Et puis, le Salon de l'auto de Montréal, avez-vous aimé? Et qu'avez-vous retenu de votre visite? La montée en puissance des multisegments urbains? Ou bien avez-vous été fasciné par cette poignée de prototypes, véritables «fenêtres» ouvertes sur l'horizon des deux ou trois années à venir? La haute performance alors? Ou l'électrification des groupes propulseurs?

Les multiples perspectives dévoilées par la manifestation montréalaise donnaient beaucoup à voir. Plus important encore, elles confirment, une fois de plus, que le marché est en train d'éclater.

Notre prochaine voiture sera un alliage de genres différents, spacieuse, fonctionnelle, parfois élégante. Pour autant, elle ne provoquera pas de vagues. Devant le besoin de connectivité des jeunes et le souci de sécurité des plus vieux, les constructeurs préfèrent élargir les formules qui marchent, creuser le sillon et accélérer le vaste mouvement de recomposition en cours.

Bien sûr, les grands classiques sont encore au rendez-vous. Archétype de la sportive américaine, la Corvette Z06 (voir notre banc d'essai en page 6) présentée en avant-première canadienne à Montréal semble avoir plus de caractère, de raffinement et de puissance que la précédente. La même définition s'applique à la Mercedes C63 AMG, la Dodge Challenger Hellcat.

Derrière, ça se bouscule. Le plus souvent habillés d'une carrosserie aux accents vaguement utilitaires, parfois inédits dans leur genre, voire inclassables, se multiplient les produits dits de niche, conçus à partir d'un châssis récupéré d'un autre modèle. On devrait les appeler produits de ruche, tant ils expriment la frénésie d'essaimage qui a saisi la plupart des gammes, devenues foisonnantes. Une inflation galopante, même.

En parcourant les allées du salon de Montréal, on se disait que ce désir de meubler toutes les niches du marché n'est sans doute pas près de s'inverser. En croisant les modèles, les types de carrosserie et les motorisations proposés par les constructeurs, on aboutit à quelque 1000 références. Plus encore si l'on tient compte des versions offertes. Demain, combien en dénombrera-t-on?

Cette approche désoriente le non-initié et complique forcément le choix des consommateurs. Mais cet élargissement des catalogues ne peut que favoriser l'éclectisme et la diversité du paysage automobile. Ne serait-ce que pour cette raison, on ne s'en plaindra pas.

En segmentant leur offre de la sorte, les marques évitent de mettre tous leurs oeufs dans le même panier. C'est aussi et surtout le meilleur moyen d'aller au-devant des attentes des consommateurs, dont on sait qu'elles évoluent très vite. Hier, l'automobiliste devait s'identifier à son automobile. Aujourd'hui, les termes de l'équation se sont inversés; c'est à la voiture de s'adapter aux préférences et au mode de vie du client. Cela sonne comme une victoire à nos oreilles, non?

Mise au point d'hiver

Depuis un an maintenant, je collabore étroitement avec Benoît Charette à la publication de L'Annuel de l'automobile aux Éditions La Presse. Benoît Charette est journaliste automobile depuis près de 25 ans. Je connais la qualité de son jugement et son intégrité. Lors des essais routiers de la Mercedes-AMG GT-S et de la Nissan Murano en Californie, il s'est ainsi chargé d'évaluer le comportement de ces nouveaux modèles. J'ai pour ma part assisté à la présentation technique et statique de l'AMG-GT, quelques semaines plus tôt, en Allemagne. Quant à la Murano, j'ai eu l'occasion de la détailler au salon de l'auto de Los Angeles et de mener les entrevues avec des responsables de Nissan par la même occasion.

Cela explique pourquoi Benoît Charette est cosignataire des bancs d'essai de ces deux véhicules publiés en décembre et janvier derniers. Le crédit lui a été rendu pour sa contribution à l'évaluation dynamique de ces deux modèles, mais aussi par souci de transparence et de respect à l'égard de nos lecteurs.