De fait, au cours des 10 dernières années, les enquêtes menées par les constructeurs automobiles indiquaient très clairement que vous étiez prêts à vous réconcilier avec celle qui fut longtemps associée à «l'American Dream» mais à une condition. Une seule: elle ne devait pas ressembler (ou très peu) à celle que possédait vos parents. La nouvelle familiale se devait d'être sportive et destinée à une clientèle avec ou sans enfants qui aime conduire et bouger.

De fait, au cours des 10 dernières années, les enquêtes menées par les constructeurs automobiles indiquaient très clairement que vous étiez prêts à vous réconcilier avec celle qui fut longtemps associée à «l'American Dream» mais à une condition. Une seule: elle ne devait pas ressembler (ou très peu) à celle que possédait vos parents. La nouvelle familiale se devait d'être sportive et destinée à une clientèle avec ou sans enfants qui aime conduire et bouger.

En fait, vous souhaitiez une familiale à l'européenne. Pas d'une BMW, d'une Mercedes ou encore d'une Jaguar dont la mission première consiste à ravitailler la résidence secondaire en victuailles et ustensiles de loisirs mais l'équivalent d'une 159 Sportwagon (Alfa Romeo), d'une 407 (Peugeot), voire d'une Croma (Fiat), qui ne craignent pas de se salir la malle un 1er juillet. En un mot, c'est une familiale abordable que vous attendiez. Une familiale fonctionnelle, qui allait vous permettre d'afficher votre sens pratique.

L'industrie vous a entendu, mais elle n'a rien compris. Rien du tout. En lieu et place, elle a concentré ses efforts sur une nouvelle catégorie qui vingt-cinq ans après la fourgonnette allait enfoncer un peu plus le clou dans le cercueil de la familiale: le véhicule métis ou «crossover», si vous préférez. Et connaissant l'ingéniosité des stratèges de l'industrie, il est clair qu'ils trouveront le moyen d'évincer de notre subconscient l'achat raisonnable d'une familiale.

Même Subaru, ardent promoteur de ce style de carrosserie, lance la serviette et retire à la demande de son distributeur américain les familiales Legacy de son catalogue. Y a-t-il lieu de craindre une requête similaire du Canada? Sans doute pas. La version familiale représente 40 % des immatriculations de Legacy au pays. Pourquoi l'importateur canadien se priverait-il d'un pareil potentiel de ventes? Surtout que celui-ci pourrait s'accroître avec la disparition de la Mazda 6 Sportwagon à la fin de l'année. Celle-ci ira rejoindre la Focus SW également laissée sans descendance à compter de l'automne. Et les amateurs du genre seront redirigés vers les CX-7, Tribute, Escape et Edge, les «familiales» des temps modernes. Quel progrès! Ces véhicules sont plus encombrants, plus lourds, plus gourmands et souvent plus chers que les familiales actuellement sur le marché.

Plus personne en Amérique du Nord ne croit au retour de la familiale. Il n'y a que les membres de l'American Station Wagon Owners Association pour garder l'espoir. L'ennui, c'est qu'ils ne sont que 500.

La familiale prise en chasse

Si la familiale a survécu jusqu'ici, elle le doit à ses habits de loisir (Volvo XC70, Subaru Outback) ou à son design plus exclusif (Saab 9-3 CombiSport, Audi A3). Une troisième voie pourrait bien s'ajouter au fil des prochains mois avec le retour d'une formule sportive autrefois aristocratique: le shooting break (familiale de chasse).

Ce concept né en Angleterre à la fin des années 50 fait suite aux demandes répétées de riches chasseurs demandant à des constructeurs ou carrossiers spécialisés de transformer des modèles de coupés sportifs en familiales longilignes, histoire de pouvoir transporter sans encombre leurs fusils, bottes et chiens. Aston Martin surtout, mais aussi Jensen, Bentley ou Jaguar, ainsi qu'à l'occasion Ferrari, Lamborghini ou Porsche ont produit à un ou quelques exemplaires de ces familiales de chasse. Voilà pour la petite histoire.

Volvo a intelligemment repris cette idée d'aristocrate dans la conception de sa P1800, dans les années 60 avant de le revisiter de nouveau dans les années 80 avec la 480 (non importée au Canada), puis tout récemment avec la C30. Et voilà que Mini se lance à son tour avec la Clubman (une Mini allongée de 24 centimètres) devançant de quelques mois la présentation de la Sirocco (Volkswagen) qui, elle aussi, reprendra le même concept : deux portes, quatre places, hayon, toit long et capot court. Pas aussi pratique qu'une vraie familiale, mais bon, ça en a l'air.

Pour joindre notre collaborateur: eric.lefrancois@lapresse.ca