L'événement, de statut international, existe depuis maintenant trois ans, mais pratiquement personne n'en a entendu parler. Pourtant, Montréal fait partie, avec la Principauté Monégasque et l'Afrique du Sud des trois endroits dans le monde où l'on présente une manche du Rallye des énergies alternatives qui, comme son nom l'indique, vise à sensibiliser le public sur des véhicules utilisant un minimum d'essence et un maximum de solutions «vertes».

L'évènement se veut élitaire, ayant reçu l'aval de la toute puissante FIA, cette fédération automobile qui a le don de semer la discorde et l'outrage partout où elle passe. L'épreuve de cette année disputée la semaine dernière entre Gatineau, Mont-Tremblant et Montréal a justement démontré jusqu'à quel point ces casses pied pouvaient empoisonner l'existence de gens bien intentionnés et prêts à donner gratuitement de leur temps pour propager une bonne cause.

Au départ, on comptait seulement 13 voitures, dont quatre ajoutées in extremis par la compagnie Honda pour éviter que l'évènement soit un ratage absolu. Comme démonstration des solutions mises de l'avant pour enrayer la déplétion des ressources naturelles et diminuer les émissions de CO2, ce fut un bel exemple de ce qu'il ne faut pas faire.

Une baffe au départ

Alors que je m'attendais d'y voir les artisans de l'hybridation que sont Toyota, Lexus, Ford, Nissan, Mercedes ou General Motors ainsi que les nombreux organismes verts qui se proclament les défenseurs de la planète, c'est à une minime assemblée à laquelle j'ai eu droit. Si j'écris à la première personne, c'est que j'ai été recruté à la dernière minute pour piloter une Honda Insight en compagnie du spécialiste québécois des voitures hybrides Daniel Breton. Lui et moi avons d'ailleurs goûté à la médecine des bonzes de la FIA venus d'Europe pour surveiller ces pauvres Canadiens qui ne connaissent que dalle au monde du sport automobile. Tentant de survivre aux frasques de leur grand patron Max Mosley, acteur de films porno à ses heures, ces pédants personnages exercent leur pouvoir sans aucune forme de sagacité ou de bon sens. Régner pour emmerder semble être leur slogan.

Parmi les exemples de leur manque de raisonnement, notre équipe s'est vue imposer une pénalité la privant de toute prétention à un podium pour être arrivée en retard à l'inspection technique. Le hic, c'est que l'on nous avait demandé d'être sur place à 16 heures sans nous avoir prévenus que ladite inspection se terminait à 16h30. Deux ou trois bouchons de circulation, des travaux routiers inopinés et de mauvaises instructions ont été suffisants pour retarder notre arrivée au-delà des limites prescrites dont nous on avait omis de nous faire part.

Sans la présence de Honda, il n'y aurait eu que 7 ou 8 voitures dans le Rallye des Énergies Alternatives.

Le trop-plein?

Ce ne fut là que la première de nos désagréables surprises. Un itinéraire qui se heurte à une route barrée, des indications erronées, un interminable trajet dans la boue d'un chemin forestier et, pour finir le plat, un remplissage des réservoirs en fin de parcours effectué tantôt sur une surface plane, tantôt sur une surface légèrement inclinée. Or, chaque manuel du propriétaire d'une automobile contient un paragraphe explicite sur la façon de vérifier la consommation d'un véhicule où il est dit de s'assurer que la voiture est bien à plat au moment de faire le plein.

Mon idée première était d'écrire un article faisant l'apologie de ce rallye nouveau genre en me référant à une expérience personnelle. Malheureusement, je serais malhonnête de vanter un tel évènement qui, selon moi, fait beaucoup plus de tort que de bien à la cause environnementale. Devant un tel manque de sérieux, il est difficile d'adopter cette mission et de la défendre avec conviction. Au lieu d'une sérieuse démarche en faveur des énergies alternatives, l'évènement m'a fait davantage penser aux retrouvailles d'un groupe d'anciens collégiens. Il est important de disculper le promoteur de l'évènement, l'ancien champion de ski Peter Duncan dont la seule erreur a été de s'en remettre à des gens qu'il croyait plus compétents que lui pour faire le travail, ce qui de toute évidence n'était pas le cas.

RIP la FIA

Au lieu de promouvoir la conduite économique, on a multiplié les obstacles pour faire paraître très ordinaires la consommation de la petite dizaine de voitures hybrides engagées dans cette épreuve confidentielle. Malgré cela, nous avons réussi à boucler les quelque 500 kilomètres du rallye à une moyenne approximative (à cause du plein mal fait) de 3,9 litres aux 100 km. Il eut été possible d'abaisser cette marque à 3 litres aux 100 si seulement l'on avait fait appel à des gens adroits travaillant en dehors de la FIA pour organiser un tel événement. D'ailleurs, le sport automobile (y compris la Formule 1) se portera mieux lorsque l'on aura évincé cette bande de fumistes et de profiteurs (la FIA) pour mettre sur pied une nouvelle association dont les responsables sauront défendre les vrais intérêts sportifs avant leurs intérêts personnels.

Ce portrait est bien triste et il ne constitue qu'une seule illustration des divergences de vues, des querelles de clocher et de toutes les petites combines qui sévissent en ce moment dans le milieu environnemental. En somme, la course contre la pollution est loin d'être gagnée et il est plus que temps de faire le grand ménage parmi tous ces zélés défenseurs de notre milieu de vie.