Le constructeur automobile chinois Beijing Automotive Industry Holding Co. (BAIC) a payé 1,4 milliard de couronnes suédoises (207 millions de dollars canadiens) pour obtenir les droits technologiques et l'outillage de la Saab 9-5 ainsi qu'une partie des droits technologiques de la Saab 9-3.

«L'argent était déjà déposé dans le compte bancaire de Saab vendredi dernier», a dit au journal suédois Dagens Industri, qui a publié la nouvelle de la transaction.

 

Ces 207 millions donnent un coussin financier représentant trois mois de survie au constructeur déficitaire Saab, une filiale de General Motors qui risque la fermeture si un acheteur n'est pas trouvé d'ici la fin décembre, rapporte le quotidien d'affaires basé à Stockholm.

 

Outre le fait qu'elle donne un sursis à Saab, la vente de la 9-3 et de la 9-5 à BAIC semble perçue en Suède comme un événement sans impact sur la recherche d'un nouveau propriétaire pour la plus ancienne marque automobile de Suède: «Saab n'est pas en voie d'être morcelée. Absolument pas», a dit une source citée par l'agence de presse suédoise TT.

 

D'ailleurs, lors d'une rencontre avec la presse tenue mardi à Detroit, le président par intérim de GM, Ed Whitacre, a indiqué qu'un seul acheteur potentiel de Saab participe actuellement à des négociations. Il s'agit de Spyker Cars. M. Whitacre ne voulait pas en dire plus, mais un journaliste lui a demandé de dire au moins si la transaction avec Spyker était «possible» ou «probable».

 

«Possible», a répondu M. Whitacre, qui a réitéré qu'en l'absence d'un acheteur clairement identifié le 31 décembre, Saab serait éliminée.

 

La candidature de Spyker révèle peut-être l'absence d'alternative sérieuse: GM s'est déjà brûlée les doigts en tentant de vendre Saab à un autre fabricant de voitures exotiques, le suédois Koenigsegg Automotive. La transaction a avorté il y a deux semaines.

 

Plates-formes désuètes

 

Les Saab 9-5 et 9-3 sont des plates-formes technologiques désuètes pour les marchés occidentaux, que Saab remplace déjà par des versions plus modernes. Mais pour BAIC - simple exécutant manufacturier de l'allemand Daimler et du japonais Daewoo, en Chine - il s'agit d'un tremplin technologique pour lancer sa propre marque sur son marché national.

 

BAIC pourrait aussi verser la technologie des 9-3 et des 9-5 dans sa filiale Beiqi, qui fabrique des camionnettes et des VUS. C'est cette hypothèse que semble évoquer un journal d'affaires chinois, qui publie aussi en ligne une traduction Google en anglais (assez approximatif), sous le nom China Securites Daily.

 

Selon le journal chinois, BAIC a obtenu de Saab les droits sur trois plateformes d'auto, deux séries de moteurs à turbo-compression avec leur boîtes de vitesse, ainsi que certains moules de fabrication. De plus, Saab s'est engagée à faciliter le transfert technologique de tout cela vers les modèles de marque Beiqi. Les plateformes 9-3 et 9-5 ont beau être désuètes, il ne faut pas sous-estimer l'ambition du constructeur chinois BAIC. Sa filiale Beiqi a des visées sur les marchés d'exportation: même avec ses technologies actuelles, le constructeur a établi des points de vente de ses camions de marque Foton au Maroc et dans quelques autres marchés émergents où la capacité de payer et les normes de construction sont moins élevées que dans les grands marchés automobiles.

 

Pour le quotidien d'affaires français Les Échos, la stratégie de BAIC fait penser à celle de son concurrent chinois Shanghai Automotive Industry Co. (SAIC), qui a acheté la vieille technologie de la marque anglaise MG-Rover après sa faillite, en 2005. SAIC l'a utilisée comme point de départ pour développer sa marque Roewe.

 

Spyker optimiste

 

Le président de Spyker. Victor Muller, a déclaré à l'agence de presse Reuters que les pourparlers avec GM se poursuivent au sujet de Saab, en dépit de la transaction avec BAIC. Selon M. Muller, Spyker n'a aucun intérêt pour les plates-formes anciennes qui quittent Saab pour la Chine.

 

Et Saab a indiqué lundi que la transaction avec BAIC est totalement séparée des négociations avec un éventuel acheteur.

 

Sources : Dagens Industri ; China Securites Daily ; Les Échos ; Reuters.

 

Photo Reuters

Le constructeur néérlandais de voitures de sport Spyker est le seul en lice pour une éventuelle reprise de Saab.