Renouant avec le passé auréolé de lauriers de l'UrQuattro, Audi réinscrit un coupé à son catalogue. Depuis quelques années, certaines études de style rappelaient qu'il y avait des soubresauts sous la pierre tombale. Audi renoue avec un tel soin avec ce segment de marché que les ventes sont en progression constante.

Walter De'Silva, qui en a habillé bien d'autres, considère ce coupé comme sa plus belle création. Il n'a pas tort. Rarement les lignes d'une voiture ont-elles mérité autant d'éloges, d'autant plus qu'un coupé se vend surtout sur sa bonne mine. Réputées belles aussi, la Série 3 et la CLK redouteront la comparaison, tant le coupé Audi a quelque chose de particulier. En fait, cette longue silhouette défile dans la rue comme un mannequin sur une passerelle, avec une élégance de bon ton et l'exclusivité à bon compte.

 

Toutes proportions gardées, cette splendide voiture n'est pas si chère (65 900$), considérant qu'aucun autre coupé dans sa catégorie ne dispose d'une cylindrée aussi importante et d'un rouage à quatre roues motrices, si précieux par les temps qui courent.

 

La S5, la plus sportive de la lignée, est la première à fouler nos routes. Suivra, dans quelques semaines la A5, moins explosive certes, mais plus sobre avec son moteur V6 de 3,2 litres et tout aussi jolie à regarder. La A5 pourra donner bonne conscience. Quant à la S5, elle a tout ce qu'il faut pour induire aux excès de vitesse.

 

Le tour du propriétaire provoque l'envie de s'emparer de son volant, réglable dans les deux sens, et de prendre place dans ce baquet vêtu de cuir aux contours latéraux peu généreux. La présentation, une fois de plus, étonne. Plus latine que celle d'une Mercedes et plus valorisante dans le détail que celle d'une BMW, la vie à bord de cette Audi fait toujours figure de référence pour l'industrie. On aimerait en dire autant de l'organisation des commandes, regroupées dans le système MIME. Pas aussi complexe que celui de BMW (i-Drive), il demeure une distraction pour quiconque a horreur de naviguer -à l'aide d'une molette et de boutons - de menu en sous-menu pour trouver votre plage favorite sur le dernier compact de Daniel Bélanger ou vous alerter en cas de vitesse trop élevée.

 

Le coupé offre quatre places; mais si vos passagers à l'arrière mesurent plus de 1,60 m, ils se rendront vite compte que c'est d'abord théorique. Pourquoi les avoir prévues, alors? Pour rassurer l'acheteur qui estime que deux places de dépannage valent mieux que rien. Chose certaine, l'habitacle est utilisable en famille (avec deux jeunes enfants). Le coffre est suffisant et peut s'agrandir en escamotant en tout ou en partie les dossiers à l'arrière.

Sensations distillées

On ne s'installe pas au volant d'un tel engin avec les mêmes dispositions que s'il s'agissait d'une Yaris. Un peu de jugeote et de pondération sont recommandées, comme d'ailleurs dans toutes les voitures performantes.

 

Au feu vert, l'engin décolle comme une fusée. Au passage des cinq rapports suivants, le V8 de 4,2 litres rugit de contentement; il progresse beaucoup plus vivement que ne le faisait sa glorieuse ancêtre, l'Ur-Quattro, mais sans le coup de pied que cette dernière se plaisait à vous administrer. Mais la S5 est bien de son temps et regorge de dispositifs électroniques.

 

Pour retrouver une part des sensations passées, il faut débrancher les aides à la conduite et, tout d'un coup, on est de retour à l'époque où le coup de volant devait être rapide et précis. Mais les sensations ne sont pas les mêmes. Si la S5 peut soutenir un rythme élevé, sa tenue de route s'apparente davantage à celle d'une Grand Tourisme (GT) qu'à une sportive pur jus. Bien entendu, ce coupé allemand se soumet volontiers à quelques sprints. Il suffit d'apprivoiser ses dimensions extérieures généreuses et de trouver le bon rapport parmi les six proposés.

 

Le châssis très tourisme qui servira par ailleurs de base à la future A4 transpire dans les attitudes de la S5, très homogène et rassurante, mais un peu pataude dans les enchaînements de virages. Les sensations ressenties, nous les devons beaucoup à la débauche de chevaux-vapeur et à la grande efficacité de son rouage intégral.

 

Jamais violent, le V8 allemand compte sur une courbe de puissance bien étalée et une évidente volonté d'atteindre des vitesses inavouables et surtout inutiles en cette ère. Sur une chaussée parfaitement sèche, la S5 met un peu plus de cinq secondes pour atteindre la vitesse légale permise sur nos voies rapides et les temps de reprises se révèlent tout aussi probants. Le souffle généreux de la mécanique est cependant obscurci par la commande de boîte que nous aurions souhaitée plus rapide. Hélas, c'est la seule offerte pour le moment.

 

Autre point noir, le freinage. Efficace dans des conditions normales, il résiste mal à l'échauffement à la suite d'un usage plus sportif.

 

Avec une pointe de nostalgie, nous dirions que la S5 ne ressemble en rien à l'Ur-Quattro, plus agile et plus détonante. Mais il faut reconnaître qu'en cette époque où la passion de conduire est passée de mode et que l'automobile doit se plier à tous les usages, la S5 est parfaitement de son temps. Elle en aura certainement plein les bras le jour où BMW lâchera son coupé m3 mais, pour cela, la marque d'Ingolstadt a déjà prévu le coup: elle lui opposera une RS5, qui ne se trouvera pas chez votre concessionnaire ce soir.

 

L'an prochain peut-être, si vous avez été sage!