Créé dans le cadre d'une carte blanche proposée par les organisateurs du Festival du nouveau cinéma en octobre dernier, le court métrage d'essai Parallèle Nord de Félix Dufour-Laperrière est parti pour un long parcours.

Présenté ces jours-ci en compétition officielle au festival de Tribeca, le film a aussi été vu à Montréal, au Saguenay et à Washington, et ira sous peu en Corée du Sud.

Ce ne sera pas une première pour le cinéaste. Dans le domaine du court métrage d'animation, d'essai et expérimental, le réalisateur a créé, depuis 2003, des oeuvres présentées dans des dizaines d'événements partout dans le monde.

Le festival de Tribeca, où La Presse l'a rencontré hier matin, accueille un de ses films pour la seconde fois. «Tribeca propose une petite section de films expérimentaux et c'est assez bien présenté, indique M. Dufour-Laperrière, à peine débarqué de l'autobus qui l'a conduit de Montréal à New York. De plus, c'est une très bonne porte d'entrée pour le marché américain, qui est difficile à percer.»

Au départ, Parallèle Nord devait être un film de deux minutes. Mais en travaillant avec la matière, le cinéaste a eu tellement de plaisir qu'il a fait passer sa durée à sept minutes. Dans ce laps de temps, le spectateur est entraîné sur une route anonyme de la forêt boréale dans une balade singulière où il perd ses repères.

Parce que l'image se renverse, les contrastes changent et l'ambiance musicale se métamorphose. D'abord placé dans une situation où défile la canopée de la forêt, le spectateur voit l'image se renverser peu à peu, ce qui laisse une tout autre impression. Dans notre cas, nous avions soudainement le sentiment d'être à l'arrière d'un navire laissant le sillon blanc de son passage fendre des eaux noires.

«C'était le but légitime de faire perdre aux gens leurs repères, explique le cinéaste. Je suis parti d'une image très sombre qui s'est peu à peu éclairée, puis s'est renversée avant de revenir au point de départ. En même temps, l'environnement sonore a changé, passant de sons très réalistes (les roues d'un véhicule dans le gravier) à de la musique avant de se terminer presque dans le silence.»

M. Dufour-Laperrière travaille maintenant sur un projet de long métrage d'animation. Intitulé Ville Neuve, le film raconte l'histoire d'un alcoolique repenti qui loue un chalet en Gaspésie et y invite son ex-femme dans une tentative de rédemption. L'histoire a lieu durant la campagne référendaire de 1995. «Il y a une connotation politique. Je veux que le contexte public/politique de l'époque fasse écho à l'histoire intime qui se joue», explique le cinéaste.

Le film sera tourné à partir de dessins et peintures sur papier. Il mobilisera une quinzaine de personnes durant 18 mois. M. Dufour-Laperrière profite donc de son passage à Tribeca dans l'espoir de trouver des partenaires.

On peut voir les oeuvres antérieures du cinéaste sur son site web personnel (felixdl.com). Une fois sa vie en festivals terminée, Parallèle Nord sera ajouté au site.