Avec le retour des beaux jours, voici la seule fois de l'année où on éprouve du plaisir à passer l'aspirateur: dans l'auto. Ce faisant, on découvre toujours des choses qui ont passé l'automne et l'hiver sous un siège, dans la malle arrière ou au fond de la boîte à gants. Ou carrément sur la banquette arrière, dans la zone enfants.

C'est aussi l'époque de l'année où les compagnies d'assurance, le CAA-Québec et le Conseil canadien de la sécurité (CCS) nous préviennent de ramasser nos cochonneries qui traînent dans l'auto. Apparemment, sortir ces objets oubliés de l'auto est plus important encore que passer l'aspirateur, surtout s'ils traînent derrière le conducteur et le passager avant. Durant une collision frontale, les passagers arrière sont retenus par les ceintures, mais les objets laissés sur la banquette arrière s'envolent comme des missiles et peuvent frapper les passagers avant avec violence. Lors d'une collision à 50 km/h, le lecteur DVD portatif des enfants laissé sur la banquette arrière vous frappera l'arrière de la tête aussi fort que s'il était tombé du deuxième étage, explique le CCS.

D'ailleurs, dans ses conseils de ménage printanier, la compagnie d'assurance britannique Churchill Car Insurance a publié une liste d'objets inhabituels qui ont été trouvés par ses évaluateurs en sinistres, dans des voitures accidentées:

> Un guichet automatique de banque (la voiture avait servi à un cambriolage)

> Une jambe artificielle

> Un anneau de mariage

> Un singe (jouet d'enfant)

> Un dossier diplomatique contenant des documents secrets

> L'épicerie et du magasinage pour une semaine (laissés dans l'auto plusieurs jours)

> 200 pots de confitures (la plupart, brisés)

> Un passeport (deux jours avant les vacances de l'assuré).

(Après discussion, ici, à La Presse Auto/MonVolant.ca, on pense que le projectile le plus dangereux de cette liste est l'anneau de mariage.)

La valise: toujours dans la valise, OK?

Mais le grand classique du coup fatal derrière la tête est la valise, jetée sur la banquette arrière plutôt que déposée dans la malle arrière. Puisque c'est la fin de semaine, voici un paragraphe de littérature automobile (trouvée sur internet), qui nous ramène au 11 février 1955, en France, sur la Route Nationale 4 à l'entrée de St-Dizier. C'est là que s'est tué le président de Renault, Pierre Lefaucheux, à bord d'une Renault Frégate, une voiture pourtant connue pour son moteur peu puissant.

Édouard Seidler présente cette mort de la façon suivante dans son livre Le roman de Renault :

Lefaucheux a promis de donner une conférence au foyer des étudiants catholiques de Strasbourg. Il a en poche son billet de chemin de fer, le temps est mauvais, on craint du verglas. Au dernier moment, il décide pourtant qu'il ira à Strasbourg en voiture. «j'arriverai plus vite» dit-il. Il était un pilote moyen lors de son arrivée à Billancourt. Il est devenu un conducteur rapide et passionné. Il aime conduire et conduit beaucoup, se pique de faire jeu égal avec les essayeurs; c'est pour lui un moyen de plus de faire corps avec son entreprise. Il jette sa valise sur le siège arrière de la Frégate et met les gaz. Le ciel est bas, gris. En vue de St Dizier, il est surpris par un panneau de déviation. Il pourrait continuer tout droit. Il tente néanmoins de négocier la courbe à gauche dans le sens de la déviation. Il freine mais hélas sur une plaque de verglas. La voiture fait un tête à queue, sort de la route en tonneau, et s'immobilise dans un champ en contrebas. L'habitacle est à peu près intact. Mais Pierre Lefaucheux a été tué net par la projection de sa valise, qui l'a frappé à la nuque.

Alors, rien sur la banquette, d'accord?



Sources: Conseil Canadien de la Sécurité; Churchill Car Insurance; Sécurité routière.org