Le scandale des moteurs truqués de Volkswagen faisait de nouvelles vagues mercredi, avec entre autres une enquête des services antifraudes de l'UE contre le constructeur et une de la justice allemande visant son fournisseur Bosch.

L'Office européen de lutte antifraude (Olaf) a confirmé à l'AFP avoir ouvert une enquête sur Volkswagen. Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung (SZ) avait le premier révélé cette enquête, qui porte sur l'utilisation potentiellement frauduleuse de crédits accordés par la Banque européenne d'investissement (BEI) à Volkswagen ces 25 dernières années.

Cela concerne environ 4,5 milliards d'euros (6,8 milliards de dollars) de crédits européens accordés à Volkswagen depuis 1990, dont 1,9 milliard d'euros (2,9 milliards de dollars) reste encore à rembourser, selon des sources proches du dossier. Selon le SZ, ces crédits étaient donnés entre autres pour financer la recherche et le développement de moteurs propres.

Le service de communication d'Olaf a refusé de commenter l'enquête en cours et précisé que l'ouverture d'une enquête ne signifiait pas automatiquement qu'il y ait eu fraude.

Volkswagen pour sa part a affirmé ne rien savoir de la procédure. «Nous sommes étonnés que les autorités rendent quelque chose public avant même d'informer les intéressés», a réagi un porte-parole interrogé par l'AFP. Volkswagen est «en discussions depuis des mois avec la BEI» et ce «dans un climat de confiance», a-t-il ajouté.

Volkswagen a avoué il y a trois mois avoir équipé les moteurs diesel de 11 millions de voitures dans le monde d'un logiciel permettant de fausser les résultats des tests antipollution, un scandale qui a jeté le constructeur dans la crise et n'en finit pas de rebondir.

En Allemagne, le parquet de Stuttgart (sud-ouest) enquête autour de l'implication de l'équipementier Bosch, qui fournit à Volkswagen les solutions logicielles pour ses moteurs.

«Nous enquêtons contre X. Il s'agit d'une entreprise qui pourrait avoir fourni une assistance à un grand constructeur automobile en livrant un logiciel, et il est clair que cette personne (X) que nous ne pouvons pas encore identifier doit être dans le périmètre de cette entreprise», a indiqué mercredi à l'AFP la porte-parole du parquet.

Elle n'a pas confirmé pour des raisons de confidentialité les noms de Bosch ni de Volkswagen évoqués dans la presse allemande, mais n'a laissé guère de doute quant à l'identité des deux entreprises. Bosch, dont le nom a circulé tôt dans cette affaire, mais qui a rejeté toute responsabilité et toute connaissance des faits, est basé non loin de Stuttgart. L'équipementier n'avait pas réagi mercredi en début d'après-midi.

À Londres, la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) a pour sa part confirmé une information de presse sur la suspension du paiement d'un crédit de 300 millions d'euros (453 millions de dollars) destiné à financer un nouveau site de production Volkswagen en Pologne.

«Les négociations sur le paiement du crédit sont actuellement gelées», selon un porte-parole de l'institution. Le principe du crédit avait été approuvé en juin dernier.

Pour autant, «ni l'investissement de Volkswagen près de Wrzesnia (centre de la Pologne) ni son financement ne sont menacés de quelque manière que ce soit», a assuré une porte-parole du groupe en Pologne, «les travaux se poursuivent comme prévu».