Au cours des trois dernières années, le prix du Touareg a baissé. Et baissé encore. De 55 010$ en 2005, il est passé à 44 975$ aujourd'hui. Comment expliquer cela? C'est facile: certaines caractéristiques autrefois offertes de série sont devenues des options.

Ainsi, la climatisation automatique à deux zones (conducteur et passager avant), le rétroviseur intérieur à coloration électrochimique, les commandes électriques des sièges, les éléments chauffants sont maintenant des options. Le prix de revient a tout de même baissé. Ainsi, par rapport à 2005, la version 2008 coûte tout de même 9348$ de moins et, puisque vous voulez tout savoir, 5145$ de moins que le modèle équivalent (équipements compris) de l'année dernière. Il reste que les options individuelles sont très rares et que le consommateur n'a d'autre choix que d'opter pour des groupes extrêmement coûteux.

Il faut absolument garer le «nouveau» Touareg (2008) au côté des «anciens» (2003-2007) pour déchiffrer les codes esthétiques que Murat Günak, le styliste de l'époque, a cherché à imposer - une calandre nickelée en forme de H, par exemple - avant d'être brutalement limogé Dommage, puisque ce style ne survivra pas à son auteur; Martin Winterkorn, le président du constructeur allemand, ne l'aime pas, et préfère que les Volkswagen qui naîtront sous sa houlette affichent une mine moins expressive. Comme lui?

Contours plus scintillants

Profitons du temps qu'il reste (deux ou trois ans tout au plus) pour contempler la forme de ce Touareg aux contours rendus plus scintillants grâce à sa calandre, bien sûr, mais aussi à ces deux baguettes de chrome qui circonscrivent sa longueur hors-tout, son empattement de 2855 millimètres. À ces transformations extérieures s'ajoutent des phares redessinés, des feux arrière fumés et un becquet grimpé sur la cime du hayon, lequel, hélas ne change rien au coefficient de traînée aérodynamique plutôt banal (0,41) de ce Volkswagen par rapport aux autres véhicules de la catégorie.

À bord, les changements sont aussi très discrets. Ils touchent essentiellement les sièges qui profitent, tout comme certains matériaux de l'habitacle, d'un garnissage plus soigné. Partout ailleurs où ils poseront leurs yeux, les - rares - habitués de ce VW haut sur pattes n'auront aucun mal à trouver leurs repères. Rien n'a véritablement changé.

L'habitabilité demeure toujours aussi moyenne, en regard des dimensions extérieures. Pour preuve, le dégagement pour les jambes à l'arrière est inférieur à celui d'une Nissan Versa... Et le coffre n'est guère plus accommodant pour nos bagages ou nos sacs de sport, considérant sa configuration cinq places. Même avec la banquette rabattue, la longueur de chargement demeure somme toute limitée. En revanche, la lunette s'ouvre indépendamment du hayon, ce qui se révèle très pratique à l'usage.

Peu impressionnant quant à son volume intérieur, le Touareg se rachète par une présentation très valorisante et en accord avec les prix demandés. Le traitement bicolore du tableau de bord, auquel se mêlent des appliqués de bois et de métal, est du plus bel effet et dégage une impression de solidité. La position de conduite idéale est facile à trouver, et l'usage de la plupart des commandes ne requiert pas de lire le manuel du propriétaire. On regrettera toutefois de retrouver le changeur de disques dans le coffre et que les espaces de rangement soient si peu nombreux.

Le cahier de charges du futur Touareg est déjà figé et on ne peut que souhaiter que ses responsables aient porté une attention toute particulière au poids, l'un des plus sérieux handicaps de la génération actuelle. Affichant près de 2,4 tonnes à la pesée, le Touareg pèse 172 kilos de plus qu'un Cayenne, son alter ego, qui n'est pas un maigriot non plus. Le Touareg bénéficie, diront certains, de mécaniques légèrement plus véloces, mais le problème demeure entier: ce châssis est beaucoup trop lourd.

 

L'explication tient sans doute à la volonté de ses concepteurs de le rendre extrêmement compétitif sur les chemins de clairière. Il l'est, mais était-ce bien nécessaire? Combien de propriétaires mettront en péril le vernis de la carrosserie et le lustre des jantes?

Même s'il brasse parfois ses passagers - ceux assis à l'arrière surtout - sur nos routes cahoteuses, le Touareg réalise tout de même un excellent compromis entre bitume et tout-terrain. Solide et efficace, il engrange les kilomètres sans se (nous) fatiguer.

Cet amortissement de qualité profite également à la conduite, plutôt précise et proche de celle d'une grande berline de deux tonnes. Malgré tout, à rythme élevé, et en virage, le centre de gravité important et surtout le poids pénalisent l'agilité de ce véhicule. De la même manière, le V6 de 3,6 litres, brillant sous le capot d'une Passat, apparaît ici muselé. Et pour cause, ce pauvre V6 a 656 kg excédentaires à mouvoir. Sa souplesse, sa sonorité sympathique et la réponse vive de l'accélérateur lui permettent de faire illusion au premier contact.

Toutefois, pour réaliser un temps d'accélération comme celui que nous avons obtenu (voir tableau), il ne faut pas hésiter à le brusquer, ni à jouer du levier de vitesse pour en extrapoler le maximum. Au sujet de la boîte, mentionnons que sa gestion nous est apparue moins écervelée au moment de choisir le bon rapport que sur les versions que nous avions essayées au moment de son lancement en 2004. Et la manuelle alors? Elle a disparu aussi discrètement qu'elle a été diffusée.

Consommation d'essence

Si la boîte semi-automatique à six rapports est plus rapide, elle n'aide en rien à ménager les 100 litres d'essence du Touareg (ce qui n'est pas de trop pour lui assurer une autonomie correcte). Même en posant un oeuf sous la pédale d'accélérateur, nous n'avons été en mesure de faire mieux que 14,7 l/100 km. Avec un prix à la pompe qui s'annonce supérieur à 1,40$ le litre le printemps prochain, ce Touareg sera, à l'image de Kevin Parent, un véritable «nomade sédentaire».

Les transformations apportées au plan technique représentent chacune un avantage. L'efficacité du freinage - déjà très bon - bénéficie de capteurs plus sophistiqués pour gérer le dispositif antiblocage et le correcteur de stabilité électronique, lequel est muni d'une fonction antiretournement.

Agréable à vivre, le Touareg masque difficilement ses rides en matière de volume intérieur, de poids et de consommation. Son salut passera par la version turbodiesel attendue à l'automne, mais seulement si Volkswagen se garde une petite gêne au moment d'établir le montant de la facture.