La géocriminalité, aussi appelée crime mapping, aux États-Unis, permet d'identifier les endroits où sévissent les voleurs de voitures, grâce à une combinaison d'études de données statistiques et cartographiques. Ce système, mis au point au Québec par le Groupe de consultation en statistique du Centre de recherche de l'institut Philippe-Pinel de Montréal, est utilisé par la police de Sherbrooke.

Où, quand et comment sont volées les automobiles sur un territoire donné? Tant les policiers que les automobilistes aimeraient le savoir. La géocriminalité, utilisée par les forces de l'ordre de plusieurs pays, aide ces dernières à mieux lutter entre autres choses contre le fléau des vols de voitures. En 2005, la police de Sherbrooke a souhaité mieux comprendre la problématique des vols d'automobiles sur son territoire.

Les policiers ont dès lors fait appel au Groupe de consultation en statistique de l'institut Pinel. Selon Tony Brien, criminologue et statisticien de la police de Sherbrooke, et Jean-François Allaire, statisticien principal du Centre de recherche de l'institut Pinel, l'analyse géographique de la criminalité est en augmentation dans de nombreux pays, parmi lesquels les États-Unis, l'Angleterre et l'Australie; au Canada, son utilisation est aussi à la hausse dans certaines provinces, comme l'Alberta et la Colombie-Britannique. Par contre, au Québec, l'analyse cartographique de la criminalité est encore sous-exploitée.

Ainsi, si la police de Montréal (SPVM) fait appel à des tableaux statistiques, elle utilise peu ou pas les cartes de criminalité. Comme l'expliquent les deux statisticiens, si la géocriminalité en est à ses premières armes au Québec, aux États-Unis, en revanche, le service de police de Richmond, en Virginie, a bâti un modèle statistique qui permet de prédire en temps réel où et quand se produisent les actes criminels. Ce système est construit à partir de l'historique de la criminalité, en tenant compte de la météorologie, des événements prévus au cours de la journée, des données spatiales et des territoires à risque.

Outre le fait que ces recherches permettent de mieux savoir où agissent les voleurs de voitures, la géocriminalité permet par exemple de mieux recentrer l'action des patrouilles policières.

Pour parvenir à ces ensembles de résultats pertinents, les «géocriminologues» font appel à de nombreuses bases de données et à des logiciels. Au Québec, ces outils seront les bases de données policières, celles du parc automobile de la SAAQ, les bases de données sociodémographiques de Statistique Canada, mais aussi des logiciels statistiques ou d'information géographique. Le Module d'information policière du Centre de renseignements policiers du Québec comporte ainsi les lieux, date et heure d'un vol de véhicule, mais aussi la marque, le modèle et l'année de l'auto volée. Jean-François Allaire et Tony Brien expliquent que peu de gens possèdent la formation multidisciplinaire exigée pour effectuer les analyses, ce qui en limite grandement l'utilisation.

Bien évidemment, les applications de la géocriminalité ne se limitent pas au seul vol de voitures, et cette technique prometteuse peut également être utilisée pour lutter contre bien d'autres activités criminelles.