Classique, la Passat est une Volkswagen en costume trois-pièces, loin du style lisse, complexe et musculeux qui prévaut à l'heure actuelle dans cette catégorie. La grande Volkswagen mise sur le concept sobre et intemporel «d'élégance à l'allemande». Cette berline de près de 5 mètres de long aux formes peu originales vieillira sans doute beaucoup mieux que les designs papiers-mouchoir (lire à jeter après usage) de nombre de ses concurrentes.





Une version pour nous

Soulignée par des traits de chrome, la silhouette s'étire en longueur et intègre, conformément aux canons de la beauté de Volkswagen, une calandre à fines lamelles avec un logo VW gros comme ça. On retrouve la morphologie de la Jetta, mais avec pratiquement aucun clin d'oeil à la génération précédente. On peut comprendre pourquoi. La Passat est visible depuis quelques semaines dans les salles d'exposition canadiennes (et américaines). Elle n'a cette fois rien à voir avec le modèle éponyme vendu en Europe. Il s'agit de deux véhicules aux caractéristiques distinctes. La version qui nous est destinée est désormais produite aux États-Unis (Chattanooga, au Tennessee) et s'habille d'une seule carrosserie (berline), mettant ainsi fin à la carrière de la familiale. Celle-ci disparaît, mais, en retour, un moteur turbo-diesel (TDI) refait surface sous le capot de cette intermédiaire au terme d'une - trop longue - éclipse. Cette mécanique n'est pas la seule à proposée. Le constructeur allemand soumet en entrée de gamme son 5-cylindres 2,5 litres et un V6 3,6 litres pour mouvoir les versions plus huppées.

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Vivement le turbo-diesel

Des trois moteurs, le turbo-diesel se révèle le mieux adaptée à cette auto. De couple puissant, économique à la pompe et prisé à la revente, ce groupe propulseur a le mérite d'offrir quelque chose d'unique dans ce segment, susceptible de plaire aux automobilistes qui parcourent un minimum de 25 000 kilomètres par année sur grand route. Pour ceux et celles qui accumulent autant de kilomètres en ville, mieux vaut privilégier une mécanique hybride (mi-essence, mi-électrique), plus sobre. Puisqu'il est question d'hybride, Volkswagen y travaille, mais se refuse encore à fixer un échéancier pour la Passat. Seule certitude, parmi les berlines du groupe, la Jetta en sera la première bénéficiaire en 2013.

Cela dit, l'autre attribut qui milite en faveur de la version TDI est la boîte à double embrayage (DSG) à six rapports. Cette dernière s'acoquine uniquement à cette mécanique. Les deux autres ont droit à une boîte automatique techniquement surannée. À noter au passage la disponibilité d'une transmission manuelle. Celle-ci se combine seulement au 2,5 litres et permet à Volkswagen d'afficher un prix particulièrement attrayant comparativement à la mouture précédente.

La combinaison du 5 cylindres et du 2,5 litres et boîte automatique sera privilégié par la majorité des acheteurs. À défaut d'être la meilleure combinaison, ce choix n'est pas vilain pour peu que les performances pures ne figurent pas au sommet de vos critères d'achat. À l'accélération, ce 2,5 litres paraît plus fougueux qu'il ne l'est en raison d'une pédale d'accélérateur difficile à doser (elle emballe le moteur en un rien de temps) ou trop sensible, c'est selon. La boîte qui l'accompagne exécute bien son travail et son plus grand mérite est de se faire oublier.

Pour plus de «schnell» et un rendement plus soyeux, le V6 3,6 litres donnera envie à plusieurs consommateurs. Hélas, le prix (à l'achat comme à la pompe) risque de les faire déchanter en moins de 6,3 secondes, temps nécessaire à cette version pour atteindre les 100 km/h. Qu'à cela ne tienne, cette mécanique met, plus que les deux autres, en valeur, les qualités dynamiques de cette berline. Chaussée d'une monte pneumatique plus dynamique, la 3,6 scotche et lit avec plus de précision la route que les deux autres versions (équipées de série de pneus de 16 pouces) inscrites au catalogue. Elle paraît mieux suspendue, plus vive et donne moins libre cours aux mouvements de la caisse. Revers de la médaille, elle est un peu plus sensible aux déformations de la chaussée. Rien d'inconfortable, seulement un peu plus raide et un brin plus sonore en raison des bruits de roulement.

