Ah, la voiture électrique! Tout électrique. On ne parle que d'elle. Normale, elle est censée sauver la planète, l'industrie automobile. Rien que ça? Non, elle pourrait également enrichir Hydro-Québec et faire entrer Jean Charest dans l'histoire. C'est le Belge Camille Jenatzy, qui fut le premier à franchir le cap des 100 km/h avec cette technique en 1899, qui doit sourire. Et Carlos Ghosn aussi. Le père de la Leaf a été le premier, il y a cinq ans, à remettre le courant et à faire de l'automobile tout électrique l'enjeu stratégique de son entreprise. Rappelez-vous, l'idée paraissait saugrenue, voire rigolote à l'époque. Plus maintenant. Cette fois, les prototypes électriques fièrement exhibés sur les moquettes épaisses des salons automobiles ne demeureront pas statiques. Ils rouleront et connaîtront les joies de la production en série.

L'initiative du gouvernement du Québec dans son plan d'action 2011-2020 est juste. Le pari du tout électrique représente une option que l'on ne peut plus négliger en plein débat sur les énergies renouvelables, mais aussi en pleine campagne électorale fédérale. De fait, Jean Charest pousse indirectement les partis fédéraux à clarifier leurs positions, à prendre des engagements. Et cela risque d'être intéressant. Il faut savoir que l'annonce faite la semaine dernière touche davantage les infrastructures, la recherche et développement. L'offre faite aux contribuables est demeurée la même. En optant pour un véhicule tout électrique, le consommateur reçoit un rabais de 8 000$ de Québec. Au fédéral? Rien.

Allô Ottawa!

En voilà un problème. Qu'Ottawa soit complètement débranché du véhicule électrique est une chose. L'ennui est qu'il réglemente aussi l'homologation de tous les véhicules neufs vendus sur son territoire. En clair, si un constructeur veut vendre un modèle X, il doit satisfaire aux exigences des autorités canadiennes en matière de sécurité, de pollution. Et le coût est élevé. Pour le constructeur, celui-ci doit être absorbé par le volume d'unités vendues. Prenons un exemple. Il y a quelques années, la filiale canadienne d'un constructeur automobile a eu l'initiative de faire homologuer seul un seul. On sort la calculette pour voir d'abord combien il en coûte pour obtenir ce véhicule chez nous. Ensuite, on additionne le coût de son homologation. On regarde aussi le prix de la concurrence pour s'assurer de sa compétitivité. Ça ne fonctionne pas, le prix de revient est trop élevé. Oui, mais seulement si les ventes sont inférieures à 10 000 unités. Et si on vendait plus? On recalcule, on fait des prévisions. Ce segment de marché augmente ou non? Ses possibilités de croissance? À un ou deux chiffres. Voilà exactement les calculs que font les constructeurs avant d'offrir un véhicule sur le marché canadien. Et à ceux-là s'en ajouteront d'autres pour les véhicules électriques comme: y a-t-il des infrastructures pour en assurer la recharge? Le Québec répond oui avec ce plan 2011-2020. Mais le reste du Canada, il dit quoi?

Elles sont où?

Laissons aux analystes politiques le soin de recueillir les réactions des partis de l'opposition, d'Hydro-Québec et des groupes de pression. Concentrons-nous plutôt sur l'offre. À l'heure actuelle, elle n'est pas foisonnante. On connaît la Leaf de Nissan, mais où sont les autres? Il faudra faire vite, le programme de rabais de Québec est dégressif, c'est-à-dire que la valeur du chèque diminue de beaucoup à compter de 2014. Le gouvernement québécois estime en effet que le supplément exigé par les constructeurs pour la technologie électrique et hybride aura alors diminué par rapport aux véhicules à moteur à explosion équivalents. Ah oui? Et il connaît quoi, le gouvernement, dans les voitures?

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DANS LE CALEPIN

Ambitieux ou irréaliste? Le plan 2011-2020 du gouvernement du Québec estime que 5% du parc automobile québécois sera composé de véhicules électriques. Précisez «parc automobile québécois», s'il vous plaît. Comptabilise-t-on aussi les quelque 400 véhicules électriques que l'État compte se procurer à compter de l'an prochain? Et les parcs d'entreprise aussi?

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Plus vert

Le véhicule électrique sera le plus propre à circuler sur les routes du Québec, mais le bilan environnemental est beaucoup moins favorable dans d'autres pays. Il est même franchement catastrophique là où les centrales au charbon fournissent la majeure partie de l'électricité.

La Civic à Washington

Elle se découvrira la semaine prochaine à l'occasion du salon automobile de New York, mais la Civic fait aujourd'hui même ses premiers tours de roue à Washington. C'est en effet cette semaine que Honda présente sa compacte aux journalistes. Un banc d'essai complet sera publié dans nos pages aussitôt levé l'embargo sur les impressions de conduite.

Photo fournie par Honda Canada

Le concept coupé de la Honda Civic 2012 a été présenté au dernier salon de Detroit.