Alpina B7: élégance et puissance

Sous l'embonpoint (plus de 2 tonnes), il y a du muscle. Beaucoup de muscle: 500 chevaux, épaulés par 516 livres-pied de couple! Elle sera championne du démarrage au feu vert, un exercice auquel elle sera cantonnée de ce côté-ci de l'Atlantique, faute d'autobahn.

En bleu, l'Alpina B7 en impose. Elle intimide, surtout. Malgré les accessoires que n'aurait pas dédaignés un adepte du tuning, comme ce déflecteur avant qui renifle le sol ou les jantes en alliage, la voiture dégage une certaine prestance, malgré ses mensurations de limousine! Les embouts chromés des échappements et les pneus asymétriques achèvent le portrait du monstre.

Sous son ample manteau, cette Série 7 peine à contenir ses roues tandis que toute la carrosserie est ceinturée d'un nouvel habillage, plus sportif. Derrière les apparences, Alpina a retouché l'ensemble du châssis en redéfinissant les lois de la suspension, des aides à la conduite et en le dotant de quatre gros disques sans doute assez puissants pour freiner un Airbus A380 sur un porte-avion...

Ce ne sont pas les seules distinctions apportées à cette Alpina B7. Celle-ci, avec l'aide de BMW bien sûr, déploie un attirail de séduction aussi longue qu'un train de marchandises. L'éclairage directionnel bixénon, la caméra infrarouge, le toit ouvrant, le volant chauffant et une chaîne de 600 watts, dont les 16 haut-parleurs, pour couvrir les grondements du moteur. Les quatre sorties d'échappement ne font pas mystère du tempérament.

Pour notre part, c'est cette partition-là que nous entendons jouer, bien calés dans un fauteuil dont le galbe sied mieux aux habits d'un président qu'à la combinaison d'un pilote de course.

L'habitacle est à l'avenant. Le cuir est omniprésent. Seuls les écrans épinglés au dos des sièges avant et les voiles ajourés des glaces arrière et de la lunette rappellent les riches origines de ce véhicule. On a beau savoir, se douter, s'y attendre, le bruit rauque et rageur des échappements à la première accélération surprend par son agressivité mal contenue. Une voiture d'homme, aurait dit Clint Eastwood dans Dirty Harry. Sans doute, mais avec d'élégantes manières. Son habitacle spacieux permet d'accueillir confortablement quatre passagers et leurs bagages en tout confort.

Les mains posées sur le volant sport multifonction avec, derrière les branches horizontales, les touches de commande de la boîte à six rapports, l'envie d'appuyer sur le bouton de démarrage surgit bien vite.

À l'entrée de l'autoroute, le râle devient plus sourd encore. Le trafic est plus fluide, il est temps de mettre un peu de plomb dans sa chaussure droite. Un pied un peu plus lourd sur l'accélérateur nous colle aux dossiers moelleux de cette Série 7 d'exception. Le temps de regarder le compteur, il faut déjà freiner pour ne pas enfreindre la loi. Le plaisir est de courte durée. Les 100 km/h sont atteints en moins de cinq secondes. La vitesse de la voiture a été limitée électroniquement à 270 km/h. Au-delà, il aurait sans doute fallu prévoir, comme un dragster, un parachute pour freiner sa course.

Sortie de l'autoroute, cette berline réussit à se faire silencieuse en traversant le village. Puis, les premiers lacets commencent. Les quatre roues ne pensent qu'à pousser un engin qui semble soudain disproportionné. Tapie au sol, l'Alpina B7 fonce dans le virage où le propulse son moteur surpuissant. Le correcteur de stabilité électronique veille. Si l'angle de dérive devait devenir inhabituel, il reprendrait la main afin d'aider le conducteur en difficulté. Mais il faut pousser très fort avant que les aides à la conduite se manifestent.

Il faut préciser aussi que cette Alpina B7 compte sur un rouage à quatre roues motrices pour éviter tout débordement de ses trains roulants. À l'accélération, la B7 se cabre à peine et ses pneus restent sur le bitume pour la propulser comme une flèche. Dans les courbes, le train avant n'erre pas et permet de l'inscrire avec une précision toute chirurgicale dans les virages. On peut réaliser de gentilles acrobaties avec filet, mais il est aussi possible de tout débrancher pour rendre la conduite plus exaltante encore. Plus difficile aussi puisque cette Alpina exige un gros coeur et une dextérité certaine pour l'amener à ses limites. D'ailleurs, vous risquez de croiser les vôtres bien avant. La vigueur insatiable des accélérations et des reprises suffira au bonheur de la grande majorité. Et en cas de gros soucis, le freinage plaque au sol la voiture à la première alerte et affronte un usage intensif sans s'émouvoir.

L'Alpina B7 ne cherche pas à cultiver le côté policé, bien élevé de la Série7. Elle préfère jouer une autre partition, celle de la dévergondée, de la dure. C'est pour cela qu'elle fait peur et fascine à la fois. Et c'est là tout son charme. Mais dans notre réalité toute québécoise (travaux routiers et répression policière), une question demeure: à quoi sert une Alpine B7? À rien. Pour la simple et bonne raison que cette routière de prestige est dans le monde futile et flamboyant de la voiture de rêve, de l'objet culte. L'onirisme des autobahn...

...

___________________________________________

ON AIME

> Exclusivité

> Rapide comme le TGV

> Équipement complet

ON AIME MOINS

> Encombrement et poids

> Consommation

> Ergonomie de plusieurs commandes



CE QU'IL FAUT RETENIR

> Prix: 152 000 $

> Transport et préparation: 1995 $

> Garantie de base: 4 ans / 80 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai: 14,2 L/100 km

> Pour en savoir plus: www.bmw.ca

TECHNIQUE

> Moteur: V8 DACT 4,4 litres - Turbo

> Puissance (moteur essence): 500 ch à 5500 tr/mn

> Couple (moteur essence): 516 lb-pi entre 3000 et 4750 tr/mn

> Poids: 2205 kg

> Rapport poids-puissance: 4,41 kg/ch

> Mode: intégral (4 roues motrices)

> Transmission (série): Semi-automatique 6 rapports

> Transmission (optionnelle): Aucune

> Direction / braquage: Crémaillère / nd

> Freins avant/arrière: Disque/disque

> Pneus: 245/35R21 - 285/30R21

> Capacité / type de carburant: 82 litres / Super