Pour certains amateurs d’automobile, l’électrification peut symboliser une perte de sens, une transition vers une vision aseptisée dépourvue de toute expressivité. Avec l’avènement de la conduite semi-autonome en parallèle, cette observation n’est pas dépourvue de sens, mais teinte sans doute trop l’avenir sans carburant que nous réservent les constructeurs. La Kia Soul EV, une exclusivité canadienne en Amérique du Nord, s’affaire à rendre cette transition moins ennuyante.
Le design
Qu’on aime sa morphologie ou qu’elle nous répugne par ses lignes tendues qui semblent tracées à l’équerre, la Soul n’en a que faire. La sous-compacte table sur cette image iconoclaste depuis maintenant 11 ans, une forme cubique qui a néanmoins évolué au gré des cycles. Sa dernière itération lancée en 2019 (année-modèle 2020) cultive un côté plus irrévérencieux, avec ses phares filiformes mariés par un trait continu qui percent du regard le haut de son bouclier. De côté, les jantes à cinq branches texturées en pointes de pizza démarquent aussi cette livrée EV. On remarque aussi son toit qui semble suspendu, résultat d’une astucieuse illusion des piliers noirs. La partie arrière, exposant de grands feux en L, est calquée sur les autres déclinaisons. Seuls l’absence de pot d’échappement et la présence d’un petit écusson montrent avec pudeur qu’elle s’alimente uniquement en électrons.
À bord
Lorsqu’on prend place à bord, on constate que cette Soul cherche à être nettement plus consensuelle ici. Certes, le haut des portières, agrémentées de motifs en relief d’arcs qui s’enchevêtrent, ainsi que les buses mariées aux haut-parleurs assurent une certaine originalité, mais le noir prédomine. Kia a plutôt choisi d’employer l’éclairage, réglable, pour donner vie au décor, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Les plastiques employés sont dans l’ensemble de bonne facture, avec beaucoup de surfaces souples. Le volume intérieur demeure par ailleurs fort impressionnant pour le gabarit du véhicule. Cette Soul s’avance comme une belle solution de rechange à bien des VUS, avec un bon dégagement pour la tête à toutes les places, un des avantages de sa forme cubique. L’ergonomie des commandes est aussi à souligner : elles sont placées de manière logique et sont bien lisibles.
Sous le capot
Bien calé dans le fond d’un compartiment moteur conçu pour recevoir des moulins thermiques, on retrouve un moteur électrique synchrone à aimant permanent. Il n’entraîne que les roues avant et avance 201 ch (134 ch en version Premium) et 291 lb-pi de couple pour convaincre, un gain substantiel face aux 147 ch de la livrée à essence. C’est l’évidence même, cette motorisation se fait peu bavarde. Hormis un son doucereux émis à basse vitesse pour mettre en garde cyclistes et piétons, le silence règne. On tire plaisir de l’aplomb de cette mécanique avec son couple qui s’exprime sans hésitation. Pour ce qui est de l’autonomie, la version Limited à l’essai avec sa batterie de 64 kWh pouvait assez facilement atteindre les 340 km en contexte hivernal. Évidemment, c’est moins que les 383 km promis, mais le déficit est fort raisonnable compte tenu du contexte.
Derrière le volant
Malgré sa ligne de toit haute, le centre de gravité de cette Soul EV est assez bas en raison du positionnement de sa batterie sous le plancher. Cela dit, cet attirail ajoute du poids, beaucoup de poids. Pas moins de 360 kg séparent la livrée électrique de sa sœur à essence. Les ingénieurs ont néanmoins fait du bon boulot pour préserver la répartie de cette Soul. La direction la guide avec une agréable précision, sans toutefois transmettre beaucoup de ressenti. On perçoit une belle agilité dans la plupart des contextes, mais on sent l’amortissement travailler différemment. Ainsi, tout ce poids est perceptible lorsque les amortisseurs sont en phase de compression, donnant une secousse un peu plus marquée lorsque la caisse « s’assoit ». L’ajustement de la pédale de freinage mériterait une révision, elle qui donne peu de marge de manœuvre en freinage appuyé, ce qui fait intervenir rapidement le système antiblocage.
