Voitures surpuissantes et 4x4 urbains conquérants, le salon automobile de Genève a ouvert mardi avec un feu d'artifice de nouveautés, tandis que Volkswagen faisait profil bas dans la foulée du scandale des moteurs truqués.

L'optimisme reste de rigueur pour l'automobile européenne. Le marché a rebondi après la crise de 2008-2013, devenant en 2015, à la faveur du ralentissement en Chine, la locomotive de la croissance mondiale du secteur.

Pour 2016, le constructeur haut de gamme allemand BMW prévoit une croissance de ses ventes sur le Vieux continent comprise entre 5 et 10% cette année, et son rival Mercedes-Benz (Daimler) entrevoit un «net potentiel de croissance» en Europe pour lui, selon son patron Dieter Zetsche.

Paul Willcox, président de Nissan Europe, prédit de son côté une poursuite de la reprise du marché européen cette année. «2 ou 3% peut-être», avance-t-il prudemment.

Après une hausse des ventes de 9,3% à 13,7 millions d'unités l'année dernière, le marché européen devrait dépasser les 14 millions en 2016, selon le consensus des experts.

«La consommation est soutenue par les taux d'intérêt bas, une hausse des revenus réels et de l'emploi ainsi que par un carburant bon marché», a souligné lundi le président de la Fédération allemande de l'automobile VDA, Matthias Wissmann, en disant aborder le salon de Genève avec «confiance».

Les VUS à l'honneur

Le 86e salon de Genève promet «plus de 120 premières mondiales et européennes» et accueille l'extravagante Bugatti Chiron, qui succède à la Veyron au rang de l'une des automobiles de série les plus puissantes, les plus rapides et les plus chères du monde.

Une autre enseigne de «supercars» du groupe Volkswagen, Lamborghini, exhibe sa Centenario, à laquelle Aston Martin réplique avec une DB 11 fuselée et Jaguar une version encore plus musclée de son coupé type F.

Et si le français Renault a finalement décidé de ne pas faire venir à Genève son prototype préfigurant la renaissance d'Alpine, DS (groupe PSA) y montre un concept de coupé futuriste, l'E-tense électrique.

Plus proches de la série, les 4x4 urbains (multisegments ou VUS) sont une fois de plus venus en nombre sur le salon. Ce segment a conquis plus de 22% du marché européen en 10 ans d'existence.

Des centaines de journalistes et professionnels du secteur sont venus assister mardi à la présentation par la marque Volkswagen de son concept T-Cross Breeze, un petit cabriolet censé annoncer une «large offensive dans les VUS».

Les nouveaux Kia Niro, Toyota C-HR, Seat Ateca, Audi Q2 et Skoda VisionS ont en ligne de mire les vedettes des ventes, le Renault Captur et le Nissan Qashqai. Quant à Maserati (Fiat-Chrysler), il vise le Porsche Cayenne avec son premier VUS, le Levante.

Renault, qui développe déjà une gamme de multisegments, va à contre-courant de la tendance cette année en présentant la quatrième génération de son monospace compact Scénic et le break Mégane. De nouveaux breaks trônent aussi sur les kiosques Volvo (V90) et Kia (Optima).

Le diesel sur la sellette

Volkswagen profite pour sa part du salon pour faire son mea culpa et tenter de reconquérir le coeur des clients européens.

Lundi soir, son patron Matthias Müller a appelé à «apprendre des erreurs du passé» et promis que «2016 (sera) l'année au cours de laquelle nous comptons résoudre le problème de nos moteurs diesel pour nos clients». Herbert Diess, directeur de la marque Volkswagen, a enfoncé le clou mardi: «Volkswagen change» et «prend ses responsabilités partout dans le monde», a-t-il assuré.

Le géant allemand aux 12 marques, qui domine près de 25% du marché européen, essuie une tempête mondiale depuis qu'il a reconnu en septembre avoir sciemment truqué des moteurs diesel pour leur faire passer les normes américaines.

Il risque de lourdes pénalités et l'affaire a fait tache d'huile sur le secteur tout entier, en attirant l'attention des pouvoirs publics sur les émissions des véhicules diesel.

Des normes sont en cours de durcissement après un feu vert du parlement européen le mois dernier. Les coûts de dépollution vont augmenter, ce qui devrait faire reculer la part de marché des diesel, actuellement de plus de 50% sur le Vieux continent.

Pour BMW, dont les trois quarts des voitures vendues en Europe sont équipées de moteurs diesel, ces nouvelles normes sont «très exigeantes et vont coûter beaucoup d'argent à l'entreprise».

Après deux journées de presse, le salon de Genève ouvrira jeudi et jusqu'au 13 mars au public au centre Palexpo, où sont réunis quelque 200 exposants venus de 30 pays. Les organisateurs tablent sur 650 000 à 700 000 visiteurs.