La Terre avait-elle réellement besoin d'une nouvelle déclinaison de la Porsche Boxster? La gamme actuelle semblait pourtant complète. Eh bien non. Il manquait la Spyder. La voici.

Depuis un certain temps déjà, la direction de Porsche s'agace des commentaires de la presse qui lui rappelle gentiment que la vente de voitures sport ne représente plus tout à fait le coeur de son activité. Le constructeur allemand ne dit pas le contraire, mais reconnaît que les ventes de ses Cayenne, Macan et Panamera permettent de financer sa passion pour les sportives pur jus.

Soucieuse de renforcer son image, mais aussi de faire tinter encore (et encore) le tiroir-caisse, Porsche lance ici son troisième modèle d'exception de l'année. En effet, après la Cayman GT4 et la 911 GT3RS, au tour de la Boxster Spyder d'entrer en scène.

Ce n'est pas la première fois que Porsche offre une telle déclinaison de la Boxster, mais reconnaissons que celle-ci est nettement plus aboutie que la précédente avec son ridicule couvre-chef dont le montage et le démontage avait le don de nous mettre les nerfs en boule. Cette nouvelle mouture que Porsche décrit comme un - autre - hommage à la Spyder 550 produite entre 1953 et 1956 et rendue tristement célèbre par James Dean qui trouva la mort à ses commandes.

Présentée en avant-première mondiale au dernier salon automobile de New York le printemps dernier, la Boxster Spyder ne sera, hélas, pas commercialisée chez nous avant la fin de l'été. Elle se reconnaîtra alors aisément à son double bossage derrière les appuie-tête, caractéristique des voitures de course des années 50 et 60.

Sous ce dernier se glisse le «flat-six» 3,8 L de la 911 Carrera S dont la puissance a légèrement été revue à la baisse en raison - dixit Porsche - d'une tubulure d'admission tronquée liée à l'implantation centrale de la mécanique. Un souci que la firme allemande n'a visiblement pas connu avec la Cayman GT4 dont le moteur se pose lui aussi au milieu du châssis. Pour expliquer cet incompréhensible écart entre la Spyder et la GT4, les ingénieurs de Porsche précisent que celui-ci tient essentiellement au dessin des prises d'air latérales, donc au refroidissement du moteur.

À l'état pur

Cela dit, histoire de ne pas trop inquiéter la 911, Porsche limite sciemment l'acheteur à entraîner les roues arrière motrices par l'entremise d'une boîte manuelle à six rapports et non de la transmission à double embrayage (PDK) réputée beaucoup plus rapide. Officiellement, ce choix s'explique par le souci de la marque allemande de faire de la Spyder une voiture sport à l'état pur.

Outre sa plastique singulière, la Boxster Spyder se distingue par son poids plume. Plus légère que la déclinaison GTS du même modèle d'une quarantaine de kilos. Mais cela n'est qu'en théorie puisque le climatiseur et la radio figurent au rayon des options «gratuites». En effet, l'acheteur doit indiquer au moment de passer commande s'il désire ou non faire monter, sans frais, ces accessoires à bord. En cas de refus, Porsche n'accorde aucune remise financière.

Pour compléter la transformation de ce modèle produit en petite série, le châssis, abaissé de 20 mm, adopte des éléments suspenseurs plus fermes, un différentiel à glissement limité, des freins de 911 Carrera et une direction à l'assistance mieux dosée.

Du tempérament

Les six cylindres posés à plat derrière l'habitacle réagissent à une pression franche de l'accélérateur en émettant d'impressionnantes vocalises, surtout dans les tunnels, où la réverbération du «flat-six» donne presque la chair de poule. Qu'à cela ne tienne, ce 3,8 L fait davantage preuve de brutalité que de rondeur lorsqu'on le sollicite.

