Abaisser la consommation moyenne de carburant à 4,32 litres aux 100 kilomètres (54,5 miles per gallon). Tel est l'objectif visé en 2025 par le gouvernement américain. Naturellement cette annonce a été critiquée. Les groupes environnementalistes réclamaient, tout comme l'administration Obama d'ailleurs, une moyenne de 62 mpg. So what? Quel qu'il soit, l'objectif a peu de chance d'être atteint.

Plus d'hybrides, plus d'électriques

L'annonce faite vendredi dernier par Washington demeure une entente de principe. Reste maintenant à la mettre sur papier d'ici la fin de septembre, et si tout va bien, elle sera officiellement mise en application à compter de l'an prochain. Beaucoup de choses peuvent encore changer d'ici là.

L'industrie automobile est parvenue à arracher certaines concessions à la Maison-Blanche. La plus importante consiste en un réexamen des objectifs en cours de route. Les constructeurs automobiles craignent notamment que les exigences de l'administration américaine surestiment le développement technologique nécessaire à l'atteinte de cet objectif. Normal. Mais ce n'est pas la seule préoccupation exprimée par l'industrie. Celle-ci s'inquiète aussi de l'accueil que les consommateurs réserveront à ces «nouvelles» technologies? Entendez par là davantage de tout-électriques et d'hybrides (mi-essence, mi-électrique). Se procureront-ils ces véhicules moins énergivores, mais qui risquent de coûter plus cher ?

Pour satisfaire aux normes de l'administration américaine, le secteur automobile ne table pas seulement sur ce type de véhicules. Il devra également adapter plusieurs avancées technologiques à sa production actuelle pour abaisser la consommation. Des dispositifs comme la coupure automatique du moteur à l'arrêt, la désactivation d'un certain nombre de cylindres en vitesse de croisière, la récupération d'énergie lors du freinage et bien d'autres technologies connues aujourd'hui devront se répandre sur l'ensemble des modèles. Et cela aura un coût. Selon une étude publiée au mois de juin dernier par le Center for Automotive Research, ces technologies pourraient ajouter jusqu'à 11 390$ au coût unitaire d'un véhicule. Voilà pour la mauvaise nouvelle. La bonne maintenant. Cette surprime sera largement compensée par les économies réalisées à la pompe.

La vraie solution?

Actuellement, l'essence représente 47% de la demande américaine de produits pétroliers, dépassant en moyenne l'an dernier les 9 millions de barils par jour. Selon des économistes, si le parc automobile américain demeure stable, la demande d'essence devrait diminuer de 22% d'ici 2016 pour tomber à 7 millions de barils par jour. La mise en place des nouvelles normes se traduirait, selon ces mêmes économistes toujours, par une nouvelle baisse de la consommation, pour s'établir à 5 millions de barils par jour en 2025. Le gain est modeste.

Pour accélérer le mouvement, une solution est préconisée: augmenter radicalement le prix de l'essence. Une telle mesure permettrait non seulement à l'administration américaine de renflouer ses coffres - ce dont elle a grandement besoin par les temps qui courent - et forcer ses concitoyens à changer une fois pour toutes leurs habitudes d'achat. De plus, une forte hausse du coût des carburants soustrairait les législateurs - devant une industrie toujours à la recherche d'un passe-droit, - à la pression d'assouplir les règles de consommation à l'égard notamment des grosses camionnettes sous le faux prétexte que celles-ci sont utilisées pour le travail.