Présenté il y a tout juste un an dans sa forme définitive (au Tokyo Motor Show), le RVR prend aujourd'hui la pose derrière les vitrines des concessionnaires canadiens. Il s'agit de la troisième génération de ce modèle né il y a 20 ans.

Les lecteurs les plus âgés se souviendront que la première génération de Mitsubishi RVR a fait carrière au Canada sous les couleurs d'Eagle et Plymouth, deux marques aujourd'hui disparues. À cette époque, la Summit (c'était son nom canadien) comptait elle aussi cinq portes, mais deux d'entre elles étaient coulissantes. Comme la Mazda5. Il s'agissait donc d'une fourgonnette compacte qui, au fil des refontes, s'est muée en utilitaire urbain.

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Nouvelle étiquette (pour nous à tout le moins) et nouvelle vocation, pourtant le RVR n'est pas un inconnu pour autant. Il s'agit en effet d'une autre manipulation génétique dont l'industrie automobile a le secret. En effet, cette carrosserie qui conjugue métal et plastique couve une plateforme similaire à celle de l'Outlander. Rien de bien neuf non plus sous le capot puisque le RVR retient les services d'un moteur quatre cylindres de 2 litres, lequel a été conçu en partenariat avec Chrysler et Hyundai. «Seulement la structure», s'empresse d'indiquer le vice-président aux ventes, à la mise en marché et à la planification de Mitsubishi Canada, Tomoki Yanagawa. «Tout le reste nous est exclusif, y compris la culasse.»

À l'image du Rogue de Nissan, l'une de ses cibles, le RVR fait appel à une boîte automatique à variation continue. Cette boîte communément appelée CVT (Continuously Variable Transmission) a pour principal avantage d'être particulièrement bien adaptée aux caractéristiques intrinsèques du moteur à combustion interne qui, typiquement, présente une plage d'efficacité relativement étroite en fonction de la charge et de la vitesse. Lorsqu'il est possible de le faire fonctionner à l'intérieur de cette plage, on réduit alors de manière substantielle les émanations polluantes et la consommation d'essence. Voilà pour la théorie. En pratique, ou plutôt à l'usage, cette boîte, comme bien des boîtes CVT d'ailleurs, donne peu ou pas satisfaction en raison notamment de cette sensation bizarre (et audible surtout) de rouler sur le mauvais rapport.

Cette explication nous amène à clarifier la nomenclature de la gamme puisqu'il existe aussi une solution de rechange à cette boîte CVT: une boîte manuelle. Hélas, seul le modèle d'entrée de gamme à roues avant motrices retient ses services. Tout un dilemme. En optant pour la boîte manuelle, vous vous privez des services du rouage à quatre roues motrices, toujours utile si vous demeurez à l'extérieur des grands centres.

 

Un habitacle peu inspiré

«Ça manque d'imagination.» Voilà, sans détour, la première impression ressentie en prenant place à bord du RVR. De fait, on a l'impression d'avoir vu et revu cette décoration des centaines de fois. La critique paraîtra sans doute dure, voire injustifiée, à plusieurs, mais il faut savoir que Mitsubishi a longtemps défendu une vision plus décalée dans ce domaine et, du coup, avait le mérite de rompre avec le classicisme de ses concurrents. En fait, le seul vestige de cette époque Tokyo by night consiste en une guirlande lumineuse ensachant le toit ouvrant panoramique.

Une autre récrimination inscrite dans notre calepin de notes: la qualité très moyenne des matériaux utilisés dans la confection de cet habitacle. Il y a pire, mais il y a mieux. En revanche, le RVR peut faire mieux au chapitre de la précision avec laquelle les pièces sont liées les unes aux autres.

Dans son ensemble, les principales commandes sont bien disposées. Comme la colonne de direction se déplace sur deux axes combinés aux ajustements du baquet du conducteur, il est aisé de trouver une position de conduite confortable.

 

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

«Ça manque d'imagination.» Voilà, sans détour, la première impression ressentie en prenant place à bord du RVR. De fait, on a l'impression d'avoir vu et revu cette décoration des centaines de fois.

