Il aurait pu faire de The Lady un grand film politique. Il a plutôt tenté d’en faire une belle histoire d’amour. Luc Besson, qui, de Nikita à Adèle Blanc-Sec, a toujours aimé magnifier ses héroïnes à l’écran, propose cette fois un drame biographique consacré à la femme politique birmane Aung San Suu Kyi.







Lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, celle qu’on surnomme La dame (titre de la version française) est une figure emblématique de l’opposition à la dictature militaire de son pays.

Plus de deux décennies de militantisme révolutionnaire placées sous l’égide de la non-violence sont ainsi évoquées dans ce film ambitieux, qui entraîne le spectateur dans un univers resté jusque-là très opaque. C’est peut-être d’ailleurs là que le nabab du cinéma européen affiche ses limites en tant que réalisateur plus «classique».

L’occasion était en effet très belle de lever le voile sur un régime politique qui, il n’y a pas si longtemps encore, était l’un des plus fermés du monde. Comment est née la vocation militante de cette dame d’exception? De quelle constitution est faite cette femme toute frêle pour avoir poursuivi au fil des ans – loin de sa famille anglaise – une lutte de cette ampleur dans un environnement aussi hostile? Comment s’exprime l’appel politique quand il n’a pour toute réponse que les armes des soldats?

Besson effleure à peine ces questions pour se concentrer plutôt sur l’histoire d’amour qu’a vécue Aung San Suu Kyi avec son défunt mari anglais. Le regard amoureux de ce dernier, qui ne peut voir sa femme, assignée à résidence, qu’au cours de ses rares voyages en Birmanie, sert ici de vecteur pour évoquer le combat courageux de la politicienne.

Ainsi, The Lady est traversé d’élans romanesques que viennent amplifier les notes insistantes de la partition musicale qu’a composée le fidèle complice Éric Serra. Même s’il fait preuve de sobriété dans son approche, Luc Besson pige néanmoins un peu trop ses effets dans la grammaire du cinéma romantique. Il n’évite pas non plus le piège de l’hagiographie.

Cela dit, The Lady a le très grand mérite de nous plonger dans l’histoire plutôt méconnue d’Aung San Suu Kyi. Son destin nous intéresse d’autant plus que la nouvelle députée a fait son entrée officielle au Parlement birman plus tôt cette semaine. L’actrice Michelle Yeoh, instigatrice du projet, est visiblement inspirée pour ce qui restera sans doute l’un des rôles les plus importants de sa vie. David Thewlis est aussi remarquable dans le rôle du mari.

Un destin aussi exceptionnel méritait toutefois un film d’exception. The Lady est un film respectueux, bien réalisé, résolument à part dans l’œuvre de Luc Besson, mais il demeure à la surface des choses.

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THE LADY. Drame biographique réalisé par Luc Besson. Avec Michelle Yeoh, David Thewlis, Benedict Wong. 2 h 12.