Bertrand Gahel est l’auteur du Guide de la Moto

En plus de créer une monture aussi forte en caractère que gratifiante en pilotage sportif, BMW s’est habilement doté d’une moto sans équivalent direct sur le marché.

Mais tout cela n’est pas donné, à près de 20 000. En guise de consolation, les acheteurs pourront compter sur un nombre certain d’années à venir sans changement majeur. Et puis, n’ont-ils pas eu huit ans pour économiser?

Bertrand Gahel est l’auteur du Guide de la Moto

Les frais d’hébergement et de transport pour ce reportage ont été payés par BMW.

Ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit d’une monture inconfortable. Vibrant de manière un peu moins marquée que la 1100, dotée d’une selle très décente, bénéficiant de suspensions étonnamment souples, équipée d’un excellent pare-brise et dotée d’une position de pilotage typée sans être extrême, la R1200S n’est certes pas une mauvaise routière.

Bien que des efforts aient ainsi clairement été faits pour garder la nouveauté tolérable en usage quotidien, son penchant sportif est indéniable, comme en témoignent un tout nouveau châssis, une fourche aux poteaux surdimensionnés, des freins exempts du système assisté présent sur la plupart des autres BMW, et la possibilité de désactiver l’ABS à la simple pression d’un bouton, pour le pilotage sur circuit. Sans parler, évidemment, de la savoureuse fougue avec laquelle le Twin Boxer prend ses tours.

En faisant renaître la S, BMW aurait pu se lancer dans une guerre sans fin de technologie et de chevaux avec des manufacturiers nippons ou même italiens, mais il a intelligemment préféré rester loin de telles comparaisons en se limitant tout bonnement à mettre à jour le charmant concept de la R1100S.

Allégée de 13 kg et bénéficiant de 24 chevaux supplémentaires, la S de nouvelle génération semble avoir des ailes par rapport à l’ancienne. Celle qui était ultrastable mais quelque peu paresseuse de la direction est aujourd’hui étonnamment agile sans être moins solide.

Sur circuit, même si on est loin de la nervosité d’une sportive japonaise de 600 cc, on découvre néanmoins une monture qui récompense davantage un pilotage coulé et précis qu’incisif et irrégulier. L’effort au guidon est substantiel sans être trop élevé, l’aplomb en pleine inclinaison est délicieux, et l’accélération, sans être foudroyante, reste grisante. Avec 122 chevaux, le bicylindre boxer de 1200 cc est le plus puissant du genre jamais produit. L’effet de couple inhérent à cette configuration mécanique se traduit par une franche secousse latérale à chaque passage de vitesse en pleine accélération, tandis que chaque instant en selle s’accompagne du bourdonnement mélodieux exclusif à la marque allemande.

Si la première génération du modèle était offerte en version Ç confort (poignées plus hautes et plus gros pare-brise), BMW a choisi d’orienter la nouvelle R1200S dans une direction purement sportive.

Au fil des ans, cette moto, qui a longtemps été la plus sportive de la gamme BMW, a été la monture fétiche d’un certain type d’amateur. Amants de pilotage sportif plutôt qu’extrême, de lignes élégantes plutôt que criardes et de mécaniques caractérielles plutôt que de puissance inutilisable, ces fans étaient complètement tombés sous le charme de l’allemande. J’en faisais partie.

Preuve de l’équilibre de la formule initiale, personne ne s’est plaint trop fort que la R1100S ne change pas malgré les années. Même lorsque la gamme entière de BMW à moteur boxer est passée au 1150cc/6 vitesses, il y a quelques années, la S est demeurée la même.

Depuis que la firme de Munich a entrepris de revigorer son catalogue au grand complet en augmentant la puissance et en diminuant le poids de ses engins, il y a environ deux ans, il était particulièrement pénible d’attendre la nouvelle S. Mais cette attente a été profitable, puisque la nouvelle R1200S peut déjà être considérée comme un classique.