À l'arrière, l'accès aux places ne pose pas problème. Pas de coussin coulissant, comme c'est la tendance, mais la possibilité d'incliner partiellement les dossiers de la banquette. Un classique. Tout comme la modularité de l'habitacle, d'ailleurs. On escamote en tout ou en partie les dossiers pour accroître le volume utilitaire. À ce sujet, le RVR fait bien. Très bien, même. Surtout la version à roues avant motrices - au train arrière vierge - qui bénéficie de plus d'espace (l'équivalent de 45 litres) et, en prime, d'un réservoir d'essence de plus grande capacité (63 litres au lieu de 60). En revanche, peu importe la configuration retenue, la lunette demeure agrafée en permanence au hayon; dommage, cela réduit la polyvalence de ce véhicule.

La voix du coeur

À ce stade-ci, le RVR nous déçoit plus qu'il nous enthousiasme. Peut-être demande-t-il à être jugé en priorité sur l'efficacité de son comportement routier? Or, à ce chapitre, le dernier-né de Mitsubishi fait un peu plus d'étincelles. Solidement campé sur ses pneus de 18 pouces, le RVR vire relativement plat et offre un comportement routier très prévisible. Les éléments suspenseurs font du bon travail pour minimiser les mouvements de caisse, sans nuire au confort des occupants. De plus, son court rayon de braquage lui confère une belle agilité, accrue par l'assistance d'une direction bien dosée, quoiqu'un peu imprécise au centre.

Aussi sophistiqué puisse-t-il paraître avec cette molette placée au pied de la console et qui permet de configurer manuellement son rouage intégral, le RVR n'a pas été conçu en fonction d'expéditions hors route, mais plutôt pour assurer une conduite plus sûre sur une chaussée à faible coefficient d'adhérence. Cela représente un atout par rapport à la version à deux roues motrices, mais il y a un prix à payer: la consommation s'en ressent un peu.

Malheureusement, les qualités dynamiques du RVR sont ternies par les performances générales de son groupe motopropulseur. À commencer par le manque de discrétion du moteur 2 litres. On peut comprendre pourquoi: la boîte CVT s'amuse à le torturer. Même si le quatre-cylindres n'entretient pas des rapports parfaitement «huilés» avec la CVT, celle-ci n'est pas la seule à blâmer.

Les 148 chevaux et les 145 livres-pied de couple du 2-litres sont insuffisants pour mouvoir une telle masse. Le rapport poids/puissance inscrit dans notre tableau en fait foi. Si l'accélération paraît plus stupéfiante qu'elle ne l'est réellement, les reprises, elles, s'avèrent plutôt laborieuses.

Bilan tiède, donc, pour le RVR qui, dans sa version GT à tout le moins, n'a pas le talent nécessaire pour se détacher de la meute des utilitaires. Étant donné son retard, on se serait attendu à mieux. Était-ce trop demander?

Les frais liés à ce reportage ont été payés par Mitsubishi Canada.

NOUS AIMONS

Le rapport encombrement/volume intérieur

La garantie alléchante

L'agilité de son comportement

NOUS AIMONS MOINS

Le châssis sous-motorisé

Le niveau sonore élevé

La qualité inégale de l'assemblage

CE QU'IL FAUT RETENIR

Fourchette de prix: 21 998 $ à 28 498$

Frais de transport: 1450$

Versions essayées: GT

Garantie de base: 60 mois/100 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: 10,3 L/100 km (estimation)

Dans les concessionnaires: maintenant

SURVOL TECHNIQUE

Moteur thermique: L4 DACT 2,0 litres

Puissance: 148 ch à 6000 tr/min

Couple: 145 lb-pi à 4200 tr/min

Poids: 1480 kg

Rapport poids/puissance: 10 kg/ch

Mode: Intégral (traction: SE FWD)

Transmission de série: Manuelle 6 rapports (SE FWD)

Autres transmissions: Semi-automatique CVT (SE et GT AWC)

Direction/diamètre de braquage: Crémaillère/10,6 mètres

Freins/ABS: disque/de série

Pneus (de série): 255/55R18

Capacité du réservoir/essence recommandée: 60 litres/ordinaire

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

La modularité de l'habitacle ne pose pas problème. On escamote en tout ou en partie les dossiers pour accroître le volume utilitaire. À ce sujet, le RVR fait bien. Très bien, même.