Présenté en primeur au Festival du film israélien de Montréal, Mabul, du jeune réalisateur Guy Nattiv, est la chronique d’une famille dysfonctionnelle que le plus dysfonctionnel de ses membres parvient à amener à l’harmonie.



Il s’agit du second long-métrage de Guy Nattiv où il dissèque les relations humaines avec sa caméra candide et discrète. L’action se déroule dans une petite ville d’Israël, près de la mer, et au sein d’une même famille, les Roshko.

L’histoire nous est présentée à travers le parcours de Yoni (très juste Yoav Rotman), un ado qui prépare sa Bar Mitzvah. L’événement signifie le passage de l’enfance vers le monde adulte, mais dès les premières scènes du film, il appert que Yoni est déjà le plus mature et raisonné des membres du clan.

Son père Gidi (Tzahi Grad), fumeur de pot invétéré, cache à son fils qu’il a perdu son permis d’aviateur, et donc son travail. Sa mère Miri (touchante Ronit Elkabetz), en manque de passion amoureuse, trompe son mari Gidi avec le père d’une des fillettes qui fréquente sa garderie de jour. Au milieu de tout ça, Yoni, pas très près de ses parents, a aussi des problèmes avec une bande à l’école.

Le retour au foyer du fils aîné Tomer (Michael Moshonov) va complètement bouleverser la dynamique familiale. Autiste, il nécessite des soins constants . La maison de soins où il résidait depuis son enfance doit fermer par manque d’argent. Il est renvoyé à la maison, une situation que le reste de la famille Roshko espère temporaire.

Guy Nattiv a voulu faire un film sur la communication entre des membres d’une même famille qui se retrouve, grâce à Tomer, dans l’impossibilité de communiquer avec ses proches. Tomer devient une sorte de catalyseur: Miri renoue à la fois avec son rôle d’épouse et de mère, elle qui a été éprouvée par l’institutionnalisation de son fils autiste, Giri retrouve le sens des responsabilités, et Yoni s’attache à son grand frère pour lequel il n’éprouvait que de l’indifférence.

Le réalisateur aurait pu fignoler son scénario pour rendre plus limpides certains moments cruciaux que vit chacun des membres de la famille, mais la morale de cette fable est, au final, bien comprise. La musique de Patrick Watson, quoique discrète, allège le cours de ce touchant drame moderne.

_________________________________________________________________

* * * 1/2


MABUL. Drame de Guy Nattiv. Avec Yoav Rotman, Michael Moshonov, Ronit Elkabetz. 1 h 40.