Les studios Disney montent au créneau pour défendre leur nouvelle héroïne, Princesse Sofia, que les organisations hispaniques américaines jugent peu représentative des «Latinas», avec ses cheveux roux, son teint clair et ses yeux bleus.

Princesse Sofia fera ses débuts dans le film d'animation Sofia the First: Once Upon a Princess (Sofia Première: il était une fois une princesse) diffusé sur la chaîne Disney le 18 novembre, et qui sera suivi d'une série de dessins animés. Mais les associations hispaniques américaines s'interrogent sur la représentativité de cette jeune fille pour leur communauté et se demandent pourquoi Disney n'a pas fait plus de promotion autour de sa première princesse d'origine hispanique.

«On a l'impression d'un rétro-pédalage», s'étonne Lisa Navarrete, porte-parole du National Council de La Raza (NCLR), une organisation de défense des droits civiques. «Ils ont fait un travail tellement bon par le passé lorsqu'ils ont créé des princesses indiennes, afro-américaines ou asiatiques. Ils ont beaucoup communiqué là-dessus et ont fait beaucoup de bruit, mais là, ils brouillent les pistes. C'est inhabituel parce que Disney a été très ouvert à la diversité hispanique», estime-t-elle.

Le coproducteur de Sofia the First, Craig Gerber, a tenté de clarifier la situation sur le site Facebook. Sofia est une princesse «aux origines diverses dans un conte de fées», a-t-il écrit.

Son père et sa mère sont originaires de royaumes inspirés de l'Espagne et de la Scandinavie, bien que Sofia ait été élevée en Echancia, un «royaume imaginaire, creuset de la diversité», qui ressemblerait aux îles britanniques. «Sofia se considère comme n'importe quelle autre fille d'Echancia, poursuit Craig Gerber. Ses origines diverses reflètent la situation de beaucoup d'enfants aujourd'hui.»

Les médias hispaniques veulent rencontrer Disney

La vice-présidente de la Coalition des médias nationaux hispaniques (National Hispanic Media Coalition), Inez Gonzalez, a souhaité lundi la tenue d'une rencontre avec Disney pour parler de Sofia the First.

«Le monde de Sofia reflète la diversité ethnique du monde dans lequel on vit, mais ce n'est pas notre monde», s'est justifiée pour sa part Nancy Kanter, vice-présidente des programmes originaux de Disney Junior. «C'est un monde de conte de fées et nous espérons qu'il développera l'imagination des enfants. C'est un monde dans lequel il y a des chevaux volants, des écoles gérées par des fées, des chansons aux accents latins et des villes où l'on peut voir des marchés comme ceux d'Afrique du Nord», a-t-elle ajouté.

Dans la version originale, Sofia est doublée par l'actrice caucasienne de la série Modern Family Ariel Winter, et sa mère par celle, hispanique, de Grey's Anatomy, Sara Ramirez.

Pour Marcela Davison Aviles, présidente de la Mexican Heritage Corporation, qualifier Sofia de princesse «latina» «n'est pas conforme à la façon dont beaucoup de membres au sein de notre communauté entendent ce terme». Cependant, «je suis sûre que les employés de Disney sauront tirer la leçon de (la polémique) pour s'améliorer», a ajouté Mme Davison Aviles, qui a travaillé pour Disney sur la série Handy Manny, dans laquelle figure un homme à tout faire hispanique et bilingue. «J'ai hâte de rencontrer Sofia et de voir les efforts de Disney pour mettre en lumière notre brassage de populations, y compris la palette de couleurs qui tisse notre identité latino», a-t-elle ajouté.

«Les petites filles ont envie de se voir représentées par ces personnages», a souligné Lisa Navarrete. «Si elles ne se reconnaissent pas, cela fait une différence. Ce serait bien de voir Disney encourager la création d'une princesse hispanique, que ce soit Sofia Première ou pas», a-t-elle affirmé.

Lors des deux dernières décennies, Disney a créé des personnages féminins de cultures très diverses comme Jasmine, Pocahontas, Mulan, Merida et Tiana, la princesse afro-américaine du film La Princesse et la Grenouille, sorti en 2009.