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Toute fantaisie exclue

Facile à prendre en main, cette routière taillée pour les longs parcours met rapidement en confiance, avec une direction correctement dosée. Le manque de moelleux des sièges n'est que de façade. Ceux-ci se révèlent au contraire très confortables aussi bien à l'avant qu'à l'arrière.

À l'image des lignes extérieures, la décoration intérieure exclut toute fantaisie. Les formes du tableau de bord nous ramènent à l'époque oùils étaient dessinés à l'aide d'une équerre. Cela présente toutefois l'avantage de créer un habitacle dégagé, loin de la forme «cocon» (plus individualiste) adoptée par les autres véhicules de cette catégorie. Ici, tout respire, surtout si l'acheteur prend soin de colorer les garnitures intérieures de couleurs pâles.

L'accès et la sortie sont facilités par de larges portières et une garde au toit suffisante. Le dégagement, surtout à l'arrière, étonne. Une vraie limousine. En revanche, le volume du coffre déçoit un peu. En fait, il est plus juste d'écrire que les manchons, ces tiges de métal courbes, gênent et il aurait été préférable de privilégier des amortisseurs, plus compacts, mais aussi plus coûteux. Quel impact auraient-ils eu sur le prix de revient? On n'en sait rien.

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale

L'ergonomie des commandes ne soulève aucune critique, pas plus que la qualité de la fabrication. On retrouve bien ici et là quelques plastiques durs et sonores, mais Volkswagen veille à les soustraire à nos yeux et à nos mains.

Sur le plan des innovations, la Passat n'en beurre pas épais. Bien entendu, le meilleur, on le retrouve sur la version Highline, dont le prix de départ est fixé à 31 471 $ avec le moteur 5 cylindres. Il faut allonger quelques milliers de dollars de plus pour obtenir un moteur TDI et du V6. C'est beaucoup d'argent. Le gros bon sens nous oriente vers la version Comfortline, sans doute celle offrant le meilleur rapport accessoires/prix.

La Passat profitera sans doute du calme qui règne actuellement dans la catégorie et de l'offre exclusive de son moteur turbo-diesel pour recruter une nouvelle clientèle. Mais qu'en sera-t-il dans quelques mois lorsque Ford (Fusion), Chevrolet (Malibu), Honda (Accord), Mazda (6) et Nissan (Altima) se renouvelleront? Ça s'annonce beaucoup plus difficile.

___________________________________

ON AIME

> L'habitabilité aux places arrière

> La présence d'un turbo-diesel

> La simplicité de ses commandes

___________________________________

ON AIME MOINS

> Le manque de souffle du 4 cylindres et la gourmandise du V6

> L'intrusion des manchons du coffre

> L'approche basique d'une berline familiale

___________________________________

CE QU'IL FAUT RETENIR


> Fourchette de prix : 23 975 $ à 37 475 $

> Frais de transport : 1365 $

> Version essayée : 2,5 litres, 3,6 litres et Tdi

> Garantie de base : 48 mois / 80 000 km

> Consommation obtenue dans le cadre de l'essai : 12,8 L/100 km

> Pour en savoir plus : www.vw.ca

___________________________________

SURVOL TECHNIQUE

> Moteur : V6 DACT 3,6 litres

> Puissance : 280 ch à 6200 tr/mn

> Couple : 258 lb-pi à 2500 tr/mn

> Poids : 1563 kg

> Rapport poids-puissance : 5,58 kg/ch

> Mode : Traction (roues avant motrices)

> Transmission de série semi-automatique : 6 rapports (DSG)

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction / Diamètre de braquage : Crémaillère / 11 mètres

> Freins : Disque

> Pneus : 215/55HR17

> Capacité du réservoir / essence recommandée : 70 litres / Super

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale