Savoir exactement la vitesse du trafic, en temps réel, le long du trajet qui mène au travail ou à la maison. Voilà la promesse que font les gestionnaires de l'autoroute 95, qui va du Maine jusqu'en Floride et figure parmi les plus achalandées du corridor Boston-Washington.

À partir de cet été, 4000 kilomètres de la 95 seront surveillés en temps réel grâce aux bornes GPS installées sur les taxis, les camions, les voitures de location et les particuliers qui souscrivent à des services de dépannage comme Onstar ou des services antivol.

Ces données seront fusionnées aux senseurs et aux caméras installées par les ministères des Transports des 16 États traversés par la 95, et retransmises par satellite par la compagnie Imrix, de Seattle. Les données seront remises gratuitement aux services d'urgences, et disponibles moyennant paiement par les compagnies offrant des services de navigation, comme TomTom, Garmin ou Total Traffic Network.

D'autres compagnies font ce type de fusion de données, mais elles dépendent généralement des signaux de téléphones portables, qui indiquent la position et la vitesse de leurs propriétaires à l'aide d'un processus appelé «triangulation». Mais la triangulation nécessite la présence de plusieurs tours de retransmission des données téléphoniques, et elle est moins précise que le GPS, note William Stoeckert, porte-parole du groupe «Corridor 95», qui rassemble les ministères des Transports des 16 États. Les cellulaires pourraient toutefois devenir plus concurrentiels parce que des lois obligent maintenant les fabricants de téléphones cellulaires à intégrer des bornes GPS dans leurs appareils, pour aider la localisation des gens qui appellent le 911.

Les senseurs et caméras publiques ne surveillent que 15 000 kilomètres d'autoroutes en Amérique du Nord, selon Bryan Mistele, président fondateur d'Imrix, une compagnie qui faisait initialement partie de Microsoft. «Nous couvrons 55 000 kilomètres (en incluant les données GPS des compagnies de location et de camions), dit M. Mistele. Et nous avons des données historiques sur 750 000 kilomètres qui peuvent servir à planifier les trajectoires à l'avance, l'augmentation future du trafic pour mieux gérer les agrandissements d'autoroutes, et même choisir l'emplacement idéal pour un magasin. Éventuellement, nous voulons aller vers la mesure du trafic jusque dans les rues résidentielles, ce qui permettrait aux municipalités de répondre plus rapidement aux plaintes des citoyens sur les vitesses trop élevées et le trafic trop intense.»

Imrix a des données historiques canadiennes pour Vancouver, Toronto, Ottawa et Montréal, et veut offrir des services en temps réel plus tard cette année.

Pourquoi les compagnies privées de camionnage, de location de voiture ou de taxis permettent-elles à Imrix d'utiliser leurs données GPS? «Tout d'abord, ils veulent une garantie d'anonymat, dit M. Mistele. Nous ne gardons les données nominalisées que pendant 15 minutes, pour voir si une voiture est immobilisée parce qu'elle vient de se stationner et exclure ce type de données. Les différentes compagnies utilisent ensuite nos analyses pour planifier les itinéraires. Dans certains cas, c'est tellement précieux pour eux qu'ils nous paient en plus de nous donner leurs données, pour avoir des analyses supplémentaires.» Pour éliminer davantage les informations erronées, la borne GPS des camions indique si son moteur est en marche.

L'Amérique du Nord est très bien placée pour être à l'avant-plan de la révolution des informations routières en temps réel. «D'autres pays ont sauté plus tôt dans le train du GPS, dit M. Mistele. Au Japon, par exemple, la plupart des voitures ont des navigateurs GPS depuis longtemps. Mais ils n'ont pas la capacité de renvoyer des données au réseau, ils ne peuvent que recevoir. Ici, les systèmes comme Onstar et la surveillance des flottes sont beaucoup plus avancés.»