Pour la première fois depuis la révolution de 1959, les Cubains vont pouvoir acheter et vendre des voitures, peu importe leur origine ou leur âge. Le gouvernement cubain a en effet officiellement autorisé mercredi l'achat et la vente de véhicules dans le cadre des réformes économiques lancées par le président Raul Castro, selon un décret publié au Journal officiel.

Il s'agit d'une des mesures phares des réformes qui visent à introduire une culture d'économie de marché dans un système hérité de l'Union soviétique des années 70.

Une série de règlementations a été publiée par le Journal officiel pour définir les conditions de "la transmission de la propriété de véhicules par achat, vente ou donation" entre les Cubains vivant dans l'île et les étrangers résidants permanents ou temporaires.

Le gouvernement autorise aussi l'achat de véhicules neufs dans des entités commerciales aux Cubains qui ont des revenus en devises ou en pesos convertibles (équivalents au dollar) dans le cadre d'un "travail assigné par l'Etat ou dans l'intérêt de celui-ci", via une autorisation du ministère des Transports. Selon le décret publié sur le site internet du Journal officiel, cette autorisation peut être délivrée "une fois tous les cinq ans". Les étrangers résidants permanents sont soumis au même régime, mais les résidants temporaires pourront acheter un maximum de deux véhicules au cours de leur séjour.

Jusqu'à ce jour, les Cubains ne pouvaient acheter ou vendre que des véhicules enregistrés dans l'île avant l'avènement de la Révolution en 1959, pour la plupart des grosses berlines américaines, connues à Cuba sous le nom d'"almendrones" ("grosses amandes" en français), qui font le bonheur des touristes.

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Des dizaines de milliers de professionnels qui ont pu acheter, dans le cadre de leur travail, des voitures soviétiques jusque dans les années 1990 pourront désormais les revendre à n'importe quel Cubain ou étranger, créant ainsi un marché inédit dans l'île communiste.

En dépit de l'interdiction, un marché parallèle s'était développé dans lequel le titre de propriété restait aux mains du vendeur, créant des situations compliquées et risquées pour les contrevenants.

"C'est une des meilleures décisions en faveur de la population. Les voitures, ce n'est pas un luxe, c'est un besoin", a affirmé à l'AFP Angel Garcia, un bijoutier de 40 ans venant de garer sa vieille Moskvich dans une ruelle de la vieille ville de La Havane.

Cette mesure devrait également développer un marché de véhicules neufs, jusqu'à présent importés au compte-gouttes par certains Cubains bénéficiant d'autorisations spéciales, en général attribuées en fonction de leur travail.

Les Cubains qui émigrent - environ 38 000 par an, qui vont s'ajouter aux quelque deux millions d'émigrés, dont la moitié installés aux États-Unis - pourront également vendre ou transmettre leur véhicule avant de quitter Cuba.

Lazaro Gonzalez, un musicien à la retraite, attendait cette mesure depuis longtemps pour acheter la Lada de sa soeur qui travaille au Chili: "C'est quelque chose de normal, qui n'aurait jamais dû être interdit, voilà encore une de ces interdictions absurdes que (le président cubain) Raul Castro élimine depuis qu'il est arrivé au pouvoir", assure-t-il à l'AFP.

L'achat-vente de véhicules est une des mesures les plus importantes des quelque 300 réformes adoptées en avril par un congrès historique du Parti communiste de Cuba (PCC).

Photo AFP

Des dizaines de milliers de professionnels qui ont pu acheter, dans le cadre de leur travail, des voitures soviétiques jusque dans les années 1990 pourront désormais les revendre à n'importe quel Cubain ou étranger.