Les gens aiment jouer dehors, mais préfèrent dormir en dedans ; ils veulent découvrir du nouveau, mais se retrouver dans leurs affaires après. C'est la tension entre ces aspirations opposées qui explique l'intérêt du public pour les caravanes remorquées et motorisées qui sont présentées cette fin de semaine au 29e Salon du VR (véhicule récréatif), au Palais des congrès.

«Et c'est sans compter l'argent qu'ils épargnent à n'allant pas à l'hôtel», note Jean-Roch Lacroix, un des actionnaires du fabricant Roulottes Hélio, de Lavaltrie, un des 122 exposants.

On trouve 325 véhicules récréatifs de toutes sortes, marques et tailles, cordés un peu serré sur les 235 000 pieds carrés au Palais des Congrès.

Certains "campeurs" --comme on appelle parfois les VR (c'est un anglicisme)-- sont loin d'être bon marché : on y voit plusieurs étiquettes indiquant un prix supérieur à 100 000 $.

C'est une exposition des plus récents produits et c'est surtout une foire commerciale qui réunit acheteurs et vendeurs pour quatre jours d'intense activité. Il y a 20 concessionnaires sur place et bon nombre des 30 000 visiteurs attendus explorent les deux étages du salon chéquier en poche : on s'attend à «près de 10 millions de dollars en ventes» durant la fin de semaine, a dit à La Presse Émilie Marsolais, la directrice des communications du Salon du VR. Cette période de commerce très intense est pour l'industrie, en quelque sorte, le Noël du campeur.

Aussi grosse qu'un pays

Le monde des VR, c'est tout un écosystème, et le Salon est comme un jardin zoologique.

Il y a de tout, de la spartiate et légère mini-roulotte Hélio Hé (2,08 m sur 1,23 m) à 7000 $ jusqu'à la Heartland Landmark Charleston (13 m sur 2,4 m avant de déployer les rallonges) à plus de 120 000 $ (elle pèse 6800 kg !). Il y a une roulotte appelée Big Country qui est aussi grosse qu'un pays.

La Keystone Fuzion, comme plusieurs, comprend un garage pour les motos ou VTT. Toute la paroi arrière bascule comme la rampe d'une barge de débarquement. Une fois les machines dehors, on relève le mur arrière à l'horizontale, ce qui fait un balcon assez grand pour faire un discours et se faire élire dans un village.

Il y a des motorisés à un demi-million avec une télé extérieure encastrée dans la carrosserie, une roulotte rétro Vintage Cruiser pour les nostalgiques des années 50, des remorques-triangle à toit pointu et bien entendu, les rock stars éternelles des roulottes, des Airstream en aluminium brossé à 100 000 $.

Chut! Ne le dites à personne

Il y a aussi le kiosque de Parcs Canada, dont les vastes territoires protégés comprennent tout de même des sites pour les VR. (Si vous le demandez, on vous révélera en chuchotant où sont les plages secrètes et les sites de camping sauvage cachés au fond des petites baies, loin dans la forêt, loin des autres campeurs et loin des roulottes et des motorisés. Mais chut, ne le répétez à personne.)

Avec toutes ces roulottes devant être remorquées, on se demande pourquoi les constructeurs automobiles ne sont pas présents. «Ah, mais cette année j'ai fait signer Toyota», fait remarquer Agar Grinberg, la directrice du Salon du VR. Le constructeur japonais y montre ses pick-ups.

Et avec toutes ces mensualités à payer et toute cette valeur à assurer, il y a une banque (la Royale) et un assureur spécialisé (Leclerc) sur place.

Le Salon du VR se termine dimanche soir. L'admission coûte 15 $ (12 $ pour les étudiants, 7 $ pour les enfants de 7 à 12 ans ; les tout-petits entrent gratuitement).