Cette voiture-là est censée être une Volkswagen. Une Golf des années 70. Le plus surprenant chez elle n'est ni la couleur - un vert fluo aveuglant - ni la croix gammée embossée sur son capot. C'est son intérieur plutôt. Un habitacle entièrement habillé d'une épaisse fourrure mauve. Style Barney - personnage poilu de l'émission éponyme - mais époque disco. «C'est fou, mais elle reflète bien ma personnalité, dit son propriétaire, Mattias Dittmar, 23 ans. Mais elle a bouffé toutes mes économies, de sorte que je vis toujours chez mes parents.»

C'est ce qu'on appelle le tuning. Personnaliser sa voiture et des accessoires à son goût. À l'imagination bien souvent excentrique. La semaine dernière, ils étaient plusieurs dizaines de milliers comme Mattias Dittmar à se rendre à Karthen, en Autriche, pour participer au Worthersee Tour 2011. Le plus grand rassemblement d'Europe de voitures tape-à-l'oeil et sans doute le plus décadent avec ses spectacles de danseuses érotiques, ses participants déjà éméchés avant l'heure du midi et le mauvais goût des inscriptions trouvées sur les t-shirts et strings vendus sur place.

Fixer un cercueil sur le toit de son toit. Incruster poignées, rétroviseurs, jantes et logos de (faux) diamants. Peindre tous les éléments mécaniques qui se trouvent sous le capot d'une couleur différente. Jouer à la PlayStation 3 sur un écran aussi large que la voiture. Rouler avec plus de 7000 watts de musique techno dans les oreilles... Boulonner un moteur Porsche turbo à l'arrière d'une Coccinelle. Couper en deux une Golf pour faire de sa partie antérieure une remorque. Gonfler le moteur grâce à des bouteilles d'azote. Peindre la carrosserie à l'aérographe. Bienvenue dans le monde du tuning où rien n'est impossible.

À la base, les tuners récupèrent une voiture ordinaire. Quelques milliers de dollars plus tard, le véhicule devient plus agressif avec une carrosserie personnalisée dans des teintes qui donnent parfois mal au coeur: rose bonbon, violet, vert ou orange. Certains vont même jusqu'à enduire les tôles extérieures d'un fini «corrosion» particulièrement saisissant.

S'il a du plomb dans l'aile en Amérique du Nord, le phénomène du tuning intéresse grandement les constructeurs européens. Car, pour transformer son auto, un tuner peut facilement mettre jusqu'à 10 fois le prix de la voiture. Le groupe Volkswagen est l'instigateur de cette manifestation qui, cette année, en est à sa 30e présentation. Quatre des filiales du groupe allemand (VW, Audi, Seat et Skoda) étaient d'ailleurs présentes sur place. Plusieurs de ses dirigeants aussi. Ils suivent de près cette mode venue de la rue. Qu'ils les trouvent déroutantes, vulgaires ou ingénieuses, les constructeurs observent les créations des tuners parce qu'elles expriment librement les aspirations de leurs clients.

Plusieurs matériaux et formes interprétés en toute liberté par les tuners sont repris par les constructeurs pour habiller la voiture de monsieur et madame Tout-le-Monde. Les roues qui s'agrandissent ou les chromes que l'on ajoute sont issus de cette mouvance. Idem pour les pédales de commande et les leviers de vitesse en aluminium ou encore pour les compteurs sur fond de couleur. Le tuning donne parfois des idées aux constructeurs. Par chance, ils ne les appliquent pas toutes.

Hangar 7

De passage en Autriche, ne manquez sous aucune grippe le Hangar 7 situé à Salzbourg, tout près de la frontière allemande. Inauguré en 1996, ce musée consacré aux principales lubies de Dietrich Mateschitz, richissime propriétaire de Red Bull, regroupe plusieurs avions bien sûr (P-38 Lighting, F4U Corsair et B-25 Mitchell), mais aussi plusieurs voitures de course frappées du taureau rouge.

Sécurité routière

En Autriche, comme ailleurs, les forces de l'ordre interprètent les règlements à leur guise. Un collègue s'est vu remettre une contravention de 150 euros (environ 212$), son permis de conduire n'étant pas reconnu par la police autrichienne. Pourtant quelques minutes plus tôt, un autre collègue - intercepté pour excès de vitesse - a eu plus de chance. Aucune question sur la provenance de son permis de conduire. «Votre carte de crédit nous suffit», de dire l'un des deux agents, pressé de débiter la somme.

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le Hangar 7.