Les technologies embarquées
Prenant clairement pour cible une clientèle plutôt jeune, la Soul EV tend un calepin de caractéristiques technologiques fort complet. Le système multimédia à écran de 10,25 po est intuitif et réagit rapidement à la moindre manipulation tactile. L’écran est aussi bien intégré à la planche de bord et dispose de touches physiques pour l’appuyer. Le volet d’alimentation électrique est aussi complet et permet de bien comprendre les tenants et aboutissants de son autonomie et de sa recharge, tout en proposant les bornes de recharge les plus proches. Apple CarPlay et Android Auto sont présents de série, tout comme l’application pour téléphones intelligents UVO. C’est aussi fort complet côté sécurité active, avec tout un éventail, dont le régulateur de vitesse adaptatif qui s’est montré efficace, sans coût supplémentaire. La note discordante se situe du côté de la chaîne Harman Kardon, qui manque cruellement de moyens lorsque les compositions se font plus complexes.
Le verdict
Une question demeure fondamentale ici : êtes-vous prêts à débourser la rondelette somme de 51 895 $ pour mettre la main sur une Soul EV Limited ? Certes, ce prix ne tient pas compte des mesures incitatives gouvernementales, mais le coût associé à une telle acquisition demeure très élevé. Alors que Ford amorce le lancement de sa Mustang Mach-E à un prix de départ semblable et que Chevrolet vient d’annoncer une baisse importante du coût de sa Bolt retouchée (38 198 $), la Soul EV se trouve dans une position nettement moins confortable qu’auparavant. La concurrence va se faire de plus en plus rude, alors que bien des constructeurs promettent de nouvelles entrées plus abordables, modernes et performantes dans le tout-électrique. La Kia Soul EV est un bon véhicule, il ne fait pas de doute. Bien construite, bien insonorisée et agréable à conduire, elle est convaincante. Mais, au-delà de l’expressivité, est-ce assez ?
Carnet de notes
Fiche électrique bien placée
À l’instar entre autres de la Nissan Leaf, la Kia Soul EV a sa fiche positionnée à l’avant, au-dessus de la calandre, ce qui facilite les manipulations lorsque vient le temps de la brancher à une borne.
Temps de recharge variable
Évidemment, avec une batterie d’aussi grande capacité, la recharge de la Soul EV doit inévitablement se faire au moyen d’un chargeur de niveau 2. Celui-ci prendra 9 h 35 min pour renflouer l’énergie au complet. Une borne de 50 kW demande 75 minutes, alors qu’une borne de 100 kW prendra 1 heure de votre temps.
Un coffre volumineux
En raison de sa forme cubique, cette Soul dispose d’un coffre étonnamment volumineux de 663 L, autant que la livrée à essence.
Attention à la tête
En raison de la ligne de toit qui s’abaisse légèrement vers l’arrière, les passagers arrière doivent se pencher lorsqu’ils y prennent place pour éviter de se heurter la tête.
Une version plus abordable
La déclinaison Premium de la Soul EV est proposée à un prix moindre de 44 905 $, mais est mue par un moteur moins puissant (134 ch) et a beaucoup moins d’autonomie (248 km).
Fiche technique
Modèle à l’essai : Kia Soul EV Limited
Moteur : Moteur électrique synchrone à aimant permanent
Puissance : 201 ch
Couple : 291 lb-pi
Transmission : à entraînement direct
Architecture motrice : moteur transversal avant, traction
Autonomie estimée (constructeur) : 383 km
Prix (avec options, transport et préparation) : 54 040 $
Concurrentes : BMW i3, Chevrolet Bolt, Kia Niro, Hyundai Kona, Hyundai Ioniq, Mini Cooper et Nissan Leaf
Du nouveau en 2021 ? Aucun changement majeur