La publicité avant la vente a créé de grandes attentes. On prévoyait des offres entre 12 et 15 millions US, bien plus que le record précédent établi en 1987 par la vente d'une Bugatti Royale au prix de 8,7 millions US.

La publicité avant la vente a créé de grandes attentes. On prévoyait des offres entre 12 et 15 millions US, bien plus que le record précédent établi en 1987 par la vente d'une Bugatti Royale au prix de 8,7 millions US.

La voiture tant convoitée, une Auto Union D-type de 12 cylindres, avait été construite par une entreprise allemande qui englobait la marque Audi. Une vingtaine d'exemplaires seulement avaient été produits, et les recherches initiales indiquaient qu'il s'agissait du châssis numéro 21, gagnant du Grand Prix de France en 1939.

Mais avant que la vente aux enchères n'ait lieu, en février, Christie's, travaillant de concert avec Audi Tradition, gardien des dossiers historiques du constructeur, a réussi à déterminer qu'il s'agissait en réalité du châssis numéro 19. Cette voiture, conduite par le pilote Hans Stuck, avait aussi complété la course de 1939, mais au sixième rang...

Christie's a annoncé la découverte et retiré la voiture de l'encan. «Nous étions déçus de ne pouvoir offrir la D-type en vente publique à cause de sa provenance, mais nous prenons ces questions très au sérieux. Heureusement, nous avons vu juste.»

L'erreur commise avec une voiture dont le pedigree est si bien documenté illustre bien les défis que doivent relever les acheteurs de voitures classiques. Quoiqu'il n'y ait pas eu d'intention de fraude dans le cas de l'Auto Union, la valeur croissante des voitures de collection pourrait inciter des vendeurs sans scrupule à dénaturer leurs offrandes.

Voilà où interviennent les experts.

«Depuis des années, des problèmes se posent avec les voitures de course et plusieurs classiques», déclare Deane Fehrman, de Golden, au Colorado, évaluateur d'automobiles et membre de l'American Society of Appaisers.

«Avec des voitures de course, il est difficile de déterminer si celle que vous avez est réellement celle qui a fait la course», précise M. Fehrman, évoquant les multiples changements d'équipements qui peuvent survenir durant la carrière d'une voiture. Les chiffres, quand il y en avait à l'époque, ne servaient qu'à des fins de calcul d'inventaire, et non d'identification.

Comme dans le monde des beaux-arts, les tentatives de fraude les plus poussées surviennent quand le potentiel de profit est maximisé.

Rappelons l'histoire de la Ferrari vendue par Lord Brockett, un collectionneur britannique des années 80. Durant cette décennie, l'augmentation des prix des Ferrari de collection semblait irrésistible. Lord Brockett a commandé une reproduction d'une Ferrari 250 SWB (empattement plus étroit), devant être construite sur le châssis d'une 250 GTE 2 (PLUS) 2, beaucoup moins coûteuse.

La voiture originale a été retrouvée plus tard, et Lord Brockett a abouti en prison pour une variété d'infractions, y compris une tentative de frauder les assurances en découpant cinq voitures et en les enterrant sur le domaine familial. Il est aujourd'hui conférencier spécialiste de la motivation.

De telles falsifications sont de plus en plus difficiles à dissimuler. Ferrari a récemment lancé un programme, Ferrari Certificato di Identificazione, qui délivre un certificat d'authenticité. Les propriétaires peuvent faire vérifier l'originalité de leur voiture, y compris le nom du propriétaire ou du vendeur original.

D'autres constructeurs automobiles offrent de l'aide aux propriétaires qui veulent savoir si leur voiture est authentique, ou du moins ce qu'elle était quand elle a été construite. Ces renseignements sont particulièrement utiles pour les propriétaires de voitures américaines des années 60 et 70.

La disponibilité de pièces de rechange ou de pièces reproduites permet à un vendeur sans scrupules de créer facilement un clone ou une réplique d'un bolide en transformant un modèle plus commun - ce que les constructeurs ont fait, justement, en transformant la Tempest en Pontiac GTO.

Par exemple, les archivistes de Pontiac conservent des copies des dossiers d'usine de plusieurs de ses produits plus anciens. Ils peuvent fournir aux propriétaires ou acheteurs éventuels de voitures Pontiac une copie de la facture d'usine ou l'historique de facturation de leur voiture, ainsi qu'une lettre qui traduit les codes d'options en usine.

Pour les véhicules Dodge, Plymouth, Chrysler et DeSoto, la collection historique de DaimlerChrysler conserve des renseignements sur plusieurs voitures individuelles construites entre 1930 et 1967. Des renseignements sur ces modèles, conservés sur des cartes perforées IBM, sont disponibles.