Dans cette fantaisie américaine, voulue sans doute d’allégeance «progressiste», l’accent est mis essentiellement sur le caractère marginal des protagonistes. Cela devient vite agaçant, et au bout de 15 minutes, on aura tôt fait d’assimiler le message: vive la différence, acceptons autrui dans toute son unicité, il faut de tout pour faire un monde. En toute fin, on est repu de bonnes intentions.



Notre héros, ce Jesus Henry Christ, de son vrai nom Henry James Herman (interprété par Jason Spevack, tout jeune mais déjà habitué aux caméras), est un garçon pas comme les autres? À 10 ans, ce personnage de gamin phénoménalement surdoué est déjà mûr pour les plus hautes écoles. Est-il atteint d’une forme d’autisme ou s’agit-il d’un don? On ne le saura pas, mais il est un cas.

Sa mère (Toni Collette), ancienne féministe radicale, s’occupe seule de cette étrange progéniture, le père étant déclaré inexistant: Henry est le fruit d’une fécondation artificielle rendue possible grâce à un donneur de sperme anonyme. Dans sa grande curiosité, l’enfant prodige retrouvera son papa, ce père biologique, un universitaire angoissé (Michael Sheen) qui s’intéressait déjà depuis longtemps au cas de ce «bâtard» aux capacités cognitives exceptionnelles, comme il s’est intéressé au cas de sa fille lesbienne dans un ouvrage qu’il lui a consacré.

Jesus Henry Christ aurait peut-être fait un excellent roman, mais à l’état de film, c’est un peu n’importe quoi. On nous traîne sans ménagement dans tous les sens, ceux de l’humour et du pathos. Les personnages paraissent antipathiques, si bien que leurs malheurs nous laissent froids, et les gags tombent à plat à force de fausse audace. On s’étonne que les acteurs se soient donnés avec autant d’enthousiasme à ce vaseux projet.

Bonne note: le réalisateur Dennis Lee, aussi scénariste, a fait un film très bien écrit, un «film littéraire», ce qui n’est pas chose courante. Mais on préférerait lire le livre, s’il existait.

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* * 1/2


Jesus Henry Christ. Comédie de Dennis Lee. Avec Jason Spevack, Toni Colette, Michael Sheen. 1h40.