On parie un brun là-dessus si l'essence atteint 3,88$ le gallon aux États-Unis.

La rumeur du lancement nord-américain d'une version diesel de la Cruze 2013 a déjà deux bonnes semaines et General Motors n'a rien fait pour l'infirmer, ce qui, évidemment, ne prouve rien du tout. Le magazine GM Inside News en avait parlé le 19 février, citant des sources anonymes à l'usine de Lordstown, en Ohio (où la Cruze à essence est assemblée) et au département d'ingénierie de Chevrolet.

Alors nous, on regarde arriver le Salon de l'auto de New York, qui commence le 20 avril, et on se dit que c'est un endroit très propice aux annonces de nouveaux produits par les grands constructeurs.

Voici donc un bouquet --totalement spéculatif-- d'informations éparses à mettre dans votre pipe et à fumer lentement. Toutes ces données sont en gallons et en dollars américains; GM va prendre ce genre de décision en en fonction du marché américain (10 fois plus gros que le Canada).

1- L'économiste en chef de l'Association des concessionnaires automobile américains (NADA) a déclaré lundi dernier que le comportement des acheteurs américains est déjà influencé par la forte hausse du prix de l'essence «et surtout la rapidité» de cette hausse. Le prix moyen américain de l'essence ordinaire était de 2,76$ par gallon le 1er novembre, 3,03$ le 3 janvier et 3,52$ lundi dernier, selon les relevés hebdomadaires publiés chaque lundi par le Département de l'Énergie américain.

C'est une augmentation de 28% en quatre mois et demi. «Chaque dizaine (de cents) d'augmentation fait changer les décisions d'achat de certains consommateurs, à tout le moins leur choix de moteur», a dit Paul Taylor au magazine Automobile News. En ce moment chez GM, on doit se poser la question suivante : à partir de quel prix l'Américain moyen va-t-il oublier son dédain historique du diesel dans l'auto?

2- Taylor pense que 4,50$ le gallon est le nouveau prix-charnière qui secouerait l'industrie automobile. À ce prix, les ventes chuteraient et il se produirait chez les consommateurs une migration majeure vers les voitures économiques, dit-il. C'est ce qui s'était produit en 2008 quand le prix américain de l'essence a atteint 3,50$ le gallon. On est de retour à 3,50$, les gens ont commencé à se plaindre, mais ce n'est plus le même choc qu'en 2008, les gens se sont habitués. «Généralement, ça prend un niveau de prix que les gens n'ont jamais vu», dit Taylor, qui est probablement très optimiste quand il place à 4,50$ ce nouveau prix-charnière. N'oubliez pas qu'il travaille pour une association de concessionnaires. Ce prix-charnière est peut-être bien plus bas.

3- General Motors a des modèles économiques récemment lancés ou sur le point de l'être, la Chevrolet Volt, la Buick Verano (la cousine de la Chevrolet Cruze) et la petite Chevrolet Sonic. Mais après, il n'y a pas grand-chose dans le pipeline des nouveaux produits avant un an (la recherche et développement ont été gelés durant 6 mois durant la restructuration de GM et les programmes ont pris du retard).

4- Par contre, le moteur de la Chevrolet Cruze diesel est déjà fabriqué et distribué en Europe. (La Cruze diesel de base 2.0 TDCi LS se vend l'équivalent de 21 184$ avant taxes, là-bas). GM n'a qu'à transposer la fabrication de ce moteur ici. Ça ne se fait pas en criant ciseaux, ça coûte des millions. Mais c'est bien mieux que n'avoir rien à offrir à une clientèle qui panique devant le prix de l'essence. Ça donnerait très rapidement à GM une voiture ayant une consommation mixte route-ville de 4,8 L/100 km sur la route et 7 L/100 km en ville.

On vous donne cette consommation en métrique, en vous rappellant que l'essence est 50% plus chère au Canada.

Supplément de prix pour le moteur diesel: 2230$

Dans le titre, on vous parlait d'une Cruze diesel canadienne à 19 500$. Comment en est-on arrivé à ce prix? On a simplement regardé en Europe, la différence de prix entre la Cruze à essence de base et la Cruze diesel de base: c'est 2230 dollars canadiens. On a additionné cette somme aux 16 940$ qui sont le prix de base de la Cruze canadienne, puis ajouté quelques centaines de dollars pour l'inflation et pour arrondir à 500 dollars près. On vous a dit au départ qu'on est dans la spéculation...

Tant qu'à spéculer, revenons au prix-charnière de 4,50 $ le gallon, ce prix qui ferait disjoncter le consommateur américain, selon l'économiste des concessionnaires. C'est peut-être plus bas. C'est peut-être quand l'automobiliste américain moyen fera le plein et que ça lui coûtera 70$. Ou 75$. Soixante-quinze piastres: ça, c'est un chiffre qui frappe.

Aux États-Unis, l'automobiliste américain achète 18 gallons d'essence (68,1 litres) en moyenne, à chaque fois qu'il fait le plein. Aujourd'hui, à 3,52$ le gallon, ça lui coûte 63,36$. À 3,88$ le gallon, ce sera 70$. À 4,16 $ le gallon, ce sera 75$.

Comme dernier sujet de méditation, rappelons que le prix national moyen de l'essence ordinaire avait touché un sommet historique de 4,05$ par gallon le 14 juillet 2008 aux États-Unis, selon les données historiques du gouvernement fédéral américain. Mais à New York, où c'est toujours plus cher, le gallon avait même atteint 4,25$ à la même époque.

Qui sait à quel prix se vendra l'essence quand la délégation de GM arrivera au Salon de l'auto de New York, dans un mois?

Sources : GM Inside News; Département de l'Énergie des Etats-Unis; Automotive News.

Photo Reuters

L'essence ordinaire se vendait mardi à plus de 4$ le gallon à Los Angeles. Le prix de la Côte Ouest est toujours plus élevé que la moyenne nationale américaine.