La proportion de foyers américains ne disposant pas de voiture a progressé au cours des dernières années pour atteindre presque les 10%. Quand bien même cette proportion est beaucoup plus élevée dans les grands centres urbains, faut-il y voir une tendance lourde voulant que la voiture soit quelque peu délaissée?

Professeur à l'Institut de recherche sur les transports de l'Université du Michigan, Michael Sivak a démontré l'automne dernier que les Américains étaient moins attachés à la voiture depuis une décennie. Parmi ses observations, la diminution du nombre de véhicules par foyer a été soulignée, diminution entrevue dès 2001, bien avant que la crise économique n'éclate.

Le chercheur américain s'est à nouveau penché sur les foyers américains en se concentrant sur l'évolution récente de la proportion de foyers ne possédant pas de véhicule. Conclusion, dans la population américaine, ces foyers sont passés de 8,87% en 2005 à 9,22% en 2012.

Cette tendance à la (légère) hausse sur cette période se reflète dans 21 des 30 villes américaines les plus populeuses qu'a analysées Sivak. Si presque 1 foyer américain sur 10 ne détient pas de voiture (en date de 2012), plus de 30% des foyers de 6 grandes villes n'en possèdent pas non plus. C'est le cas à New York, Washington, Boston, Philadelphie, San Francisco et Baltimore. Cette proportion est également élevée à Chicago (27,9%), Detroit (26,2%) et même Milwaukee (20%), qui n'est pourtant que la 30e ville du pays.

La disparité entre les grandes villes américaines est très forte. Ainsi, New York,la ville la plus populeuse, a vu sa proportion de foyers ne possédant pas de véhicule passer de 54,1% en 2007 à 56,5% en 2012, alors qu'à San Jose, 10e ville du pays en matière de population, seulement 5,8% des foyers n'ont pas de voiture (en 2012).

Une variété de facteurs entraîne cette hausse de la proportion de foyers sans véhicule. Au premier rang desquels figure la qualité des transports en commun. «Les cinq villes où cette proportion est la plus importante sont les cinq villes où les transports publics sont les meilleurs du pays», remarque Michael Sivak.

Le chercheur relève également comme explication «l'urbanisation croissante, l'augmentation des communications à distance, le vieillissement de la population, les coûts d'utilisation d'un véhicule et la fluctuation des revenus». Sans compter la composition d'un foyer, peut-on ajouter, un couple sans enfant ou un célibataire ne possédera pas forcément une voiture.

Mais cette hausse des foyers sans véhicule prédomine essentiellement dans les grands centres urbains. «Les grandes villes sont visées par cette hausse qui va durer, mais qui ne fera pas diminuer la possession de voitures dans l'ensemble des États-Unis», croit Yan Cimon, professeur spécialiste du secteur automobile à l'Université Laval.