Hormis la piètre visibilité et un embrayage parfois difficile à doser correctement, la Boxster se conduit avec facilité, en ville comme sur les routes en lacets. À chaque sortie, on se délecte de poser ses paumes sur l'alcantara qui recouvre la jante de son volant, de guider avec précision la commande de la boîte manuelle.

Tout n'est pas parfait, cependant. La direction à assistance électrique, par exemple, nécessite une période d'adaptation pour décrypter le message des roues directrices, mais une fois traduit, c'est le bonheur! À peine mise en appui et délestée, la Boxster prend le virage pour vous. Chaque coup de volant donne envie d'en remettre. Cette Spyder grogne de plaisir, vous jette d'un virage à l'autre, taille la trajectoire au scalpel et avale avec gourmandise le serpent de goudron qui se dessine devant elle.

Alerte, cette Porsche paraît vissée à la route grâce à son centre de gravité très bas et se conduit avec une certaine jubilation. Pour éviter les grosses bêtises et prévenir le pilote qu'il risque de franchir les limites du raisonnable, les anges gardiens électroniques non seulement veillent à ce que ce bolide - dans des conditions extrêmes - ne parte pas en toupie, mais contribuent également à son savoir-faire. Cette Spyder combine l'agilité d'un acrobate à la puissance d'une... Porsche. Elle jaillit des épingles en montée les plus rudes avec une vivacité fantastique, grâce à une motricité presque surnaturelle.

Minimaliste, pas vraiment!

Même si elle se manoeuvre en partie manuellement, la capote se déploie avec une élégance toute classique et se glisse sous son écrin bulleux.

À bord, Porsche joue la carte minimaliste. On l'a dit, elle n'a ni radio, ni climatiseur, ni ajustements verticaux pour ses sièges empruntés à la 918 Spyder. Pas même de poignées de portes intérieures puisque celles-ci ont été remplacées par des sangles.

Cette Porsche fait très peu de concessions au confort et aucune au luxe, à moins de vous laisser séduire par les nombreuses (et coûteuses) options qui se trouvent inscrites à son catalogue. Attention toutefois, à chaque article que vous cocherez, vous annihilerez tous les efforts déployés par cette Porsche: celle de réduire son poids.

Malgré tous ces «oublis», l'univers proposé est bien celui d'une Boxster à la différence de ce plastique coloré peint de la même couleur que la carrosserie. On y conduit couché, le levier de vitesse près du corps, mais cette position agréable ne parvient pas à nous faire oublier les difficultés que l'on éprouve parfois à accéder à cet habitacle ou à s'en extraire, avec ses sièges ancrés au ras du sol.

Allégée, vitaminée, cette Spyder virevolte, passe d'un appui à l'autre avec une aisance déconcertante et profite de son centrage des masses, juste pour le plaisir de son conducteur. Elle apportera de grandes satisfactions de pilotage aux initiés et aux esthètes, mais ne vous donnera pas pour autant un teint plus hâlé que si vous étiez au volant d'une Boxster «normale» offerte à un tarif beaucoup plus démocratique.

Les frais d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Porsche Canada.

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L'essentiel

> Marque/Modèle : Porsche Boxster Spyder

> Prix : 93 700 $

> Frais de transport et de préparation : nd

> Consommation moyenne : 11,5 L/100 km (estimation)

> Pour en savoir plus : www.porsche.ca



Technique

> Moteur : H6 DACT 3,8 litres

> Puissance : 375 ch à 6700 tr/min

> Couple : 309 lb-pi à 4750 tr/min

> Rapport poids-puissance : 3,50 kg/ch

> Poids : 1315 kg

> Mode : Propulsion

> Transmission de série : Manuelle 6 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/nd

> Freins av-arr : Disque/Disque

> Pneus (av-arr) : 235/35ZR20 - 265/35ZR20

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 54 litres/Super



On aime

> Direction hyper précise

> Muscle et musicalité du 3,8 litres

> Aspect pratique (2 coffres)



On aime moins

> Visibilité précaire

> Accès et sortie difficiles

> Absence de boîte automatique (PDK)