Les avocats et les juges sont les pires conducteurs

Les avocats sont l'objet de toutes sortes de blagues et de préjugés, dont tous ne sont pas mérités. Voilà une nouvelle n'aidera pas la perception du public envers les disciples de Thémis. Selon une étude faite par la compagnie américaine Insurance.com, les avocats et les juges sont les pires conducteurs sur les routes des États-Unis.

Insurance.com est une compagnie qui offre ses services en ligne, à des clients qui cherchent la meilleure prime d'assurance. Selon elle, les automobilistes qui exercent certains métiers ont beaucoup plus de chances d'avoir des accidents de la route que d'autres.

 

La compagnie présente son top 10 des pires chauffeurs avec humour, avec un clin d'oeil à chaque profession qui y figure: «Si vous êtes capables de juger une cause judiciaire mais incapable de juger la distance entre vous l'auto en avant, vous êtes peut-être un conducteur dangereux», blague le communiqué qui cite le vice-président Sam Belden.

 

Pour dresser sa liste des cancres du volant, Insurance.com se base sur ses propres données, recueillies directement des clients, quand ces derniers remplissent un formulaire en ligne (avec un historique de conducteur) qui doit permettre de soumettre leur cas aux assureurs. Elle a simplement regroupé ses clients par métiers et calculé quelle proportion des demandeurs admettent avoir fait des réclamations dans le passé.

 

Par exemple, 44% des avocats et juges qui ont demandé un prix à Insurance.com ont admis avoir fait au moins une réclamation d'assurance dans le passé. Les catégories qui suivent sont exactement celles que les clients d'Insuarance.com cochent dans le formulaire en ligne. C'est ce qui explique la cinquième catégorie, qui est très générale.

 

Les 10 pires conducteurs, classés par métier

 

1. Avocat ou juge

2. Financier

3. Fonctionnaire

4. Barman ou serveur

5. Autre (professionnel)

6. Toiletteur de chiens

7. Marketing/publicité

8. Barbier ou coiffeur

9. Entraîneur sportif

10. Infirmière

 

Les deux occupations les moins à risque sont les athlètes (seulement 17% d'entre eux admettent avoir déjà fait une réclamation d'assurance), suivis des mères de famille à la maison (24%).

 

«Les professions qui exigent des aptitudes multitâches ont plus de distractions et, conséquemment, plus d'accidents», a expliqué Sam Belden, vice-président d'Insurance.com. Les distractions en question sont évidemment le téléphone cellulaire, les messages-textes et les courriels, le tout au pas de course, parce qu'il faut gérer un horaire chargé.

 

C'est une théorie charitable et sensée pour ce qui est des avocats, des juges, des financiers et des gens de publicité-marketing. Mais cela n'explique en rien pourquoi les toiletteurs de chiens et les coiffeurs sont si élevés dans l'échelle des mauvais conducteurs. Et quiconque a déjà essayé de suivre un coach et une infirmière durant une journée sait que ces gens-là n'ont pas exactement un horaire relax.

 

Pour ce qui est des barmen, eux non plus conduisent rarement durant les heures de pointe. Mais ils rentrent toujours chez eux à l'heure où les gens sortent des bars.

 

Autre parodoxe intéressant: les athlètes ont peu eu d'accidents, mais leurs entraîneurs en ont eu beaucoup.

 

Pour ce qui est des athlètes et des mères de famille, qui sont les deux occupations ayant le moins de réclamations d'accidents, M. Belden note qu'ils «ont tendance à moins être sur la route durant les heures de pointe», explique le communiqué d'Insurance.com. Manifestement, Mme Belden ne va pas reconduire les enfants à l'école tous les matins dans le trafic ni les chercher à la fin de l'après-midi...

 

Cette classification a le mérite de permettre un regard nouveau sur la situation, en biffant deux catégories d'assurés qui ont beaucoup d'accidents, les étudiants et les personnes âgées (et qui ne sont pas des métiers; les catégories «étudiant» et «à la retraite» ont été biffées.

 

Les professionnels de la route (livreurs, chauffeurs de taxi, d'autobus et de camion, policiers), ne sont pas dans le top10 des pires. Mais Insurance.com ne dit pas si ces gens qui passent toute la journée sur la route sont simplement de meilleurs conducteurs ou s'ils ont été biffés de la liste pour dégager des professions moins évidemment à risque.

 

Un conseil: magasinez

 

Par cette classification, Insurance.com dit vouloir prévenir les gens appartenant aux 10 pires professions qu'ils risquent de se faire facturer des primes plus élevées que la moyenne par les assureurs.

 

Le message de la compagnie est le suivant: si Insurance.com sait que certaines professions sont plus à risque, les assureurs le savent aussi et il est probable que certains assureurs considèrent que les membres de certaines professions sont des risques d'assurances plus élevés.

 

Évidemment, Insurance.com prêche pour sa paroisse en leur donnant ce conseil: magasinez.

 

Le formulaire en ligne d'Insurance.com n'accepte pas les codes postaux canadiens, seulement les zip codes américains, et la compagnie ne semble pas avoir d'activités au Canada.

 

La Presse Auto/MonVolant.ca a demandé à une compagnie canadienne, Kanetix, si elle tient ce genre de statistiques pour le Canada. Lesley Green, la directrice des communications de l'entreprise torontoise, a indiqué que les catégories d'emploi établies sur le formulaire sont plus générales et ne permettraient pas immédiatement de faire un tel classement.

 

Mais Insurance.com a quelques observations qui sont bonnes même pour les assurés canadiens. D'abord, il faut garder en tête qu'un accident peut faire augmenter votre prime d'assurance et que cette hausse potentielle est fonction de la sévérité de l'accident, du montant de la réclamation et, évidemment, si vous êtes responsables ou pas.

 

Ensuite, la compagnie fait remarquer que les accidents cessent d'être un facteur après un certain nombre d'années. Alors si un accident vient de disparaître de votre dossier, c'est le moment de magasiner de l'assurance, dit Insurance.com.

 

Au Québec, le «fichier central» où sont compilées toutes les réclamations d'assurance automobile conserve durant six ans les réclamations, selon le Centre d'information sur les assurances (514 288-4321). Mais toutes les compagnies d'assurance n'ont pas la même politique à ce sujet: certaines pardonnent les accidents plus vite que d'autres, toujours selon le Centre d'information sur les assurances.

 

Une autre chose à magasiner.