Si vous trouvez déjà que les autos électriques et les hybrides sont chères, attachez votre ceinture de sécurité avant de lire le prix qui est évoqué pour les premières autos à hydrogène: «On pourrait s'attendre à un prix de détail d'environ 100 000 euros (138 500$)», a déclaré au magazine Automobile News Europe Alain Uyttenhoven, vice-président à la planification des produits chez Toyota Europe. Il envisage la mise en marché en 2015.

Évidemment, ce n'est pas rigoureusement exact de prédire que ce sera une Prius à hydrogène. Mais il y a des chances que cette prochaine voiture futuriste de Toyota ressemble à ça. Une compacte bien faite, fiable, tout électrique (contrairement à l'hybride Prius), avec une source d'énergie innovatrice, mais sans chichi ailleurs que sous le capot. Sauf pour ce prix, absolument absurde.

Toyota, comme GM, Nissan, Honda, Mercedes Benz, Hyndai et d'autres encore, ont investi beaucoup d'argent dans cette technologie où une pile à combustible (à hydrogène) génère de l'électricité qui fait tourner un moteur électrique. D'un point de vue environnemental, c'est une technologie très attrayante, en principe, puisque tout ce qui sort de l'échappement, c'est de l'eau.

Ça marche, mais la pile à combustible coûte un bras. Et il y a des problèmes structurels majeurs à résoudre qui font de l'auto à hydrogène une solution très peu réaliste.

Même en vendant ses voitures à hydrogène 140 000$, Toyota ne ferait peut-être pas de profits. Elle inclurait l'auto à hydrogène dans son portefeuille de modèles pour des raisons réglementaires. L'année 2015 verra l'entrée en vigueur de nouvelles normes environnementales en Europe, et Toyota doit trouver des moyens d'abaisser à 130 g/km la moyenne d'émissions de CO2 de son parc de modèles. Aucune autre raison de commercialiser une compacte à 100 000 euros. Toyota s'attend à en vendre «quelques milliers».

Automobile News Europe explique que ces réflexions chez Toyota se font dans le contexte où les constructeurs se préparent à offrir un vaste choix de technologies vertes, pas juste l'hydrogène, pour les aider à se conformer au resserrement des normes.

Projet de loi très contesté

Un projet de loi (très contesté par l'industrie) propose d'abaisser encore la moyenne d'émission à 95 g/km en 2020 (la moyenne d'émissions de CO2 de 2010 était de 146 g/km en Europe). Par définition, certains modèles d'une même marque pourront polluer plus que la moyenne, mais il faudra des voitures vraiment vertes dans le lot, pour équilibrer la moyenne.

Ces règlements sont limités (et hypocrites, disent les critiques), parce qu'un constructeur peut vendre un million de voitures plus polluantes par année et 1000 voitures vertes. L'important est la moyenne des émissions de tous les modèles offerts. Les partisans de ces règlements disent qu'au moins, ils obligent les constructeurs à maîtriser de nouvelles technologies, augmentant ainsi leurs chances de devenir un jour économiquement viables.