Québec fait un premier pas en vue de contraindre les propriétaires d'automobiles de huit ans et plus à faire inspecter leur véhicule pour réduire la pollution de l'air. Le programme environnemental ne verra toutefois le jour qu'à la fin de 2013. Et il n'obligera alors une inspection qu'au moment de la revente de l'automobile.

Le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, a déposé à l'Assemblée nationale, mercredi, le projet de loi 48 qui lui confère de nouveaux pouvoirs pour imposer une «inspection environnementale des véhicules automobiles». Cette mesure contribuera à réaliser l'objectif du gouvernement de réduire, d'ici à 2020, les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20% par rapport au niveau de 1990, a expliqué M. Arcand en conférence de presse.

Le programme sera implanté de façon graduelle. À compter de la fin de 2013, le propriétaire d'une automobile de huit ans et plus devra la faire inspecter à ses frais et obtenir un «certificat de conformité environnementale» avant de la revendre. Environ 400 000 véhicules par année seraient visés.

Dans une deuxième étape, toutes les automobiles de huit ans et plus devront faire l'objet d'une inspection environnementale tous les deux ans. Québec envisage par la suite d'ajouter une inspection mécanique à cette évaluation environnementale.

Le coût de l'inspection serait d'environ 60$. Cela exclut évidemment les réparations au système antipollution qui pourraient être nécessaires.

Les personnes à faible revenu seront les plus touchées. Mais entretenir son automobile permet de réaliser des économies importantes, en particulier dans la consommation d'essence, a fait valoir M. Arcand. Il écarte pour le moment l'idée d'offrir une aide financière aux moins nantis.

Les inspections seront réalisées par des garages accrédités par le gouvernement. La Société de l'assurance automobile du Québec refusera d'immatriculer l'automobile ou interdira à son propriétaire de la conduire s'il n'a pas un certificat de conformité. La revente d'un véhicule non certifié sera donc impossible.

Après l'adoption du projet de loi, prévue au printemps, Québec présentera un règlement définissant les modalités d'application. Il ira en appel d'offres pour confier à un tiers la gestion du nouveau programme. C'est ce qui explique que l'entrée en vigueur d'une première phase est prévue à la fin de 2013 seulement, a indiqué M. Arcand. Selon lui, le délai permet également aux automobilistes de se préparer au nouveau programme. «On espère que les gens comprennent très bien qu'ils ont tout intérêt à faire les entretiens nécessaires» en vue d'être «certifiés rapidement et sans problème», a-t-il ajouté.

La mise en place de la première phase du programme coûtera 1,6 million de dollars au gouvernement et

1,7 million à la SAAQ. Québec dépensera de 4 à 6 millions en campagnes publicitaires pour informer les propriétaires de vieux véhicules de leurs nouvelles obligations.

Lors de la conférence de presse, André Bélisle, de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Pierre Beaudoin, de CAA-Québec, et le Dr François Reeves, de la chaire de cardiologie environnementale de l'Université de Montréal, ont donné leur appui à l'initiative du ministre.

Mais selon le président de l'Association pour la protection des automobilistes, George Iny, le nouveau programme est «une grosse dépense pour un coût de revient faible». En Ontario, où un programme semblable existe, seulement 5% des vieux véhicules échouent au test environnemental chaque année, a-t-il affirmé à La Presse.