De tous les « pièges « tendus par l'industrie de l'automobile, le cabriolet est sans doute l'un des plus redoutables.

La preuve, le mercure peine actuellement à atteindre les 10 degrés et plusieurs songent déjà à rouler à ciel ouvert. Vous, peut-être, mais pas moi ! Je m'en méfie. Les cabriolets ont tendance à nous faire perdre la tête.

Aucune catégorie n'a un tel pouvoir d'attraction chez les consommateurs. Ceux-ci en oublient même parfois leurs obligations, comme cette lectrice - une histoire vraie - qui, un printemps, se procure un cabriolet pour se « souvenir « l'automne venu que son fils était gardien de but...

En fait, peu importe si le moteur consomme comme une éponge ou que le volume du coffre est à peine supérieur à celui de la boîte à gants, c'est le coup de coeur qui l'emporte.

Contrairement à une berline, un utilitaire sport ou une camionnette, le cabriolet est, avec les sportives d'exception, le seul véhicule qu'on peut décider d'acheter au premier regard. Capote repliée, aucun modèle - sauf sans doute le Nissan Murano CrossCabriolet (heureusement destiné au marché américain seulement) - ne peut laisser indifférent.

Folie réservée aux célibataires résidant dans les contrées les plus ensoleillées du globe ? Vous n'y êtes pas du tout. Les plus fortes concentrations de cabriolets se trouvent plus au nord, Canada compris. Au sud, on préfère le climatiseur à la crème de bronzage.

Les constructeurs vous diront aussi que la clientèle a rarement moins de 40 ans, qu'elle est plutôt aisée et - on s'en doutait un peu - fonde presque uniquement son choix sur l'aspect extérieur.

Doit-on en conclure que les acheteurs de cette catégorie sont irrationnels ? Les avis sont partagés. Les amateurs ne manqueront pas de rappeler que le cabriolet a beaucoup évolué au cours des dernières années.

De nouvelles méthodes d'assemblage et l'usage grandissant d'acier haute résistance, d'aluminium, voire de fibre de carbone ont considérablement rigidifié et allégé sa structure. Les capotes se décapsulent désormais presque toutes automatiquement et plusieurs offrent le luxe de le faire en roulant.

Les couvre-chefs en toile sont également plus étanches, et certains résistent même aux lames des cambrioleurs.

Les recherches en soufflerie ont entraîné une réduction des remous d'air dans l'habitacle. D'autres avancées, en électronique et en miniaturisation, ont permis d'insérer des microphones dans les ceintures de sécurité et nous assurent de soutenir une conversation en mains libres tout en roulant à ciel ouvert.

Pour les plus frileux, on a même inventé des buses de ventilation pour souffler de l'air chaud à la hauteur de la nuque.

On sent la chaleur, le froid, le vent et les odeurs, bonnes et mauvaises. Le propre de l'automobiliste esthète est de se lasser aussi vite qu'il s'enflamme. Les amateurs de lignes fluides sont volages. Le cabriolet, c'est un produit très marqué par l'irrationnel, l'impulsif, le futile, le ludique, le saisonnier. Mais lorsqu'on possède un cabriolet, la probabilité d'en acheter un autre ne dépasse pas les 25 %.

C'est sans doute pourquoi j'ai résisté jusqu'ici à en acquérir un. Mais le printemps est encore bien jeune.