L'allemand Opel, qui a rejoint cet été Peugeot, Citroën et DS dans la galaxie du groupe PSA, va réduire ses effectifs et miser sur de nouveaux modèles, y compris électriques tout en se renforçant à l'international pour sortir enfin du rouge.La marque à l'éclair va proposer une «offre électrifiée» sur toutes ses lignes de produits d'ici à 2024, ce qui l'aidera à respecter les normes européennes de CO2.Opel compte se développer sur «plus de 20 nouveaux marchés d'exportation d'ici à 2022», dont la Chine et le Brésil. 

Le groupe automobile a perdu des parts de marché, cumulé des milliards d'euros de pertes et supprimé de nombreux emplois ces dernières années, alors qu'il était dans le giron de l'américain General Motors (GM), a rappelé jeudi le patron de PSA, Carlos Tavares, lors d'une conférence de presse.

«Nous avons une véritable opportunité de sauver cette entreprise», a-t-il assuré lors de la présentation du plan stratégique d'Opel au siège de Rüsselsheim (ouest de l'Allemagne), insistant sur le spectaculaire redressement de PSA, au bord du gouffre depuis de son arrivée dans le groupe en 2014.

L'Opel Ampera était d'abord une Chevrolet Volt, puis une Bolt" les deux étaient faites à Detroit et exportées vers l'Europe. Photo: Opel

Appliquer la recette PSA à Opel

Après des réductions d'effectifs, une modernisation des usines et une restructuration complète de sa gamme de voitures, le groupe français affiche aujourd'hui des marges confortables, autour de 7% pour 2017, tirées en particulier par le succès de nouveautés de Peugeot, la marque au Lion. Et il recrute de nouveau.

Affirmant vouloir refuser toute «démagogie», M. Tavares a prévenu que des efforts seraient demandés aux salariés. «Seule la performance protège», a-t-il prévenu, évoquant une situation d'urgence.

Avec l'acquisition d'Opel et sa marque soeur anglaise Vauxhall, bouclée fin juillet pour 1,3 milliard d'euros, le groupe est devenu le deuxième constructeur européen derrière l'allemand Volkswagen, avec quelque 17% de part de marché. Mais il a aussi fait un pari risqué, car sa cible a perdu 15 milliards de dollars depuis 16 ans et encore près de 450 millions de dollars lors du premier semestre de 2017.

Réduire les effectifs et les coûts

Opel a annoncé vouloir réduire ses effectifs «sans départs contraints», et sans fermeture de site, pour retrouver la rentabilité d'ici à 2020. La firme emploie 38 000 personnes, dont la moitié en Allemagne.

Le plan d'économies pour Opel/Vauxhall permettra de réduire les coûts «de 700 euros par voiture», a estimé Michael Lohscheller, PDG du groupe depuis juin.

Grâce à des synergies annuelles avec la maison mère française de 1,1 milliard d'euros d'ici à 2020 et 1,7 milliard d'ici à 2026, le seuil minimum de véhicules vendus pour gagner de l'argent sera abaissé à 800 000 véhicules par an, a-t-il indiqué. Opel héritera notamment des plateformes et des motorisations de PSA.

La filiale allemande vise «une marge opérationnelle courante pour la division automobile de 2% d'ici à 2020, puis de 6% d'ici à 2026», a précisé M. Lohscheller.

La réduction du coût du travail proviendra d'un «aménagement du temps de travail, des programmes de départs volontaires ou dispositifs de retraite anticipée», a déclaré M. Lohscheller, sans plus de détail.

Un VUS Opel Grandland montré au Salon de l'auto de Francfort en septembre dernier. Photo: AP

Objectif : «conserver et moderniser toutes ses usines»

Le groupe «cache une grande partie de son jeu» et «ne dit rien» du nombre de postes à supprimer, a réagi Ferdinand Dudenhöffer, analyste pour l'institut de recherche allemand CAR. «La direction du plan est la bonne, il va aider Opel à survivre comme ce fut le cas pour PSA, mais il va faire mal».

Selon une source proche du groupe, le ratio masse salariale sur chiffre d'affaires est un peu inférieur à 16% chez Opel alors qu'il atteignait 11,4% à fin 2016 chez PSA. La moyenne d'âge élevée des effectifs en Allemagne permet cependant de compter sur de nombreux départs à la retraite ces prochaines années.

Le groupe a en tout cas «l'intention de conserver et moderniser toutes (s)es usines» et a «une ambition de croissance», a précisé M. Lohscheller.

Outre l'intention d'Opel d'électrifier tous ses modèles. M. Lohscheller a annoncé que le centre de recherche et développement de Rüsselsheim, qui emploie 7700 ingénieurs, allait devenir «un centre de compétence global» pour le groupe PSA, notamment sur la pile à combustible et certaines technologies de conduite automatisée.

Ces éléments ont été salués par le président du comité d'entreprise d'Opel, Wolfgang Schäfer-Klug. «PSA a une stratégie claire en matière de CO2 qui va aider Opel à présenter un plan d'avenir durable», a-t-il déclaré.

Les investisseurs n'étaient pourtant pas enthousiastes: l'action Peugeot perdait plus de 3% jeudi vers 15H00 GMT.

Le PDG D'Opel Michael Lohscheller ce matin à Ruesselsheim, en Allemagne. Photo: Reuters