Le fameux directeur artistique du studio d'animation de Disney, John Lasseter, est le dernier grand nom rattrapé par la vague de scandales sexuels qui a déferlé sur Hollywood et toute la vie publique américaine depuis le début de l'affaire Weinstein.

Celui qui est crédité pour avoir fait renaître Disney, aujourd'hui à la pointe du cinéma d'animation, a annoncé mardi qu'il prendrait un congé de six mois après des comportements inappropriés envers des employés de l'entreprise.

Dans un communiqué interne envoyé par Disney, le réalisateur de Toy Story (1995) et de Cars (2006) a présenté ses excuses à «quiconque a déjà reçu une étreinte non consentie ou tout autre geste qui a franchi les limites, sous quelque forme que ce soit» de sa part.

Il reconnait également «avoir échoué» à insuffler une culture «de la confiance et du respect» dans ses studios. «J'ai récemment eu beaucoup de conversations difficiles qui ont été très douloureuses pour moi. Ce n'est jamais aisé de faire face à ses faux pas», a-t-il déclaré.

Le directeur créatif des studios Disney et Pixar dit avoir accepté de prendre un congé sabbatique de six mois pour «réfléchir sur la marche à suivre» et «commencer à prendre mieux soin de (lui)».

Une porte-parole de Disney a pour sa part assuré que l'entreprise s'engage «à maintenir un environnement de travail dans lequel tous les employés sont respectés et ont la capacité de donner le meilleur d'eux-mêmes».

«Nous apprécions la sincérité de John et ses excuses», a-t-elle ajouté.

Le magazine spécialisé The Hollywood Reporter, citant de multiples sources anonymes, décrit un «schéma présumé de comportements inadéquats (de la part de Lasseter) détaillé par des sources internes chez Disney et Pixar».

Une source employée par Pixar a affirmé au Hollywood Reporter que Lasseter était connu pour «attraper, embrasser, faire des commentaires sur des attributs physiques».

Le magazine écrit que «des avances non souhaitées» envers l'actrice Rashida Jones, qui a contribué au scénario de Toy Story 4, ont entraîné son départ de ce projet plus tôt que prévu même si une source du studio l'attribue à des «différences créatives».

Étreintes interminables 

Une autre source raconte que «si on lui faisait une accolade, il vous murmurait dans l'oreille pendant longtemps». «Il vous étreignait encore et encore et tout le monde vous regardait», ajoute cette même source.

D'autres affirment qu'il tentait toujours de mettre ses mains sur les jambes de ses collaboratrices.

Lasseter, forte carrure, allure bonhomme et connu pour sa collection de chemises hawaïennes, a joué un rôle capital dans le redressement du studio d'animation de Disney au début des années 2000, qui semblait alors dangereusement en perte de vitesse.

Toy Story, réalisé par Lasseter et sorti en 1995, fut le premier long métrage animé par ordinateur, une technique devenue la norme par la suite. Depuis sa sortie, le studio Pixar a remporté treize Oscars et est devenu une filiale du groupe Walt Disney.

Sous la houlette de Lasseter, Disney a accumulé dix des films aux plus fortes recettes de son histoire, en tête desquels Frozen (2013), véritable phénomène, ou encore Tangled (2010), Finding Dory (2016), etc.

L'annonce de son départ en congé fait suite à une avalanche de plaintes portant sur des allégations de diverse gravité, à l'encontre de nombreuses personnalités du divertissement et de la politique, entre autres.

Tout a commencé début octobre avec des révélations du New York Times et du New Yorker sur le producteur Harvey Weinstein, accusé par une centaine de femmes de harcèlement sexuel, agression ou viol. Les cinéastes Brett Ratner et James Toback, les acteurs Kevin Spacey et Jeffrey Tambor, font partie des autres noms incriminés.

Lundi, c'est le célèbre journaliste de télévision Charlie Rose qui a été limogé des émissions qu'il animait sur PBS et CBS, notamment après avoir été accusé de harcèlement et attouchements. Il s'est dit «fort embarrassé».

En politique, les figures légendaires du parti démocrate John Conyers ou Al Franken sont respectivement accusées de harcèlement sexuel et d'un baiser forcé. Le républicain Roy Moore est quant à lui accusé d'agression sexuelle sur mineures.

AP

Rashida Jones