeunes filles, habillées d'un costume scolaire fait d'une blouse marine et d'une jupe grise, chantaient un air céleste et joyeux, accompagnées par le bruit sourd de l'orgue à tuyaux. Dans le jubé, un autre choeur faisait écho au chant du premier.

«L'histoire se passe dans un petit couvent de musique qui a beaucoup de caractère et de prestige. Avec les grands bouleversements de la société, les petits couvents sont menacés de fermeture. Celui-ci tient à survivre, explique la réalisatrice au moment du lunch. Les soeurs organisent une conférence de presse pour sensibiliser la communauté sur la raison d'être du couvent. Elles vont se battre pour maintenir ce couvent ouvert.»

Au coeur de l'histoire, on retrouve soeur Augustine, responsable du couvent qui, en dépit des embûches et d'un conflit de personnalités avec sa supérieure (Marie Tifo), mène la charge. «Augustine est une battante, dit Céline Bonnier qui en est l'interprète. C'est ça qui est intéressant ici, de voir les gens se battre. Augustine a ses idées et est plutôt indépendante.»

Même ferveur chez Andrée Lachapelle, interprète de soeur Marie-Stéphane. «Une femme remarquable, dit-elle. Elle est très évoluée et encourage soeur Augustine dans sa démarche.»

D'autres personnages ont un côté plus craintif, en porte-à-faux avec la tendance de la communauté. «Moi, je suis soeur Lise, qui est nettement plus conservatrice. Elle a peur du changement», s'amuse la comédienne Diane Lavallée.

Un des rares hommes de l'histoire, Gilbert Sicotte évoque un curé qui a fait son temps. «Il va se retirer. C'est Vatican II qui prend sa place, dit le comédien. Il voit tous ces changements liturgiques arriver et se dit qu'il est préférable de laisser sa place.»

Féminité

Après Maman est chez le coiffeur, Céline Bonnier en est à son deuxième film avec Léa Pool. La passion d'Augustine lui semble inscrit dans une continuité propre à la cinéaste.

«Elle a une justesse pour choisir un contexte du féminin très fort, dit-elle. Maman est chez le coiffeur nous plongeait dans un bouleversement, mais c'était aussi une prise de parole de la femme. Léa a un cinéma très sensible par rapport à la féminité, tout en s'ancrant dans l'histoire du Québec.»

Léa Pool évoque les personnages de son film avec admiration. «Il y a peu de religiosité dans le film, dit-elle. On ne voit pas beaucoup de prières. C'est plus axé sur le chant, la musique. Ces religieuses sont un peu des rebelles. Elles sont pas mal rock'n'roll.»

Elle parle des vraies religieuses avec la même dose de respect. «Je n'en reviens pas qu'à la fin des années 60, il y avait encore autant d'impact religieux au Québec, dit la cinéaste d'origine suisse arrivée ici en 1975. En même temps, je découvre tout ce que ces religieuses ont apporté au niveau des hôpitaux comme de la musique. Ce sont des femmes qui ont fait des choses assez remarquables. Elles représentent une partie de notre patrimoine qu'on ne devrait pas rejeter du revers de la main.»

François Dompierre signe les arrangements musicaux. Produit par Lyse Lafontaine et François Tremblay de Lyla Films, La passion d'Augustine arrivera sur nos écrans en 2015.